
Photo Romain Tissot
Avec Elles disent, Nach signe sa première pièce de groupe avec trois autres danseuses d’univers divers. En voix et gestes, elles composent une pièce débordante d’énergie et empreinte de sororité, qui gagnerait toutefois à plus de construction.
“Elles disent qu’elles ont appris à compter sur leurs propres forces”. La citation de Monique Wittig tirée de son ouvrage Les Guérillères (1969) ouvre le dossier de presse de Elles disent. Nach n’a pas été la première à s’être inspirée du roman depuis sa réédition en 2019, qui a aussi imprégné la réflexion des chorégraphes Marinette Dozeville ou Martha Izquierda Muñoz avant elle. Connue pour sa danse krump volcanique, Nach tisse depuis quatre ans et son solo Cellule une danse poignante et personnelle, imprégnée de ses divers voyages, notamment au Japon où elle découvre la danse butô, le théâtre de Nô et le Bunraku. Pour sa première pièce de groupe, elle partage la scène avec trois danseuses d’univers différents, pour déployer des récits de femmes en gestes et voix, qui, à l’instar du texte de Wittig, débordent de tendresse, de force et de sororité.
Adélaïde Desseauve (dite Mulunesh), Manon Falgoux, Sophie Palmer et Nach débarquent sur la scène de l’Atelier de Paris en krumpeuses énervées, faisant exploser leurs gestes. Ce début tonitruant, presque parodique tant il est exagéré se transforme, ouvre une trame faite de saynètes qui se déplie avec fluidité. Puis les danseuses nous font traverser différents états de corps, des arms swings et chest pops du krump, guerrières à la sensualité guerrière du dancehall, en passant par les ondulations de poignet du flamenco (convoqués par Sophie Palmer). Tantôt à travers une course au ralentis ou des petits sauts sur le plateau, elles font explorer sur complicité, en se répondant en gestes et voix, déambulant souvent en groupe, toujours proches, parfois même collées comme dans un jeu de twister. Joyeuses, déterminées, cocasses, émues, elles tissent une relation subtile entre voix et geste, s’affranchissant de la posture de l’interprète muet, dévoilant la multiplicité de leur groupe, qui sembler rassembler ses forces, solidaires.
Armées de leur énergie débordante et de leur danse efficace, les “trois guerrières” de Nach (c’est comme ça qu’elle les appelle) et la chorégraphe se racontent à travers cette diversité de gestes, d’influences pour former une communauté sororale. Encore jeune toutefois, Elles disent gagnerait probablement à être plus structuré.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Elles disent de Nach
Interprétation et textes : Adelaïde Desseauve, Manon Falgoux (en alternance avec Sati Veyrunes), Nach, Sophie Palmer
Régie générale et création sonore : Vincent Hoppe
Création lumière : Cyril Mulon
Musiques : Radikal Satan, L’Ocelle Mare
Préparation vocale : Dalila Khatir
Costumes : Flech Kann
Collaboration artistique : Flora Detraz
Production : Nach Van Van Dance Company
Administration de production et diffusion : Mission culture et Alice Fabbri
Crédit photo © Jean Charles CoutyCoproducteurs : Les Hivernales – CDCN d’Avignon * Maison de la Danse / Pôle Européen de Création * Les Halles de Schaerbeek * Le Tangram / Scène Nationale d’Evreux * ESPACES PLURIELS scène conventionnée danse Pau * Le lieu unique – centre de culture contemporaine de Nantes * Lux – Scène Nationale de Valence * Points communs – Nouvelle Scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise * Atelier de Paris * La Villette – Initiatives d’Artistes * POLE-SUD, CDCN de Strasbourg
Dans le cadre de l’Accueil Studio – dispositif du ministère de la Culture : Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape / Direction Yuval Pick * Centre chorégraphique national de la Rochelle * CCN2-Centre chorégraphique national de Grenoble * VIADANSE – Direction Fattoumi/Lamoureux, Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche-Comté à Belfort
Soutiens – accueil en résidence : RAMDAM, UN CENTRE D’ART * Festival de Marseille * Les Ballets C de la B * Maison de la Danse, Lyon – Pôle européen de création NACH VAN VAN DANCE COMPANY est soutenue par l’Institut Français pour ses tournées internationales
Avec l’aide à la création chorégraphique du Ministère de la Culture Drac Île-de-France
NACH VAN VAN DANCE COMPANY est soutenue par l’Institut Français pour ses tournées internationalesDurée 1h15
Création novembre 2022 à l’Espace des Arts, SN de Chalon-sur-Saône
À partir de 16 ansAtelier de Paris
2 et 3 février 2023Les Hivernales
9 février 2023Théâtre de la Croix Rousse dans le cadre du festival Sens Dessus Dessous, Maison de la danse, Lyon
2 et 3 mars 2023Halles de Schaerbeek,Belgique
23 et 24 mars 2023La Villette, Paris
29 au 31 mars 2023Le Lieu Unique, Nantes.
12 et 13 avril 2023
Que veut dire le mot « structurer »? Je serais très curieuse de comprendre comment « structurer » une parole chaotique comme l’est le récit de la violence. La violence qui nous entoure toutes et tous, depuis l’enfance et avec laquelle nous devons nous construire. Pas le choix, seulement la nécessité de la parole, avortée, reprise, réinventée, salvatrice, éloquente et dérangeante dans sa fragilité. Elles disent qu’il est difficile de prendre la parole pour raconter l’indicible, qu’il est violent de ne pas être entendu, mais qu’elles le feront quand même. Je serais heureuse de recevoir une proposition de « structuration »! Merci pour la découverte et pour la critique.