
Photo James Weston
Au Petit Saint-Martin, la comédienne s’adonne à un seul en scène, co-orchestré avec Julie-Anne Roth, où la qualité du texte est inversement proportionnelle au niveau de jeu.
Le rose bonbon lui va, il est vrai, comme un gant. Sur la scène du Théâtre du Petit Saint-Martin, Florence Muller ne recule devant aucune audace pour donner vie à Geneviève, cette bourgeoise rendue hystérique par le mariage de son fils qu’elle confie, à contre-coeur, à sa future bru pour qui elle a bien peu d’estime. Emportée par son élan, qui cache bien des fêlures, elle rejoue tous les passages obligés de la noce, de la photo des convives à la fin de soirée un peu trop arrosée, de la marche nuptiale vers l’autel à la commande de ces arbustes ornementaux qui ne viendront jamais. D’énergie, la comédienne ne manque pas, d’entrain et d’autodérision non plus, mais il en va tout autrement du texte, signé de sa main et confondant de faiblesse.
Comme un disque humoristique rayé, de ceux que l’on aurait bien trop entendus jusqu’à s’en lasser, la performance repose sur une collection de jeux de mots au mieux bas de gamme, au pire de mauvais goût. Jamais enlevées, sans esprit, les blagues tirent des grosses ficelles, de celles qui suscitent les rires faciles des spectateurs, parfois outrés, souvent moqueurs. Ce qui se voudrait cruel vire au ridicule, ce qui se prétend existentiel au caricatural. Que dire de ce fils adolescent, forcément mal dans sa peau et habillé en jupe, victime d’une diarrhée aiguë au moment de prendre la photo de famille ? De Jean-Pierre, le convive un peu lourd, qui cache un coussin péteur sous un fauteuil d’église ? De ce fils trisomique, avec un seul oeil et un attrait certain pour les plantes vertes ? Rien, si ce n’est que leur utilisation est consternante, voire un brin déplacée.
Sans doute consciente que le registre employé tend plutôt vers le gros humour qui tâche que vers le style desprogien, Florence Muller y intercale des moments plus graves, ceux, nostalgico-psychologiques, d’une mère de famille en proie au malaise qui, en se retournant sur elle-même, se rend compte qu’elle a raté sa vie. Déjà peu original dans son principe, le procédé, un rien poussif, s’enlise dans des banalités larmoyantes. Il y a cette mère morte, dont les cendres sont trimballées dans une urne funéraire, par qui Geneviève aimerait se faire bercer une dernière fois ; cet amour de jeunesse, qu’elle retrouve par hasard, juste avant qu’il ne se fasse écraser ; cette discussion insensée avec Barbie et Ken, au volant d’un bolide télécommandé… L’énergie et le talent de Florence Muller valent bien mieux, disons-le franchement, que ce triste bingo de poncifs éculés.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
Emportée par mon élan
Ecrit, mis en scène et joué par Florence Muller
Mise en scène Julie-Anne Roth
Collaboration artistique Christian Hecq de la Comédie-Française
Scénographie et lumières Camille Duchemin
Son Rémi Parguel
Chorégraphie Caroline RoëlandsDurée : 1h10
Théâtre du Petit Saint-Martin, Paris
du 18 avril au 26 mai 2019
Pas d’accord, c’était vraiment tres bien et tres drole et fin en plus !!