Le Festival Impatience 2018, 10e édition s’achève ce soir; on connaitra dans la soirée le prix Impatience, décerné par un jury de professionnels et le prix des lycéens, qui assurent aux spectacles primés une diffusion dans les lieux partenaires*, le prix SACD qui récompense un des auteurs pour sa vision contemporaine du théâtre et le prix du public. Voici le palmarès d’Anaïs Heluin qui a suivi le festival pour sceneweb.
La nuit animale
Écriture, mise en scène et scénographie : Charles Chauvet
Charles Chauvet signe une étonnante première création, où il puise dans la culture amérindienne les ressources d’une poétique singulière. Entre rituel magique et naturalisme. Pour négocier le virage de La nuit animale de la parole – en anglais, français et portugais – vers le geste, Charles Chauvet fait appel à toutes ses qualités de scénographe. Avec la créatrice lumières Léa Maris et le créateur sonore Antoine Prost, il crée trois univers visuels d’une belle cohérence, articulés entre eux par un récit elliptique. Par quelques subtils détournements d’objets, quelques changements d’éclairage et de fond sonore. Entre les interstices, on devine les origines de la pièce – parmi lesquelles, la filiation de l’excellente Isabel Aimé Gonzalez Sola au peuple indigène Mapuche – sans que celles-ci soient jamais formulées. Preuve réjouissante de confiance dans la force du jeu et du langage déployé au plateau.
J’abandonne une partie de moi que j’adapte
Par le Group Nabla
Un subtil questionnement de la notion de bonheur, basé sur le célèbre documentaire Chronique d’un été (1960). Au fil de ses habiles allers-retours entre les époques, J’abandonne une partie de moi que j’adapte, se dessinent quelques changements, qui touchent surtout au vocabulaire et aux attitudes. Et beaucoup de stagnations. Après un saut temporel par exemple, le monologue néolibéral d’un patron marque en effet une parfaite continuité avec les souffrances ouvrières et étudiantes exprimées auparavant. Lesquelles auguraient un vent nouveau…
Ultra-Girl contre Schopenhauer
De Cédric Roulliat / Compagnie de Onze à Trois heures
La première création du photographe Cédric Rouillat nous plonge dans un univers très années 80, entre bande dessinée et comédie musicale. C’est d’abord par sa scénographie que Ultra-Girl contre Schopenhauer nous emporte. De loin la plus élaborée parmi celles du Festival Impatience, où les plateaux nus côtoient des dispositifs élémentaires, elle dit à elle seule beaucoup de Cédric Rouillat, qui fait avec cette pièce son premier essai en matière théâtrale. Dans une grande boîte qui contient le décor d’un appartement des années 80 – tapisserie aux motifs géométriques et couleurs vives, sol jaune et meubles dans le même esprit –, Sahra Daugreilh est une Edwige à l’étroit dans ses habitudes bien réglées. Le genre de personne tirée à quatre épingles, bien lisse, qui dans les compositions du photographe côtoient les autres. Ceux qui multiplient les exploits.
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