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Flesh, la chair triste

Bruxelles, Festival d'Avignon, Les critiques, Liège, Moyen, Théâtre
Flesh de Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola au Festival d'Avignon 2022
Flesh de Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola au Festival d'Avignon 2022

Photo Christophe Raynaud de Lage

Avec Flesh, la compagnie belge Still Life livre un spectacle traversé de questions nées de la pandémie et de son obligation d’absence de contacts. Objet formel intéressant, la création peine, en revanche, à se saisir en profondeur de son propos.

Comme la compagnie de Dada Masilo, Still Life aurait dû participer au 74e Festival d’Avignon. Présente lors de cette édition 2022, l’équipe ne propose pas le spectacle prévu il y a deux ans (No One), mais sa nouvelle création, Flesh (« chair »). Dans celle-ci, le duo composé par les auteurs, comédiens et metteurs en scène Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola, s’intéresse comme le suggère le titre, à la question du contact, des relations (ou de l’absence de celles-ci) entre des êtres. Débutée pendant le premier confinement, au printemps 2020, l’écriture de cette pièce s’articule – comme souvent dans le travail de la compagnie – autour d’une succession de nouvelles sans paroles. Sans lien entre elles – mais traversées des enjeux précités –, ces quatre courts récits brillent par leur hyperréalisme maîtrisé.

La première (And Yet) débute par la préparation d’un jeune homme à une visite en milieu hospitalier du type de celles qui ont eu lieu au printemps 2020. Ce protocole, marqué par des désinfections répétées qui peuvent glacer ou susciter le rire par leur obsession hygiéniste, débouche sur les adieux du fils à son père. Sauf que, trop occupé par son téléphone, le jeune homme manquera le dernier souffle du vieil homme gisant dans son lit d’hôpital. Dans la deuxième (Kathy and John), un couple bourgeois célèbre dans son salon l’anniversaire de la femme. L’occasion pour son conjoint de retirer les bandages masquant son visage à la suite d’une opération de chirurgie esthétique. Mais cette dernière, qui a fait de lui un être monstrueux, se révèle étrangement remodelable, et le visage, qui s’amoche progressivement, le rend de plus en plus repoussant aux yeux de Kathy. Pour la troisième (Love Room), une jeune femme réalise sous l’œil d’un salarié désœuvré un Escape Game, soit une expérience de réalité virtuelle la plongeant au cœur du film Titanic (qui fut en tête du box-office mondial pendant douze ans) et l’amenant à jouer le rôle de Kate Winslet. Enfin, la quatrième nouvelle (Embrace) se déroule dans un troquet un brin désuet où quatre frères et sœurs aux liens distendus se retrouvent pour se partager les cendres de leur mère décédée – la tenancière du bar.

Il y a indubitablement quelque chose de l’habileté et de la maîtrise dans ce théâtre-là. Maîtrise formelle des espaces aménagés où les moindres détails et objets sont pensés ; maîtrise dans l’interprétation des comédiens (citons Muriel Legrand incroyable de précision de jeu pour l’Escape Game) ; maîtrise, également, dans l’écriture de chaque nouvelle. Chacune est à la fois condensée par sa durée et étirée par la manière dont les situations sont poussées vers tous leurs possibles – permettant de faire émerger diverses émotions et de nous balader du rire grinçant à l’empathie, du grotesque à la tristesse. De même, le passage d’une histoire à l’autre (rythmé par un même protocole de changement de plateau caché pour partie à nos regards) nous fait basculer dans des univers différents, avec l’irruption du fantastique et la déformation du visage de John pour la deuxième, ou l’humour noir dans Embrace.

Quoique sans paroles, ces histoires soutenues par une création sonore quelquefois trop illustrative « parlent », c’est indubitable, mais, passés les deux premiers récits, une lassitude s’installe et l’ensemble peine au final à dépasser l’anecdote. Comme si, au-delà de l’hyperréalisme (au sujet duquel le duo Linsmaux et Mergola cite volontiers en référence le travail des plasticiens australiens Ron Mueck et Sam Jinks) et de la mécanique bien huilée d’écriture et d’interprétation, Flesh se maintenait trop en surface. Si les questions de la solitude, des gestes de tendresse empêchés (pour de multiples raisons), les échecs répétés et les impasses relationnelles travaillent de manière lancinante les quatre histoires, la création demeure un brin superficielle par son propos. Et ce séduisant objet formel ne parvient pas à pleinement déployer les enjeux annoncés.

Caroline Châtelet – www.sceneweb.fr

Flesh
Conception et mise en scène Sophie Linsmaux et Aurelio Mergola
Scénario Sophie Linsmaux, Aurelio Mergola, Thomas van Zuylen
Mise en espace et en mouvement Sophie LesoAvec Muriel Legrand, Sophie Linsmaux, Aurelio Mergola, Jonas Wertz

Scénographie Aurélie Deloche
Assistanat à la scénographie Rudi Bovy et Sophie Hazebrouck
Accessoires Noémie Vanheste
Costumes Camille Collin
Lumière Guillaume Toussaint Fromentin
Son Eric Ronsse
Masques et marionnettes Joachim Jannin
Stagiaire scénographie Farouk Abdoulaye
Couturière Cinzia Derom
Voix off Stéphane Pirard

Production Compagnie Still Life
Production déléguée Théâtre Les Tanneurs
Coproduction Théâtre Les Tanneurs, Centre culturel de Huy, Kinneksbond Centre culturel Mamer (Luxembourg), La Coop asbl & Shelter Prod
Avec le soutien du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles service du théâtre, Théâtre National Wallonie-Bruxelles, taxshelter.be, ING, tax-shelter du gouvernement fédéral belge
Avec la participation du Centre des Arts scéniques
Avec l’aide du Festival de Liège et du 140

Durée: 1h25

18 et 19 janvier 2024
Centre Culturel Jacques Duhamel, Vitré, France

1er février 2024
L’Odyssée, Périgueux, France

8 au 10 février 2024
Festival Antigel, Genève, Suisse

13 au 15 février 2024
Maison de la Culture, Tournai, Belgique

9 au 11 avril 2024
Théâtre de La Croix-Rousse, Lyon, France

19 juillet 2022/par Caroline Chatelet
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