Elle est considérée comme « la mère de le Danse Africaine Contemporaine». Elle partage le plateau de Multiple-s avec Salia Sanou dans un duo d’une grande tendresse entre la professeure et son élève qui a été programmé aux Francophonies en Limousin. Celle qui a créé Mudra Afrique avec Maurice Béjart et le Président L.S. Senghor à Dakar, puis à Toulouse le Studio-Ecole-Ballet-Théâtre du 3ème Monde, et l’Ecole des Sables n’a rien perdu de son franc-parler quand il s’agit d’évoquer les questions d’actualité.
Comment vous sentez-vous sur scène avec votre ancien élève Salia Sanou ?
C’est émouvant. Je suis heureuse. Je l’ai guidé, il a beaucoup évolué et je suis content d’être sur scène avec un chorégraphe africain. Il montre un côté de ma personnalité que le public ne connait pas. On pense que je suis dure, ce qui n’est pas faux. Salia montre de la tendresse et de l’amitié, c’est venu naturellement pendant les improvisations. C’est un dialogue entre deux générations.
Ce spectacle parle de vous car vous êtes multiple, un pied en Afrique, l’autre en Europe.
Comme le dit Maalouf, les identités peuvent être meurtrières si on ne les apprivoisent pas. Toute personne, quelque soit sa couleur est multiple par son éducation, son lieu de naissance, sa religion, et ses rencontres. Ce spectacle nous renvoie à nos identités, et si cela pouvait changer un peu le monde.
La culture peut-elle vraiment changer la vision des politiques ?
S’ils venaient plus au théâtre, ce serait différent. Avec mon fils, Patrick, je les ai mis en scène dans un spectacle. On a reconstitué un faux G8, je les faisait danser. Mais ils dansent actuellement sur nos têtes.
L’Europe a peur de l’Afrique avec la question des migrants. Comment analyser-vous la situation ?
Il ne faut pas avoir peur. Il faut s’ouvrir sur l’Afrique et sur le monde. Le monde a toujours immigré, les européens les premiers. Et ces migrants ne prennent que quelques miettes de l’argent des multinationales. On a besoin les uns des autres. C’est ce qui apporte la richesse.
Françoise Nyssen veut renforcer la Francophonie. C’est une bonne nouvelle ?
Absolument. Senghor est le père de la francophonie avec Césaire. Je suis la fille noir de Maurice Béjart, c’est encourageant de voir tout cela. J’espère que nos gouvernants africains comprennent l’importance de la culture. Elle génère de l’économie. A notre échelle, nous avons créé l’Ecole des Sables dans un petit village, et nous employons une quinzaine de femmes qui sont des cheffes de familles. Nous attirons du monde, à tel point qu’il y a un projet horrible d’une aire de stockage de porte-conteneurs sur la lagune face à nous. On ne va pas se laisser faire car il faut s’occuper de notre jeunesse qui a soif d’éducation et de culture. Car on est bien dans nos pays, en Afrique.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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