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« Kanaky 1989 », relier l’histoire au présent

A voir, Avignon, Best Off, Les critiques, Théâtre
Kanaky 1989 de Fani Carenco
Kanaky 1989 de Fani Carenco

Photo Cédric Cartaut

Dans Kanaky 1989, la compagnie La Grande horloge emmenée par Fani Carenco embrasse par l’intime un pan de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie.

Le 12 juillet dernier, un projet d’accord a été signé par les forces politiques de Nouvelle-Calédonie et le gouvernement français. Le texte, intitulé « Le pari de la confiance », sera soumis au vote des populations locales en février 2026. Ce projet va, en créant le nouvel État de la Calédonie, instaurer une nationalité calédonienne – les concerné·es bénéficieront ainsi d’une double nationalité, calédonienne et française – avec tout ce que cela emporte (création d’un hymne, d’un drapeau, d’une devise, etc.). Il aborde également, et entre autres, comme l’explique Mediapart, « l’épineuse question du corps électoral, à l’origine des révoltes qui ont explosé en Nouvelle-Calédonie à partir du 13 mai 2024 ».

Alors que, depuis cette date, les réactions sont multiples au sein de la société calédonienne, certain·es ne voyant là – toujours selon un article de Mediapart – qu’un texte stratégique ignorant les racines de la contestation et inapte à échapper aux logiques héritées de la colonisation, un spectacle joué à Avignon permet de se replonger dans un pan de l’histoire de l’archipel – et de mieux appréhender les enjeux actuels. Présenté à la Chapelle du Verbe Incarné, lieu dédié aux spectacles d’outre-mer, Kanaky 1989 nous plonge dans l’histoire collective par le biais de l’intime. Soit les souvenirs de l’autrice, comédienne et metteuse en scène Fani Carenco, qui, en 1988, à l’âge de onze ans, part vivre avec ses parents et sa sœur en Nouvelle-Calédonie. Son père étant militaire, sa famille se retrouve à fréquenter la famille de Jean-Marie Tjibaou, figure emblématique de l’indépendantisme kanak. Avec deux autres comédiennes (Laurence Bolé et Adeline Bracq) au plateau, et la projection de vidéos sur un voile translucide situé à l’avant-scène – donnant notamment corps à la figure du père de l’artiste –, l’ensemble déplie dans une forme de théâtre documentaire fragmentaire les alentours du contexte politique d’alors. Soit les assassinats racistes de Kanaks par des groupes de caldoches et le meurtre en mai 1989 de Jean-Marie Tjibaou et de Yeiwéné Yeiwéné – son bras droit au sein du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) –, moins d’un an après la signature d’un accord prévoyant un référendum sur l’indépendance.

L’histoire, collective comme intime, est replacée dans son contexte par le récit, les dialogues entre les membres de la famille et la diffusion d’images d’archives (photos, vidéos, articles de journaux). C’est majoritairement par le prisme de l’intime et d’une histoire familiale, qui s’est jouée au plus près pour Fani Carenco, que l’ensemble se déploie, dans des adresses directes au public ou dans des dialogues respectant le quatrième mur. Avec quelques éléments simples – des fauteuils, un téléphone à cadran –, l’on traverse les témoignages, les remémorations des parents de l’autrice (où se dit aussi l’oubli), dans une forme aussi modeste que très didactique, la volonté de transmission s’affirmant par le choix du regard de l’enfant. Cette position permet de rappeler à quel point l’histoire de la Nouvelle-Calédonie a été et est maintenue à distance de celle de la France, façon parmi d’autres de refuser d’affronter les violences coloniales et leur héritage.

Baigné d’un tempérament fort doux et assez elliptique en dépit de la violence des faits évoqués, Kanaky 1989 opère une rupture dans ses dernières séquences. Là, la comédienne Laurence Bolé – formée à la classe préparatoire dédiée aux Ultramarins à l’Académie de l’Union à Limoges (dont l’histoire de la promo est par ailleurs relatée avec richesse dans un film documentaire) et à l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier – passe devant le rideau. Face à nous, elle se présente, elle issue d’une tribu kanake. Quoique très (trop ?) court, cette adresse directe, ancrée, solaire, est puissante politiquement : « Le souvenir de la mémoire de Jean-Marie Tjibaou est ancré en nous », « Le travail accompli par Jean-Marie Tjibaou renaîtra toujours avec de nouvelles racines ». Cette scène, comme l’ultime qui suit, proposant un extrait de discours du leader politique (« Les Kanaks vous emmerderont jusqu’à l’indépendance »), viennent alors relier tout ce qui a précédé avec une force singulière, évidente, au présent.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

Kanaky 1989
Texte et mise en scène Fani Carenco
Avec Fani Carenco, Laurence Bolé, Adeline Bracq
Assistante à la mise en scène Lili Sagit
Création lumières et scénographie Nicolas Natarianni
Création son et vidéo Cédric Cartaut
Participation vidéo Frédéric Roudier

Production La Grande Horloge ; Les Inachevés
Soutien SPEDIDAM, FIPAM, Artistes au collège (Gard), Cratère Scène nationale d’Alès, Théâtre aux Croisements, Théâtre La Vista

Durée : 1h

Chapelle du Verbe Incarné, dans le cadre du Festival Off d’Avignon
du 5 au 24 juillet 2025, à 20h (relâche les 11 et 18)

22 juillet 2025/par Caroline Chatelet
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