Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Variété : Sarah Le Picard ressuscite Discorama

A voir, Les critiques, Paris, Théâtre

Photo : Marikel Lahana

Créé à la Péniche La Pop, cet incubateur artistique, lieu de résidences, de recherches et d’expérimentations en novembre 2019, cette pièce, à mi-chemin entre le spectacle musical et le théâtre, autour de l’émission musicale culte, Discorama, arrive au Rond-Point. Un moment de poésie remarquablement incarné.

L’entretien journalistique se prête merveilleusement à la mise en scène. Les similitudes se bousculent entre les deux exercices : l’interview, comme le théâtre, est une affaire de jeu et d’improvisation, de faux-semblants et de vérité, d’urgence et de trac, de prise de risques et de rapport aux spectateurs (ou aux lecteurs, aux téléspectateurs et aux auditeurs). Avec Une Télévision française, Thomas Quillardet en faisait l’illustration, dépeignant la privatisation de TF1 au fil d’une fresque rigoureusement documentée. Dans Variété, Sarah Le Picard renouvelle la démonstration, proposant une pièce plus intimiste avec un dispositif minimaliste et une distribution réduite à l’os (trois acteurs). La réussite est encore au rendez-vous.

La metteure en scène s’inspire d’une émission musicale consacrée à la variété et diffusée sur l’ORTF entre 1959 et 1975, Discorama. Tous les grands noms de la chanson française de l’époque se sont bousculés sur le plateau de la présentatrice Denise Glaser : Maxime Le Forestier, Barbara, Jacques Brel, Serge Gainsbourg… Discorama battu des records de longévité et de popularité, grâce, entre autres, au talent de son intervieweuse et à la faveur de son dispositif. À partir de 1963, Denise Glaser recevait ses invités en tête à tête et n’hésitait pas à jouer des silences après les réponses (à l’instar d’une psychanalyste) pour provoquer ce que l’on a désormais coutume d’appeler « des moments de télévision ». Et il y en eut.

Mais l’ambition documentaire de la pièce s’arrête-là. Pour mettre en valeur la présentatrice (qu’elle incarne au plateau) et montrer l’évolution des mœurs et des tendances musicales, Sarah Le Picard a choisi d’inventer deux personnages. L’un est pianiste et arrangeur, c’est le truculent Claude Léveiller (Florent Hubert), catholique pratiquant et compositeur de symphonies à ses heures perdues. L’autre est une chanteuse d’origine polonaise, découverte avec un titre aux accents yéyé à l’Eurovision, et transformée en une interprète aussi tourmentée que populaire (quelque part entre Barbara et Marie Lafôret) à l’orée des seventies, c’est la tonitruante Veronika May (Anne-Lise Heimburger). Au fil des émissions, Denise et Veronika deviendront complices, le succès aidant, puis, fatalement, se déphaseront avec leur époque.

De prime abord, on ne comprend pas bien où Sarah Le Picard veut en venir. En dépit de sa représentation rigoureuse, on ne saisit pas de discours sociologique très précis sur l’époque, la tension dramatique entre les trois personnages n’aboutit à rien de particulier. Et pourtant, le plaisir de spectateur s’impose et la pièce finit par devenir attachante. La réussite tient avant tout à la qualité de l’interprétation. Découverte au cinéma chez Elie Wajeman et Mia Hansen-Love, puis au théâtre sous la direction de Jeanne Candel et Alice Zeniter, Sarah Le Picard est une comédienne qui parvient à combiner la drôlerie et l’élégance, ce qui est loin d’être évident. Anne-Lise Heimburger, avec qui elle avait cosigné Le Voyage au théâtre de Vanves, impose sa folie réjouissante (lors des moments chantés en particulier) tout en inquiétant par sa détresse (à la fin du spectacle). Les deux actrices prennent un plaisir contagieux à incarner leurs rôles taillés sur mesure, jouant merveilleusement de la belle diction désuète de l’époque. Et Florent Hubert est particulièrement touchant dans la peau du compositeur solitaire aux éclairs de génie. Cette création à la poésie délicate est une jolie rêverie sur le journalisme musical d’antan. Nous en sortons un brin nostalgique.

Igor Hansen-Love – www.sceneweb.fr

Variété

Une création (inspirée par l’émission de télévision Discorama) de Sarah Le Picard

Avec Anne-Lise Heimburger, Florent Hubert et Sarah Le Picard Direction musicale Florent Hubert

Cheffe de chant Jeanne-Sarah Deledicq

Espace et scénographie Chantal de La Coste, Kelig Le Bars Costumes Pauline Kieffer

Lumières Kelig Le Bars

Régie générale Édith Biscaro

Collaborateur technique Adrien Bonnin

Stagiaire assistant à la mise en scène Samuel Dijoux

Durée : 1 h 15

Production La Pop, avec le soutien de La Vie Brève – Théâtre de l’Aquarium (résidence et accompagnement), de la MC93 et du Théâtre National de Strasbourg (prêt de costumes)

Théâtre du Rond-Point, Paris

du 9 au 27 mars 2022

12 mars 2022/par Igor Hansen-Løve
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Le palmarès de l’année 2019
SImon GosselinLa Femme au marteau ou le coup de massue
Jeanne Candel crée Fusées au Théâtre de l'Aquarium Avec « Fusées », Jeanne Candel nous met en orbite
Madame Klein, psychanalyste sans cœur
Les Incrédules de Samuel Achache
L’Aquarium rouvre et déborde de musique et d’envie
Concerto contre piano et orchestre de Samuel Achache, Florent Hubert, Eve Risser et Antonin-Tri Hoang
Samuel Achache crée Sans Tambour « Sans tambour », en puissance
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut