Avec G.R.O.O.V.E, Bintou Dembélé et ses acolytes danseur·euse·s hip-hop nous entraînent dans une déambulation pluridisciplinaires où se mêlent danse, chant et musique. En revendiquant le marronnage, comme pensée et danse, elle déploie une pièce fédératrice, de célébration et de partage. Un spectacle créé au festival de Marseille puis joué au festival d’Avignon.
Elle revendique une danse marronne. Depuis plusieurs années, Bintou Dembélé a investi le marronnage, c’est-à-dire la constitution de communautés libres par les esclavagisé.e.s, pour penser des formes artistes qui mêlent danse, voix et musique. Cette pionnière du hip-hop revendique cet héritage colonial pour inventer des espaces de liberté. G.R.O.O.V.E. est la concrétisation de cette recherche. En deux heures trente, la chorégraphe convie son public à un rituel protéiforme, déployé dans les espaces de la Friche Belle de Mai. Une pièce déambulatoire qui prend l’espace, en mêlant résistance et partage.
Trois courts métrage ouvrent cette soirée : Ceci n’est pas une performance d’’Ana Pi, chorégraphe brésilienne qui vulgarise l’émergence des danses urbaines dans le monde, Teru Kuthu de Féroz Sahoulamide, qui nous fait découvrir le Dappan Kuthu, danse urbaine du sud de l’Inde et s/t/r/a/t/e/s (2020) de Bintou Dembélé, qui fait sonner la mémoire des Lorrains à travers la danse. Dès cette introduction, une galaxie d’artistes se dessine autour de Bintou Dembélé, très vite rejoint par d’autres : treize danseurs et danseuse que l’on retrouve à l’autre bout de la friche, assis dans un van et une voiture. Bintou Dembélé, MC (maîtresse de cérémonie) de choix, les présente un à un, faisant honneur à la tradition hip-hop : « Est-ce que vous les trouvez beau ? On se la pète, on se la raconte ! » assène-t-elle. Guidé par les paroles fédératrices de la chorégraphe, le public se scinde en deux groupes pour découvrir les différents tableaux de ce parcours.
Sa pensée marronne se distille petit à petit dans le spectacle, qui engagent de différentes manières les corps des spectateur·rice·s dans l’espace. Ils sont regroupés en cercle pour écouter la musique de Charles Amblard et le chant de Célia Kameni, avant de la suivre dans une marche aux airs de procession solennelle, sont les témoins d’une scène de pendaison, puis devient la cour d’un bal baroque. Difficile de ne pas penser au meutre de Nahel, 17 ans, tué d’une balle par un policier à Nanterre ce 27 juin, et aux émeutes qui agitent Marseille au moment de la représentation. En guise de réponse, Bintou Dembélé propose la célébration et le partage. En témoigne la reprise pour le dernier tableau des Indes Galantes (2019), version pour des danseur·euse·s urbaines – où éclatent les arms swings (mouvements de bras) du krump et la prestance du voguing – de l’Opéra de Rameau co-signée avec Clément Cogitore.
Dans cet uppercut chorégraphique final, chacun·e y déplie sa danse, puissante, tonitruante, bien scandée sur la musique baroque. Le public finit par prendre part à ce rituel tonitruant, reformant le cercle, un cypher qui permet à tous et toutes de s’exprimer, de faire communauté, de résister ensemble. Avec ce spectacle protéiforme, Bintou Dembélé réaffirme sa place de premier plan dans le paysage chorégraphique, à la fois cheffe de file hip-hop et artiste toujours aussi à part.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
G.R.O.O.V.E
Bintou Dembélé conception
Assistée d’Anthony Cazaux
Sylvain Verdet conception originale scénographie et lumières
Benjamin Nesme conception lumières
Musique de Jean-Philippe Rameau (1683-1764), Les Indes galantes (extraits)Avec
Célia Kameni chant
Charles Amblard, DJ Morfe musique
Wilfried Ble, Nadia Cyrielle, Marion Gallet, Cintia Golitin, Adrien Goulinet, Gabrieli Kalati, Mohammed Medelsi, Alexandre Moreau, Salomon Mpondo-Dicka, Marie Ndutiye, Michel Onomo, Feroz Sahoulamide danseProduction Rualité
Production La structure Rualité, Festival de Marseille
Coproduction Opéra de Lille, Ateliers Médicis (Clichy-sous-Bois et Montfermeil), ExtraPôle Provence-Alpes-Côte d’Azur, Ville de Lille, Maison Folie Moulins (Lille), Ville de Champigny
Avec le soutien de la Spedidam pour la 77e édition du Festival d’Avignon
Représentations en partenariat avec France Médias Monde
* Plateforme de production soutenue par la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur rassemblant le Festival d’Avignon, le Festival de Marseille, le Théâtre national de Nice, le Théâtre national de Marseille La Criée, Les Théâtres, Anthéa, Châteauvallon-Liberté Scène nationale (Ollioules) et la Friche la Belle de Mai (Marseille)
Avec l’aimable autorisation de France Musique pour l’utilisation des extraits de l’enregistrement Les Indes galantes réalisé en octobre 2019 à l’Opéra national de ParisCréation à l’Opéra de Lille
3 et 4 mars 2023Festival de Marseille
Friche Belle de mai
du 27 au 29 mai 2023Festival d’Avignon 2023
Départ à l’Opéra
du 6 au 10 juillet sauf le 7
Bintou Dembélé se perd complètement et perd ses danseurs avec elle! Le message et le contenu encore plus, sont vides. Narcissique, sans émotion et TRÈS long pour rien. J’ai presque vécu tout ça comme un manque de respect envers ses danseurs … leur proposer autant de rien… eux qui la suivent les yeux fermés! Ils auraient tellement plus à donner s’ils pouvaient exprimer leur potentiel, ce qui les anime profondément. Une petite étincelle au milieu avec une chanteuse sublime et sculpturale et un guitariste résonnant. On aurait pu s’éviter 2h30 de déception ( j’ai traversé la France pour venir le voir! ) pour en arriver directement à la fin ou tout le monde se réunit sur scène et DANSE , seul moment finalement de réel partage artistique.
…. Il se fait tellement de magnifiques créations ( et plus petites, et moins institutionnelles, et qui ont du sens, et qui ont de l’âme, et qui interrogent le monde, et qui participent à de vrais recherches artistiques )
Les codes sont complètements obsolètes… la forme ressemble à une époque de l’art fort heureusement révolue depuis une quinzaine d’année! Quel ennui et quel gâchis
Le monde est tellement plus grand!