À l’Aquarium, Philippe Lanton crée la version française d’ « Orchestre Titanic » d’Hristo Boytchev. Une histoire de train qui passe et ignore les laissés pour compte qui lui font des signes depuis le quai. Si l’idée est actuelle, le texte semble vieilli avant même d’avoir eu le temps de prendre la poussière.
Dans une gare désaffectée, un groupe d’accidentés de la vie dorment dans la salle des pas perdus. Ils répètent chaque jour une saynète pour tenter de séduire les trains qui passent et les conduire à s’arrêter afin de grimper dedans, se servir et redescendre. Au lieu de cela, les trains filent à toute allure et les passagers lancent leurs miettes sur les rebuts. Jusqu’au jour où Houdini en personne vient leur jouer la Grande Illusion ! Cette pièce est une allégorie des attentes de la Bulgarie au moment de son entrée en Europe au début des années 2000. Philippe Lanton qui a eu l’idée de la mettre en scène aujourd’hui, invite le spectateur à y voir une image des crises migratoires actuelles.
L’esthétique grise et minimaliste de la scénographie laisse le spectateur se débrouiller avec son imagination. Une pièce où l’illusion est la racine ne devrait-elle pourtant pas en contenir quelque peu ? Par choix ou par manque de moyens, Houdini ne se fatigue même pas à cacher ses « trucs » tout au long de la représentation… Le merveilleux et l’espérance en prennent un sacré coup. On est très loin du « Cercle des Illusionnistes » d’Alexis Michalik !
Pour ne rien arranger, la lecture du texte est consternante. La note d’intention du metteur en scène présente l’apparition du magicien comme « l’arrivée de Godot »! Sans creuser dans les commentaires, notons seulement que Boytchev est loin d’être Beckett. Son texte semble déjà bien vieilli. Il est prétexte à créer un genre de théâtre révolutionnaire un peu ringard, destiné à des « prises de consciences ». Mais le monde a changé, et les façons de le représenter aussi.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
« Orchestre Titanic »
comédie d’Hristo Boytchev
avec Bernard Bloch, Olivier Cruveiller, Philippe Dormoy, Christiant Pageault, Evelyne Pelletier
traduit du bulgare par Iana-Marie Dontcheva (Editions l’Espace d’un instant)
mise en scène Philippe Lanton
scénographie et lumière Yves Collet assisté de Christelle Toussine
son Thomas Carpentier
costumes Raffaëlle Bloch
fabrication du décor Franck Lagaroje
production -> Le Cartel et (CAP)* – fabrique coopérative artistique de production , conventionnée par le Conseil Départemental de la Seine Saint-Denis et la Région Île-de-France, subventionnée par la Ville de Montreuil . Coproduction Le Théâtre de Charenton
Durée : 1h20Théâtre de l’Aquarium
du 10 janvier au 5 février 2017 (relâche le 24 janvier)
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h
Tournée
24 janvier – La Ferme de Bel Ebat (Théâtre de Guyancourt)
14 mars – Théâtre Jean Vilar (Suresne)
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