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Galin Stoev revient aux Illusions d’Ivan Viripaev

A voir, Dijon, Les critiques, Théâtre, Toulouse

© Marie Liebig

Le directeur du ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie revient aux Illusions d’Ivan Viripaev. Une cruelle, mais non moins tendre fable autour de l’amour, portée par les jeunes comédiens et comédiennes de l’AtelierCité.

Ça commence comme une ode. Une ode à l’amour. “Merci à toi, à ton amour, qui m’a appris que la vie, c’est une attention de chaque instant pour une personne proche” articule Dennis, qui, aux portes de la mort destine son dernier souffle à Sandra, avec qui il a vécu cinquante-deux ans. C’est l’histoire d’un couple marié, nous dit-on et de leurs deux amis, Albert et Margaret. Des gens formidables, une vie bien remplie et surtout animée par un véritable amour. Mais ça se saurait si l’amour était simple. Et ça se saurait si Ivan Viripaev n’avait pas pour habitude de se délecter de jouer avec nos perceptions et de triturer les trajectoires de ses personnages.

Après s’être penché sur la mise en scène de plusieurs classiques, notamment pour la Comédie-Française, Galin Stoev retrouve son auteur fétiche pour leur sixième collaboration. Parmi les dramaturges vivants les plus mis en scène dans le monde, Ivan Viripaev, d’origine russe, nous entraîne ici dans une large pérégrination autour de l’amour. L’amour comme labeur, comme promesse, l’amour réciproque, l’amour à sens unique, l’amour interdit, l’amour honnête, l’amour comme un don, l’amour comme incompréhension, l’amour comme volte-face…

Sur scène, sept jeunes interprètes accompagnés par le cursus de l’AtelierCité (incubateur pour artistes à la sortie de leur formation) prennent en charge tour à tour, à la troisième personne et en adresse directe, les réminiscences de ces quatre personnages octogénaires aux derniers instants de leurs vies et retracent en pointillé leurs destins qui s’achèvent sous nos yeux. Ce sont deux couples sans histoires, que l’on pourrait dire heureux. Pas de larmes ici, pas de cris, pas de vengeance ni d’insultes. Pourtant, l’affrontement est total. Au fur et à mesure que les souvenirs ressurgissent, que des scènes de la vie quotidienne émergent, des vérités jamais avouées se révèlent et des certitudes volent en éclats.

Mais comment peut-on encore parler de l’amour, aussi frontalement, sans être ni ringard, ni mielleux ? À travers une langue d’abord. Celle d’Ivan Viripaev est facétieuse, jamais tranquille. Elle se joue sans cesse de notre écoute, balaie la confiance que l’on place en la narration, nous trompe sans vergogne : nous qui croyions un instant en l’amour que Dennis exprime envers Sandra, celle-ci se révèle consumée de désir pour Albert. Lui qui se dit amoureux de sa femme Margaret s’entend dire qu’elle entretenait une liaison avec Dennis. Ou bien était-ce seulement un fantasme ? Allez savoir.

En plaçant les mots de quatre amants mourants dans la bouche de jeunes comédiens et comédiennes plein de talents ensuite. À travers la fraîcheur de leur âge, la nostalgie prend des airs de tendresse, les regrets ne sont jamais rancœur et le couple, dans tout ce qu’il a de plus normé – exclusif, hétérosexuel, marié et digne représentant d’un foyer aimant – devient l’écran où peut se déployer la parabole d’une quête qui peut être celle la vérité. Car qu’est ce qui, mieux que l’amour, nous pousse à poursuivre la quête inlassable des morceaux épars de la vérité, de quelques instantanés d’existence, d’une place dans le monde où vivre ou bien d’un tout petit peu de constance dans ce “cosmos changeant” ? L’épure de leurs traits est mise en valeur par un plateau à nu, sans projecteur aux rampes, seuls sont présents des lampadaires fixés sur roulette, qui viennent tour à tour éclairer les interprètes.

A travers une ironie acérée enfin, qui frôle l’absurdité. Comment lorsque les volte-face s’enchaînent : après avoir douté de son amour pour Margaret lorsque Sandra lui déclare sa flamme, Albert se rend compte de sa méprise. Mais trop tard. De vagues théories métaphysiques se glissent dans les situations du quotidien de la vie de couple, comme lorsque Dennis, lors d’une randonnée en vacances trouve enfin un étrange rocher qui donnera “sens à sa vie”.

Avec une force tranquille, une tension calme, le duo Ivan Viripaev et Galin Stoev nous guide et nous trompe dans le même temps à travers une quête de vérité qui, comme l’amour, n’existe ici que par fragments, épars, rares et volatils, comme autant d’éclats présents dans la création des deux compagnons qui viennent, par touches subtiles, déplacer notre regard d’un degré dans une direction que nous n’aurions pas osé prendre.

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Illusions
Texte
Ivan Viripaev
Traduction française
Tania Moguilevskaia et Gilles Morel
Mise en scène
Galin Stoev

Avec
Marine Déchelette,
Mathieu Fernandez,
Élise Friha,
Marine Guez,
Alice Jalleau,
Thomas Ribière,
Julien Salignon
Collaboration artistique et assistanat à la mise en scène
Virginie Ferrere
Lumières
Michel Le Borgne
Son
Joan Cambon
Costumes
Nathalie Trouvé
Travail corps et voix
Anna Khlestkina
Réalisation du décor dans les
Ateliers de construction du ThéâtredelaCité
sous la direction de
Michaël Labat
Réalisation des costumes dans les
Ateliers du ThéâtredelaCité
sous la direction de
Nathalie Trouvé
Production
ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie

Avec la participation de l’AtelierCité

Les traductions des textes d’Ivan Viripaev sont publiées aux Editions Les Solitaires Intempestifs – Besançon.
Titulaire des droits henschel SCHAUSPIEL Theaterverlag Berlin GmbH – Agent de l’auteur pour l’espace francophone Gilles Morel

Spectacle produit par le
ThéâtredelaCité
Spectacle adapté en LSF les 6 et 7 mai

Durée 1h30

Du 23 avril au 7 mai 2024
ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie

18 mai — 20 mai 2024
Théâtre Mansart, Festival Théâtre en mai, Dijon
La représentation du 18 mai à 19h est proposée en langue des signes française.

23 juillet 2024
Festival de Figeac

25 avril 2024/par Fanny Imbert
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