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Dido dans la peau de Sony

À la une, A voir, Annecy, Les critiques, Paris, Théâtre
Photo Christophe RAYNAUD DE LAGE

Photo Christophe RAYNAUD DE LAGE

Dieudonné Niangouna rend hommage à son maître, Sony Labou Tansi, en adaptant l’une de ses pièces les plus célèbres, Antoine m’a vendu son destin, et en y mêlant ses propres textes. Un condensé de l’Afrique en un temps record, 1h30, il y a longtemps que Dieudonné Niangouna n’avait pas présenté un spectacle aussi resserré.

Dieudonné Niangouna a 9 ans lorsque Sony Labou Tansi et Daniel Mesguish répètent Antoine m’a vendu son destin à Brazzaville. Il observe les répétitions du spectacle – qui sera créé en 1986 au Festival International des Francophonies de Limoges – à travers les lames du claustra d’une salle du Collège Raphaël Mobutu, sans savoir que des années plus tard il foulera les mêmes scènes que son idole (et qu’il sera invité par Mesguich à diriger des ateliers au Conservatoire National d’Art dramatique). Sony est un deuxième père pour Dieudonné. «  Mon Père m’a sorti un Niangouna, Sony a fabriqué un Dido » dit le comédien dans le spectacle.

Photo Christophe RAYNAUD DE LAGE

Photo Christophe RAYNAUD DE LAGE

On ne peut qu’être ému par cet hommage, et même si on est parfois perdu dans ce spectacle à la construction hybride, composé de poèmes chantés, de scènes hurlées, de flots de paroles psalmodiées, on oublie ses propres codes théâtraux pour entrer en communion avec Dieudonné Niangouna et la fabuleuse comédienne énergique Diarétou Keita qui est à ses côtés. Il fallait une comédienne de cette trempe pour faire face à un Dido, tout en nerf, qui attaque chaque phrase tel un guerrier du verbe. Elle est tonique ; et lorsque les deux se font face – accrochés l’un à l’autre par une corde – les mots se fracassent sur le public qui les enserrent, installés dans trois gradins en tri-frontal, dans un dispositif scénique en forme de triangle qui fait sentir le souffle de chacune de leur phrase.

Dans cette pièce il est question de l’Afrique, de la dictature, de la fragilité des démocraties. « On veut me liquider à cause de l’oxygène que je veux donner à ce pays ». « Les nègres ne savent pas faire de tragédie sans que le sang coule ». « Vous voulez faire la démocratie comme on fait la vaisselle ». En utilisant la farce et une bonne dose de cynisme, Sony Labou Tansi décrit à travers le destin d’Antoine, l’Afrique des années 80. Rien ne semble avoir changé 25 ans plus tard. L’auteur décédé du SIDA en 1995 a passé le relais à Dieudonné Niangouna qui désormais fait entendre la voix de l’Afrique dans nos théâtres ; sa prose est salutaire.

Le metteur en scène, habitué à des formats longs (il pourrait tenir des heures entières à parler sur une scène) propose pour la première fois un format court. On ne peut que l’encourager dans cette voie, car c’est beaucoup plus efficace. Ce spectacle – dans toute sa complexité narrative – est un voyage dans sa pensée. Wajdi Mouawad a eu la bonne idée de lui confier la salle du haut du Théâtre National de la Colline. Le dispositif en forme de triangle, en tri-frontal, dans l’obscurité nous déconnecte totalement de notre réalité. Au centre du plateau trône une énorme structure en bois, construite de bric et de broc « à l’Africaine » ; c’est le mausolée d’Antoine et de Sony sur lequel sont accrochés des ceintures, des perruques, des colliers, des bouts de bois, et aussi de grandes feuilles avec l’écriture de Sony Labou Tansi. Une sorte d’offrande. Lors de la dernière scène, un long poème enregistré, Dieudonné Niangouna et Diarétou Keita décrochent tous ces oripeaux et les déposent à même le sol. En quittant la salle, on se penche sur les pages de Sony Labou Tansi, on admire la rondeur et la clarté de son écriture. « J’ai faim de ce monde » étaient les derniers mots du spectacle. On a faim de ce théâtre car il nous fait voyager.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Antoine m’a vendu son destin
Sony chez les chiens
de Sony Labou Tansi, Dieudonné Niangouna
mise en scène Dieudonné Niangouna
avec
Diariétou Keita, Dieudonné Niangouna
collaboratrice artistique
Laetitia Ajanohun
dramaturgie
Hermine Yollo
scénographie
Jean-Christophe Lanquetin
son
Pierre-Jean Rigal dit Pidj
lumières
Laurent Vergnaud
costumes
Alvie Bitémo
Cie Les Bruits de la Rue
coproduction Mousonturm Francfort, Théâtre de Vidy – Lausanne, Bonlieu – Scène Nationale d’Annecy, , La Colline – théâtre national
avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Île-de-France
Durée: 1h30

Le Bonlieu à Annecy
14 et 15 février 2017

Théâtre National de la Colline
du 21 février au 18 Mars 2017
du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h
Petit Théâtre

25 février 2017/par Stéphane Capron
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