Un Élixir d’amour et de jouvence !
L’Opéra de Rennes termine sa saison sur une délicieuse production de L’Élixir d’amour de Donizetti bourrée de charme, de fraîcheur, d’humour et de gaieté.
Les premières mesures de l’ouverture sonnent l’heure du repos pour les travailleurs affairés d’une exploitation de maïs plantée dans une ferme gitane. Le soir tombé, on y troque les habits de labeur pour reparaître excentriquement endimanchés. Voilà le sympathique cadre agricole choisi par le metteur en scène David Lescot et Alwyne de Dardel, sa scénographie, inspirés l’un et l’autre par la jovialité et la rusticité d’une partition et d’un livret hauts en couleurs. Leur transposition conserve l’aspect rural et populaire de l’ouvrage comme l’avait déjà fait avec succès celle de Laurent Pelly à l’Opéra de Paris. Sur scène, pas d’imposantes bottes de paille mais un attirail de machines de production et d’outils élaborés avec autant de matériaux recyclés que d’inventivité.
Une efficace direction d’acteurs met en effervescence les solistes comme les membres du chœur de chambre Mélisme(s) qui fêtera ses 20 ans la saison prochaine. Tous sont très impliqués dans le jeu et s’amusent à dessiner leur personnage, parfois volontiers à gros traits. Du melodrama giocoso, c’est le versant comique qui est bien sûr privilégié mais les accents doux-amers de l’ouvrage faussement simple et naïf ne sont pas absents. La question de l’exclusion sociale de Nemorino continuellement moqué et houspillé par les villageois n’est pas écartée. Pour se faire aimer, l’amoureux survolté n’hésite pas à payer un sequin pour s’abreuver d’un mauvais vin rouge promu par charlatanisme en philtre magique.
Le rôle est tenu par Mathias Vidal qui aborde avec fougue le répertoire belcantiste. Son Nemorino aussi emprunté que désinhibé, est franchement drôle et touchant. Le timbre est chaud, la voix solide, toujours jeune, assez large, et pourtant un peu tendue dans les hauteurs. Le ténor passe parfois en force mais déploie une juste émotion lorsqu’il chante, sous la lune éclatante et les lampions de fête, le célèbre « Una furtiva lagrima » tout en legato pour finir mezza-voce. La puissante basse Giorgio Caoduro fait un remarquable Dulcamara qui lui aussi taquine le bouchon au fond de sa caravane mais distille ses boniments avec une folle dextérité. Marc Scoffoni défend non sans panache son transi et ridicule Belcore. Perrine Madœuf aux aigus à la fois rayonnants et corsés, et d’une grande agilité dans les vocalises, charme totalement en pimpante Adina.
Chloé Dufresne propose une direction musicale pleine d’allégresse à la tête d’un Orchestre national de Bretagne aussi grisant que les effluves de vin et les sentiments changeants qui font tout le piquant de l’intrigue. Ce spectacle formidablement enlevé et enjoué poursuit sa tournée à Angers et à Nantes avant d’être diffusé dans une cinquantaine de villes bretonnes et ligériennes à l’occasion de la 10e édition d’opéra sur écran(s).
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
L’Élixir d’amour
Opéra de Gaetano DonizettiChloé Dufresne, direction musicale
David Lescot, mise en scène
Alwyne de Dardel, scénographie
Orchestre National de BretagneChœur de chambre Mélisme(s) – Gildas Pungier, direction
Avec
Perrine Madoeuf ou Maria Grazia Schiavo (en alternance)
Mathias Vidal ou Giuio Pelligra (en alternance), Marc Scoffoni,
Giorgio Caoduro, Marie-Bénédicte SouquetCOPRODUCTION
Opéra de Rennes, Angers Nantes Opéra, Opéra National de LorraineOpéra chanté en italien et surtitré
Durée 2h45 entracte inclus – Dès 10 ansOPÉRA DE RENNES
Vendredi 5, mardi 9 et jeudi 11 mai à 20h, dimanche 7 mai à 16h, samedi 13 mai à 18h.ANGERS – GRAND THÉÂTRE
MAI 2023
Vendredi 26 – 20h
Dimanche 28 – 16h (garderie gratuite sur réservation)NANTES – THÉÂTRE GRASLIN
JUIN 2023
Mercredi 7 – 20h
Vendredi 9 – 20h
Dimanche 11 – 16h (garderie gratuite sur réservation)
Mardi 13 – 20h
Jeudi 15 – 20 hOpéra sur écran(s) – 10e édition
Le jeudi 15 juin 2023 à 20h
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