Birdy, le film d’Alan Parker avec Nicolas Cage et Matthew Modine a marqué les années 80, il a reçu le Grand Prix du Jury au festival de Cannes en 1985. Cette histoire de deux anciens soldats de retour de la guerre du Vietman est adaptée pour la première fois au théâtre par Emmanuel Meirieu.
Le film d’Alan Parker est indissociable de la musique enivrante de Peter Gabriel. Emmanuel Meirieu a fait le choix d’une atmosphère plus feutrée pour cette adaptation qui s’appuie sur le roman de William Wharton. On retrouve bien Birdy, le militaire de retour du Vietnam, recroquevillé dans son mutisme comme un oiseau perché sur une branche. Mais surtout son ami, Al, personnage central de la pièce qui s’obstine à briser le silence de Birdy. Emmanuel Meirieu a souhaité se détacher du film pour se concentrer sur l’amitié entre les deux hommes. Al est interprété par Thibaut Roux, son jeu un brin poussé et scandé nous a totalement désorienté pendant le premier quart d’heure. C’est la volonté d’Emmanuel Meirieu de le faire jouer « à l’américaine ». L’effet a agi comme un repoussoir au point de ne pas entrer dans l’histoire et de rester totalement extérieur au discours de cet ex-militaire défiguré, enrubanné, beuglant sur son ami Birdy, perché sur une poutre, impassible.
Le décor est plongé dans un rouge sanguin puissant. Al est en position instable sur un grillage au sol, tandis qu’un infirmier donne la becquet à Birdy accroché à sa poutre. Et puis petit à petit on a fini par entrer dans l’intimité de ces deux hommes. Al égrène les souvenirs d’adolescence, leurs parties de patins à glace, leur amour pour les bagnoles. L’expression du visage de Loïc Varraut qui interprète Birdy est angélique.
Mettre en scène ce roman, dont les images d’Alan Parker ont marqué toute une génération n’est pas une chose facile. Un comédien au visage masqué fait face à un comédien muet. Mais la détresse d’Al face à l’impassibilité de son ami opère finalement. Cette grande baraque au cœur d’artichaut parvient à faire pleurer Birdy qui descend de son perchoir. On a versé nous aussi notre petite larme. Popeye et l’homme oiseau ont fini par se retrouver dans cette maison de fous. Des balles de base-ball et des plumes d’oiseau tombent du ciel. L’image est belle mais la direction d’Emmanuel Meirieu mériterait plus de silence pour que l’émotion nous saisisse dès le début du spectacle.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Birdy
D’après le roman de William Wharton
Mise en scène de Emmanuel Meirieu
Adaptation Emmanuel Meirieu et Loïc Varraut
Avec Stéphane Balmino, Thibaut Roux, Loïc Varraut
Musique Lise Baudoin Costumes Moïra Douguet Décor Victor Caniato Lumières Seymour Laval Son François Vatin et Jean François Thomelin Régie général Gabriel Guénot
Traduction Matthew du Aime – Editions Gallmeister
Production Bloc Opératoire
Coproduction Théâtre National de Marseille La Criée, Centre National de Création et de Diffusion culturelles de Châteauvallon
durée 1h20
Théâtre de la Criée
16 > 22 janvier 2015
Ven-Sam-Mar 20h, Dim 15h, Mer 19h, Jeu 20h31 mars – Centre d’Art de la Culture de Meudon
7 avril 2015 – Le Radiant-Bellevue
10 avril – Maison du Théâtre et de la Danse d’Epinay
14 et 15 avril 2015 – Comédie de l’Est à Colmar
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !