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Des « Derniers Feux » qui font l’effet d’un pétard mouillé

Danse, Décevant, Festival d'Avignon, Les critiques, Marseille
Derniers Feux de Nemo Flouret au Festival d'Avignon 2025

Photo Christophe Raynaud de Lage

Malgré l’embrasement d’une dizaine de danseurs incandescents, la pièce pourtant prometteuse que Némo Flouret crée au Festival d’Avignon s’éparpille, sature, et bute par manque d’idées.

Selon son signataire, Némo Flouret, Derniers Feux emprunte son titre à la manière dont Fellini évoque son art dans des films comme Huit et demi ou L’Intervista. Peut-être en hommage au cinéaste italien, la pièce commence sur un très long solo de trompette, instrument incontournable de La Strada, qui souffle et vrille dans la nuit noire striée de ses notes tristes. Au silence initial succède un assourdissant tapage sonore. Celui de quelques déflagrations pyrotechniques et celui produit par la musique jouée en direct, qui occupe une place très importante et revigorante dans la pièce. Le battement quasi ininterrompu sur une caisse claire de batterie donne une pulsation régulière et martelée à la représentation qui s’emballe et décélère par coups secs. Derniers Feux, ce sont aussi des lettres de format géant qui sont incessamment trimballées, entre autres longs mats en bois et morceaux de cartons. Placées et déplacées à l’envi, ces lettres tentent de former le titre du spectacle de manière tellement chamboulée qu’elles finissent par déboucher ironiquement sur le mot « rien ». Maladroit, mais finalement assez symptomatique de ce qui a été donné à voir (ou pas), le geste a amusé, ou agacé, voire frustré le public placé dans l’attente d’un évènement qui n’adviendra pas.

Car Derniers Feux est un spectacle sur la création d’un spectacle, ou plutôt une tentative de fabrication au cours de laquelle tout s’affiche comme précairement bricolé et jamais installé. La pièce embarque dans les pleins et les vides d’une utopie laborieuse, en jouant sur cette redondante tension entre construction et déconstruction pour n’aboutir qu’à l’irruption exaltée d’un moment insaisissable, qui échappe. Se déploie, non sans puissance, une véritable dépense physique et énergétique, manifeste de l’ultime espoir qui anime les membres d’une communauté artistique et humaine persistant à tendre vers l’inatteignable. Les interprètes, qui arborent des costumes luxueusement signés par la maison de couture Issey Miyake, s’affairent collectivement à occuper un terrain, à s’approprier un présent, où se cristallise un état d’abandon, de déréliction. Leur aspiration à l’élévation dans un monde cloué au sol et la recherche de l’extase dans un climat infécond font la faible substance d’une proposition symptomatique d’une époque insatisfaite et désenchantée. Plutôt que de la transcender, la partition chorale de Némo Flouret se contente de la constater, dans toute sa vanité. Alors, il n’y a plus rien à voir, rien à attendre.

L’un des éléments piliers du geste artistique du jeune chorégraphe est d’éviter les boîtes noires traditionnelles et d’investir des lieux non théâtraux. Tandis que Forêt, en 2022, faisait déambuler devant les toiles de maître accrochées dans l’aile Denon du Musée du Louvre, 900 Something Days Spent in the XXth Century, imaginé à partir de textes d’Aurélien Bellanger, a traversé, depuis 2021, quantité d’espaces urbains désaffectés et autant de vestiges industriels appartenant au siècle passé. Ni esthétique ni inventive, la scénographie signée par le metteur en scène et plasticien Philippe Quesne, qu’on a connu plus poétique et inspiré, se résume à un échafaudage entouré de haut-parleurs déposés dans la Cour du Lycée Saint-Joseph. Sur les hauteurs comme au pied de cette infrastructure disgracieuse, la danse voisine avec la transe incantatoire, affolée et hallucinée, dont l’intensité réelle paraît assez vite fruste et bien altérée. On reconnaît parfois l’héritage d’Anne Teresa De Keersmaeker dans la chorégraphie de Némo Flouret, qui s’est notamment formé à l’école P.A.R.T.S. Les rotations des bras formant d’infinies hélices qui brassent de l’air, les courses en avant brutalement interrompues, les corps poussés à bout dans un mouvement tout en secousses sont autant d’éléments qui traduisent un bel élan propulsif sans cesse renouvelé. Mais, à la croisée des arts, la performance a tendance à trop délaisser la danse au profit d’un rituel incertain et bâclé, qui passe pour une fête poussive, une parade stagnante, un défilé avorté, un ensemble exténué bien avant l’extinction des feux.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Derniers Feux
Conception Némo Flouret
Avec Calvin Carrier, Némo Flouret, Rafa Galdino, Tessa Hall, Philomène Jander, Per-Anders Kraudy Solli, Jean Lemersre, Rubén Orio, Susana Santos Silva, Sophie Sénécaut, Wan-Lun Yu
Scénographie Philippe Quesne
Costumes Satoshi Kondo pour ISSEY MIYAKE
Collaboration musicale Calvin Carrier, Rubén Orio, Per-Anders Kraudy Solli, Susana Santos Silva
Pyrotechnie Joseph Couturier
Collaboration à la dramaturgie Emma Lewis-Jones
Collaboration à la recherche Tessa Hall
Conseils artistiques Bryana Fritz, Camille Legrand, Margaux Roy, Solène Wachter
Direction technique Fabrice Le Fur
Régie plateau et coordination pyrotechnie Rémy Ebras
Régie son Mikaël Plunian
Régie lumière Nicolas Marc
Renfort construction Max Potiron

Production Supergroup
Coproduction Comédie de Genève, Charleroi danse Centre chorégraphique Wallonie-Bruxelles, Théâtre Garonne (Toulouse), Ménagerie de verre (Paris), Tanz im August / Hebbel am Ufer (Berlin), IRA Institute (Soverato), La Halle aux Grains Scène nationale de Blois, Festival d’Avignon
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels, The 2024 Baroness Nina von Maltzahn Fellowship for the Performing Arts at The Watermill Center, Fondazione Politeama – Città di Catanzaro, Région Centre-Val-de-Loire, Drac Centre-Val-de-Loire, Ville d’Orléans, ISSEY MIYAKE et pour la 79e édition du Festival d’Avignon : Spedidam
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels pour la 79e édition
Construction scénographie Ateliers de la Comédie de Genève
Résidences Ménagerie de Verre (Paris), Les Chaudronneries (Montreuil), The Watermill Center (New York), Take me Somewhere (Glasgow), Politeama Teatro (Catanzaro), Anfiteatro di Soverato, Ville de Badolato, Comédie de Genève

Durée : 1h10

Festival d’Avignon, Cour du Lycée Saint-Joseph
du 19 au 25 juillet 2025, à 22h

HAU Hebbel am Ufer, Berlin (Allemagne), dans le cadre du Festival Tanz im August 
du 13 au 15 août

IRA Festival, Soverato (Italie)
le 4 septembre

Festival Actoral, avec le Mucem et le Ballet national de Marseille
les 26 et 27 septembre

20 juillet 2025/par Christophe Candoni
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