Dans sa dernière création, la performeuse belge fait danser de gigantesques tissus de soie, à l’aide de ventilateurs et de six interprètes. Attendue après le succès de One Song, cette nouvelle pièce monumentale déploie une poésie visuelle qui captive et interroge.
Sur la scène des Halles de Schaerbeek, les personnages du dernier délire de Miet Warlop ressemblent aux petites figurines d’un diorama. Star flamande de la performance, la chorégraphe-metteuse en scène est connue pour son humour à la fois burlesque et grinçant. En témoignent le surréaliste After All Springville (2021) et ses personnages tragi-comiques ou l’entraînant One Song (2022), concert frénétique joué sur des agrès de gymnastique. Sa dernière pièce, Inhale Delirium Exhale, déploie 6 500 mètres de tissu de soie, des ventilateurs et les corps de six performeurs pour créer un spectacle visuel hypnotisant.
Sur les pendrillons bien visibles, des rouleaux de tissu trônent, rouges, blancs, orange, noirs… Deux interprètes à genoux, dont les mains ont été remplacées par des moulages en plâtre, esquissent un jeu de mains au milieu de la scène. Le plâtre crisse et s’effrite à chaque claquement. Un grand pan de tissu se déroule, dans un mouvement rapide et gracieux, et retombe dans un drapé au sol. Des jambes galbées par des escarpins surgissent d’un grand voile noir. Ainsi se succèdent les tableaux dans Inhale Delirium Exhale. Que raconte ce ballet d’imposants tissus, qui font presque disparaître les humains qui le peuplent ? Si l’histoire semble floue, les images, les références et les symboles jaillissent.
Difficile de ne pas penser à la danse serpentine de Loïe Fuller, pionnière de la danse moderne américaine du début du XXe siècle, qui faisait onduler un grand costume en soie aux formes graphiques. Un grand drap noir, étendu en plein milieu de la scène, bosselé par l’air des ventilateurs, rappelle une toile de Pierre Soulages. Les drapés au sol invoquent les sculptures de l’Antiquité grecque ou les peintures de la Renaissance. Les tissus qui s’actionnent par eux-mêmes, les corps qui disparaissent et réapparaissent évoquent un spectacle d’illusionnisme. Si cette danse des tissus surplombe celle des corps, par son ampleur et sa grâce, la présence des corps est loin d’être anecdotique.
Inhale Delirium Exhale repose sur les interactions et les tensions entre les tissus et les corps, entre humains et non-humains. Tantôt les performeurs actionnent les tissus, les font flotter comme des drapeaux, allant jusqu’à créer une énorme vague. Les corps s’y frottent, s’y emmêlent, s’y engouffrent, s’y empêtrent, jusqu’à se retrouver coincés dans un grand ruban orange qui se déroule à l’infini. Ils font exister ce tissu, devenu un organisme tentaculaire autonome, une méduse géante, qui inspire et expire à un rythme régulier. Faut-il voir dans ce délire esthétique un questionnement existentiel ? Une métaphore de notre relation au monde actuel ? Sur une composition musicale électro lounge décalée et un peu étrange, Miet Warlop nous embarque dans sa poésie. Dans son monde fantastique à l’esthétique toujours aussi saisissante, les relations entre les humains et les objets sont une fois de plus le fruit de multiples questionnements.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Inhale Delirium Exhale
Concept et mise en scène Miet Warlop
Musique en collaboration avec DEEWEE
Avec Milan Schudel, Emiel Vandenberghe, Margarida Ramalhete, Lara Chedraoui, Mattis Clement, Elias Demuynck
Scénographie Miet Warlop, en collaboration avec Mattis Clement
Costumes Miet Warlop, en collaboration avec Elias Demuynck, supervisé·es par Tom Van Der Borght
Stagiaires Nel Gevaerts (KITOS) et Nana Bonsu, Sofia Ristori (Ursulinen Mechelen)
Création lumières
Henri Emmanuel Doublier
Lumières Pieter Kinoli
Son Ditten Lerooij
Assistant mise en scène Marius Lefevre
Direction technique Marjolein Demey
Regard externe Danai Anesiadou, Giocomo BisordiProduction Miet Warlop / Irene Wool vzw
Coproduction Kunstenfestivaldesarts, Kaaitheater, Biennale de la Danse, Tanzquartier Wien, La Villette, Théâtres de la Ville de Luxembourg, NTGent, TANDEM Scène nationale, Kampnagel International Summer Festival, Le Lieu Unique, Romaeuropa Festival, Theaterfestival Boulevard, Teatro Municipal do Porto, Athens Epidaurus Festival, Sharjah Art Foundation, HAU Hebbel am Ufer, Temporada Alta
Avec le soutien de la Fondation Ammodo, le Gouvernement flamand, la ville de Gand, Perpodium et le Tax Shelter du Gouvernement fédéral belgeDurée : 1h
Vu en mai 2025 aux Halles de Schaerbeek (Bruxelles), avec le Kaaitheater, dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts
Tandem Scène nationale, Douai
les 27 et 28 maiNTGent, Gand (Belgique)
du 4 au 6 juinHalle E, MuseumsQuartier, Vienne (Autriche), dans le cadre du Wiener Festwochen
du 14 au 16 juinFestival d’Épidaure, Athènes (Grèce)
les 7 et 8 juilletInternationales Sommerfestival Kampnagel, Hambourg (Allemagne)
du 7 au 10 aoûtTheaterfestival Boulevard, Bois-le-Duc (Pays-Bas)
les 14 et 15 aoûtZürcher Theater Spektakel, Zürich (Suisse)
du 20 au 23 aoûtThéâtre National Populaire de Villeurbanne, dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon
les 15 et 16 septembreFestival Romaeuropa, Teatro Argentina, Rome (Italie)
les 23 et 24 septembreLa Villette, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
du 29 septembre au 4 octobreFestival Actoral, Marseille
les 10 et 11 octobreMC2: Grenoble, Scène nationale
les 14 et 15 octobreSpielart, Munich (Allemagne)
les 18 et 19 octobreDE SINGEL, Anvers (Belgique)
les 7 et 8 novembreCultuurhuis de Warande, Turnhout (Belgique)
le 12 novembreTemporada Alta, Gérone (Espagne)
les 21 et 22 novembreNext Festival, Valenciennes
les 28 et 29 novembreLes Théâtres de la Ville de Luxembourg
les 19 et 20 décembreTheater Rotterdam (Pays-Bas)
le 8 janvier 2026Teatro Central, Séville (Espagne)
les 20 et 21 févrierTeatro Municipal do Porto (Portugal)
les 27 et 28 févrierCondeduque, Madrid (Espagne)
les 4 et 5 marsLe lieu unique, Nantes
les 10 et 11 marsLeietheater, Deinze (Belgique)
le 21 marsHAU Hebbel am Ufer, Berlin (Allemagne)
les 24 et 25 marsC-Mine, Genk (Belgique)
le 31 mars
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