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Les Oubliés, une hache de guerre mal enterrée

À la une, Décevant, Les critiques, Paris, Théâtre

 

photo Christophe Raynaud de Lage

Dans Les Oubliés, Julie Bertin et Jade Herbulot réalisent au Vieux-Colombier de la Comédie-Française une cartographie intime et politique des plaies jamais refermées post guerre d’Algérie. La pièce aux traits épais est cousue de fil blanc.

Fidèle à sa façon de raconter les histoires, les petites comme la grande, à la frontière du documentaire et de la fiction, comme déjà opéré dans Memories of Sarajevo et Dans les ruines d’Athènes, son diptyque présenté au Festival d’Avignon en 2017, le duo féminin du Birgit Ensemble fait surgir cette fois les déchirures franco-algériennes nées au moment délicat de l’indépendance du pays colonisé. Il pointe aussi leurs traces persistantes dans la société actuelle.

Pour ce faire, la pièce se déplace dans les lieux et les époques, les acteurs endossent plusieurs personnages, des personnalités célèbres ou anonymes, dans un va-et-vient de 1958-1961 à 2019 qui habilement cohabitent par alternance dans le décor unique d’une mairie d’arrondissement parisien. Deux familles y sont réunies en petit comité pour célébrer le mariage mixte d’Alice (Pauline Clément, toute pimpante) et de Karim (Nâzim Boudjenah, touchant bien que trop en retrait). Elle est issue de la famille Legendre, bonne bourgeoisie agricole aux valeurs chauvinistes, il est fils d’un Algérien communiste disparu et d’une ancienne militante Française.

L’événement qui devait être source de réjouissances se voit totalement bouleversé par l’apparition d’un passé mal enterré et la révélation incontrôlable d’un tas de mensonges et de non-dits… L’amnésie volontaire trop longtemps perpétuée n’est plus de mise, la mémoire se ravive dans un grand déballage entre le vin d’honneur et la pièce montée.

Écrite à partir d’un canevas proche d’un script de feuilleton télévisé et agrémentée d’improvisations au plateau après un temps nécessaire de recherches et de documentation, la pièce dit ce qu’elle a à dire sans éviter les simplismes et les clichés. Sa mise en scène illustrative est très conventionnelle, tout comme l’espace, en bifrontal, installé dans la salle du Vieux-Colombiers, déjà fait par les tg STAN, Julie Deliquet ou encore Emmanuel Daumas.

Ça crie beaucoup, ça s’agite dans la salle des cérémonies richement meublée et joliment décorée de fleurs aux couleurs du Sud. Ce cadre institutionnel affiche fièrement une statue de Marianne et les cadres des présidents de la Ve République. La tension, la nervosité est à son comble pour ne pas voir se craqueler ce beau vernis. C’est chose inutile au regard de ce qui va se dérouler par la suite avec un dramatisme appuyé.

Autre pan de ce qui caractérise le théâtre du Birgit Ensemble : le didactisme et la démonstration qui occupent une large place dans ses créations. Sur scène, sont convoqués, des images, des figures, des propos appartenant au réel. Surgissent en contrepoint de Gaulle (Bruno Raffaeli, général bien trop poussif et hurlant), Michel Debré, son Garde des Sceaux puis premier ministre (Éric Génovèse) et le directeur de cabinet René Brouillet (Serge Bagdassarian) mis au centre de conciliabules longuets. Leurs conversations officieuses trahissent l’incorrigible autorité mais aussi le doute et le malaise de ces gens de pouvoir affaiblis.

Les Oubliés luttent contre l’oubli. Ils laissent voir et entendre ce qui ne peut ni ne doit être contenu, réprimé. C’est une des honorables vocations du théâtre. Ne pas taire les histoires même les plus douloureuses. Il manque plus de complexité, d’invention et d’engagement, moins d’univocité dans le traitements des questions soulevées et des personnages pour vraiment toucher la cible.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

LES OUBLIÉS (ALGER-PARIS)
Texte et mise en scène
Julie Bertin et Jade Herbulot – Le Birgit Ensemble
CRÉATION MONDIALE
Avec le soutien de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon – Centre national des écritures du spectacle

Mise en scène dans un dispositif bifrontal
Avec
Sylvia Bergé,
Éric Génovèse,
Bruno Raffaelli,
Jérômen Pouly,
Serge Bagdassarian,
Nâzim Boudjenah,
Danièle Lebrun,
Elliot Jenicot,
Pauline Clément

Texte et mise en scène : Julie Bertin et Jade Herbulot – Le Birgit Ensemble
Scénographie : Alice Duchange
Costumes : Camille Aït-Allouache
Lumière : Jérémie Papin
Vidéo : Pierre Nouvel
Son : Lucas Lelièvre
Collaboration à la dramaturgie : Valérian Guillaume

Théâtre du Vieux-Colombier
Du 24 janv 2019 au 10 mars 2019

30 janvier 2019/par Christophe Candoni
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