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Pelléas et Mélisande au bord d’un gouffre amer

À la une, A voir, Les critiques, Lille, Opéra
Frederic Iovino

Alexandre Duhamel (Golaud), Vannina Santoni (Melisande), Jean Teigen (Arkel) © Frederic Iovino

Présentée en mars dernier à l’Opéra de Lille, la nouvelle production de Pelléas et Mélisande confiée au metteur en scène et scénographe Daniel Jeanneteau conjugue une rigoureuse austérité et une vibrante humanité. Elle sera en ligne sur le site www.operavision.eu vendredi 9 avril à 19h et sera disponible jusqu’au 9 octobre 2021.

Tant de versions contemporaines du drame lyrique en cinq actes de Claude Debussy ont tenté de percer son fascinant mystère. Bob Wilson a durablement imprimé sur l’œuvre ses formes flottantes et figées enveloppées de couleurs bleu glacé, d’autres ont donné à voir des transpositions moins atemporelles de l’opéra où transpiraient non sans crudité un parfum capiteux et névrotique (Warlikowski, Tcherniakov). Daniel Jeanneteau qui a d’abord été scénographe, notamment pour Claude Régy, puis metteur en scène, reste fidèle à la dimension essentialiste de son esthétique stylisée et rend compte du caractère symboliste et organique de l’ouvrage. Sa mise en scène parvient magnifiquement à conjuguer simplicité et aspérité en conférant à Pelléas et Mélisande autant de dépouillement que d’intensité.

Sur le plateau, ne se laisseront contempler ni la nature vaste et généreuse ni le château sombre et déclinant annoncés aussi bien dans la musique que dans le livret. Jeanneteau place l’action dans une boîte sans fond qui s’apparente à une énorme vague marine ou une géante stèle mortuaire baignée de lumière crépusculaire et répétitivement irriguée d’une fine bruine. Au centre : un trou noir matérialise la menace du danger et l’aspiration aux tréfonds qui habitent le royaume et ses habitants.

Une subtile direction d’acteurs resserre l’intérêt sur les personnages et l’ambivalence des relations qu’ils entretiennent entre eux. Figures de séduction autant que de transgression, la Mélisande de Vannina Santoni est tout en grâce et d’allure moins éthérée que véritablement passionnée, tandis que le fier Pelléas de Julien Behr se montre aussi délicat que vigoureux. Des rôles-titres, fugitifs vagabonds, le metteur en scène met en lumière une troublante gémellité et une rayonnante juvénilité. Par opposition, il émane une profonde noirceur de Golaud interprété par Alexandre Duhamel avec une force vocale et physique qui restitue la violence et la douleur brutes du personnage.

L’orchestre Les Siècles sonne avec une opulence qui ne manque pas parfois d’engloutir les voix. Son amplitude est sans doute renforcée par l’inhabituel espacement des musiciens qui, en raison du contexte sanitaire, débordent de la fosse et se répartissent sur l’ensemble du parterre. La direction éloquente de François-Xavier Roth cherche apparemment moins à doser qu’à faire exploser les matières et couleurs orchestrales. On ne reconnaît pas toujours la houle étale et extatique de Debussy mais on entend plutôt un chaos violent et pénétrant. Plus sensible à la narration qu’au « bon son », le chef et ses musiciens se mettent au service de l’expression.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Pelléas et Mélisande

Opéra en 5 actes de Claude Debussy (1862–1918)
Livret de Maurice Maeterlinck

Direction musicale François-Xavier Roth
Mise en scène et scénographie Daniel Jeanneteau
Collaboratrice artistique et lumières Marie-Christine Soma
Costumes Olga Karpinsky
Vidéo Pierre Martin
Assistant musical Benjamin Garzia
Assistant mise en scène Antonio Cuenca Ruiz
Chef de chant Nicolas Chesneau
Chef de chœur Yves Parmentier

Avec
Pelléas Julien Behr
Mélisande Vannina Santoni
Golaud Alexandre Duhamel
Geneviève Marie-Ange Todorovitch
Arkel Jean Teitgen
Le médecin Damien Pass
Yniold Hadrien Joubert de la Maîtrise de Caen
Un berger Mathieu Gourlet
Un chevalier Thomas Baelde
Trois mendiants Gil Hanrion, Christophe Maffeï, Mathieu Septier
Trois servantes Charlotte Baillot, Virginie Fouque, Gwénola Maheux
Une petite fille Ida Beal

Chœur de l’Opéra de Lille
Orchestre Les Siècles

Opéra de Lille
du 30 janvier au 8 février 2023

9 avril 2021/par Christophe Candoni
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