Pendant une heure et dix minutes, Olivier Sferlazza laboure la scène au propre comme au figuré, le sol est maculé d’un gazon défraichi et terreux, dont plus un seul brin d’herbe n’est visible. Il raconte l’histoire de cet enfant qui adulte deviendra schizophrène. Un personnage d’une grande richesse intérieure, dont la difficulté de communiquer le contrait à se replier sur lui-même. Entouré de sa mère et de son grand-père, l’enfant se joue des réflexions des adultes. Sa mère prétend connaître toute l’histoire de l’art parce qu’elle a lu un livre de 58 pages de la préhistoire à nos jours, mais lorsqu’elle arrive au chapitre du 20ème siècle et découvre Picasso, elle est prise d’une envie de consommer des pâtisseries. Et le grand-père de lancer une phrase éclatante : « Vaut mieux un âne vivant qu’un scientifique mort ». Le personnage incarné par Olivier Sferlazza refuse ce monde là et construit le sien. Il finira presque nu dans ce carré de terre comme pour précipiter sa mort. « Si tu veux laisser une trace après ta mort, t’as qu’a avoir des dettes », lance le personnage au décès de son grand-père. Car il sait bien que lui ne laissera aucune trace, il est dans sa logique, qui n’est pas celle du plus grand nombre. Mais il s’en fout !
Olivier Sferlazza est ébouriffant de maitrise dans une mise en espace raffinée de Laura Scozzi, aux éclairages travaillés et soignés. Ce spectacle créé à Angoulême en 2006 est une vraie révélation.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Et puis j’m’en fous, vas-y, prends-la ma bagnole
texte et interprétation Olivier Sferlazza
mise en scène Laura Scozzi
costumes et scénographie Jean-Jacques Delmotte
lumières Ludovic Bouaud
coproduction Théâtre d’Angoulême / Scène Nationale
Compagnie Opinioni in Movimiento
coréalisation Théâtre du Rond-Point
création en 2006 au Théâtre d’Angoulême / Scène Nationale
Durée: 1h10
Du 2 novembre au 27 novembre à 21h
Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
métro Franklin D. Roosevelt (ligne 1 et 9) ou Champs-Élysées Clémenceau (ligne 1 et 13)
bus 28, 42, 73, 80, 83, 93
parking au 18, avenue des Champs-Élysées
J’ai été voir cette pièce et elle est juste absolument délectable : on ne voit pas seulement un enfant puis un homme qui se moque du monde mais aussi une façon de faire un pied de nez à la norme, mais oui, qu’est-ce que c’est ? celle qu’on s’accorde à respecter ou celle que l’individu se choisit dans ses rapports au monde ?
en tous cas, un grand coup de réalisme dans la figure !!