Le chorégraphe américain revient avec Flood créé l’été dernier au festival Montpellier Danse. Une pièce en questions.
Daniel Linehan découvert en 2007 avec un solo bluffant Not About Everything aura montré en une décennie fertile l’étendu de son talent : dans la foulée de ce coup de maître -qu’ll danse encore aujourd’hui- Linehan va créer Zombie Aporia en hommage aux concerts rock puis osera une ode aux ready-made dans Montage for Three où il explore la reproduction d’attitudes. Autant dire que Daniel Linehan est continuellement dans la recherche se frottant au Sacre du printemps ou imaginant un livre-objet. « Je sais vraiment ce que j’ai à faire, ce que je veux faire. Je n’ai pas imposé un style, une méthode. Je continue avant tout à me lancer des défis » nous déclara-t-il un jour.
Gaze is a Gap is a Ghost avec un dispositif vidéo immersif reste à ce jour une de ses grandes réussites. Flood est une chorégraphie presque modeste en regard : quatre danseurs, un décor unique, une bande-son éparse. Le titre même fait référence non aux inondations mais plutôt à cette marée d’informations et de sens à l’ère du virtuel. Comment ralentir la cadence et sauvegarder une mémoire qu’elle soit du geste ou du vécu. Sur le plateau ces trois garçons et une fille dans le vent s’amusent donc à jouer avec le souffle. Gonfler son corps puis le laisser s’affaisser sur place comme une baudruche. Ou aspirer l’autre. Dans une scène réjouissante, c’est une partie de « claques » sonores qui fait son petit effet. Surtout Daniel Linehan ose la répétition en séquence, une gestuelle reprise, décalée plus que décalquée. L’effet est splendide.
D’où vient alors un sentiment diffus de passer à côté du vrai sujet ? Si le chorégraphe voit juste sur le mouvement sans cesse renouvelé d’une masse d’informations, le traitement qu’il lui applique en live est pour le moins déphasé. Les circulations ont ici les contours d’une danse des années 90 avec ces entrées et sorties incessantes, ces appuis comme renversés. Ce n’est jamais désagréable à défaut d’être novateur. A chacun de se faire une place dans ce Flood tranquille. Daniel Linehan continue lui son travail de laborantin du geste. L’expérimentation chorégraphique est à ce prix.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Flood
Concept, chorégraphie : Daniel Linehan
Danse, création : Michael Helland, Vicor Pérez Armero, Anneleen Keppens, Erik Eriksson
Dramaturgie : Vincent Rafis
Scénographie : 88888
Costumes : Frédérick Denis assisté de Charlotte Matterne
Son : Peter Lenaerts
Lumière : Elke VerachtertProduction : Hiatus (Bruxelles)
Production exécutive : Caravan Production (Bruxelles)
Coproduction : deSingel Campus des Arts International (Anvers), Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape (FR)
Résidences : STUK (Louvain), Kaaitheater (Bruxelles), deSingel Campus des Arts International (Anvers), Charleroi Danses, La Raffinerie (Bruxelles), Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape.
Avec le soutien du gouvernement flamand.jusqu’au 20 janvier 2018, Les Spectacles Vivants, Centre Pompidou avec le Théâtre de la Ville, Paris
www. centrepompidou.fr
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