Dirigé par Daniel San Pedro, le collectif basque Bilaka célèbre le retour du printemps, emportant avec une fougue contagieuse les danses traditionnelles des Pyrénées.
Il est toujours plaisant d’être dépaysé, surtout en France ; pays dont on avait à peu près l’impression d’avoir fait le tour (hexagonalement parlant). Certes, les géographes tatillons argueront que le Pays basque, dont il est ici question, est à cheval entre la France et l’Espagne, il n’empêche : plonger dans sa culture pyrénéenne est un véritable voyage en terre inconnue. Alors : « Gora Euskal Herria ! » ; autrement dit : « Vive le Pays basque ! » (en basque). Parce que c’est un beau spectacle que ce Bezperan. Un spectacle qui remporte immédiatement l’adhésion pour l’intensité de sa performance, l’engagement de ses artistes, la maîtrise de son exécution ; une représentation, aussi et surtout, extrêmement sensuelle et poétique, qui détonne avec le contexte où il fut donné à voir : dans les environs glacés de Poitiers.
Sur les planches, il y a huit jeunes danseurs – cinq hommes, trois femmes –, et quatre musiciens en fond de scène, derrière une variété d’instruments plus ou moins typiques de la région. La piste est couverte de laine de mouton, et le plateau est baigné dans une brume crépusculaire. Les corps qui émergent péniblement ont l’air frigorifiés et endoloris. C’est l’hiver. Quelqu’un est mort. Le drame est collectif. Alors, chacun et chacune fait ce qu’il peut. Toutes et tous s’épaulent, se prennent dans les bras, et entreprennent des danses traditionnelles : le Makil – où l’on entrechoque des bâtons, au sol et entre partenaires –, le Zinta – où l’on tournoie autour d’un poteau en tressant un ruban –, le Fandango – où l’on exalte la sensualité du couple, du trouple en l’occurrence. C’est bluffant, et beau. Ça monte en intensité. Ça irradie de caractère et de singularité.
Au-delà des codes de ces chorégraphies séculaires, on voit avant tout des jeunes gens qui implorent la terre, invoquent le printemps, et devancent la nature qui tarde à bourgeonner. Des corps en symbiose avec les éléments. Qui s’entrechoquent, s’attirent, exultent. Qui sont toujours au diapason des instrumentistes à la niaque extraordinaire – tant et si bien que certains ne peuvent s’empêcher de crier par instants. En une petite heure, ils parviennent à rendre cette culture régionale diablement contagieuse et parfaitement universelle. Chapeau bas(-que).
Igor Hansen-Løve – www.sceneweb.fr
Bezperan
Idée originale Arthur Barat, Zibel Damestoy, Xabi Etcheverry, Daniel San Pedro
Mise en scène Daniel San Pedro
Musique Xabi Etcheverry avec Patxi Amulet, Stéphane Garin, Paxkal Irigoyen
Chorégraphie Arthur Barat, Zibel Damestoy, Ioritz Galarraga, Oihan Indart
Danseurs Izar Aizpuru Lopez, Arthur Barat, Zibel Damestoy, Ioritz Galarraga, Oihan Indart, Ioar Labat, Aimar Odriozola, Maialen Mariezkurrena Artola
Musiciens Patxi Amulet, Xabi Etcheverry, Stéphane Garin, Paxkal Irigoyen
Scénographie Camille Duchemin
Lumières Alban SauvéProduction déléguée Scène nationale du Sud-Aquitain
Coproduction Bilaka ; Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine ; CCN Malandain Ballet Biarritz ; Espaces Pluriels – Scène conventionnée de Pau ; TAP – Scène nationale de Grand Poitiers ; Le CCN Ballet de l’Opéra national du Rhin ; Mille Plateaux – CCN La Rochelle ; Théâtre des Quatre Saisons – Scène conventionnée de GradignanDurée : 1h
Vu en février 2025 au TAP – Théâtre Auditorium de Poitiers, Scène nationale
Espaces Pluriels – Le Foirail, Pau
le 19 févrierBarakaldo Antzokia Teatro (Espagne)
le 21 février
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