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De beaux émois sur L’Isola disabitata

A voir, Dijon, Les critiques, Opéra
Mirco Magliocca

© Mirco Magliocca

A Dijon, de jeunes et talentueux solistes en résidence à l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris défendent avec sensibilité une pièce rare de Haydn, L’Isola disabitata, en pouvant davantage compter sur le bel accompagnement musical de Fayçal Karoui que sur la mise en scène sans relief de Luigi De Angelis.

Composé par Haydn en 1779, L’Isola disabitata plonge délicieusement son spectateur dans les vicissitudes de l’amour et l’errance de cœurs déboussolés à la faveur d’une intrigue assez mince mais où les émotions affleurent en abondance. L’ouvrage fait penser au théâtre de Marivaux et anticipe de peu le Cosi fan tutte de Mozart dans sa dimension analytique de l’expérience amoureuse. Il se dégage de la fable une certaine légèreté mais aussi une étonnante profondeur malgré le caractère invraisemblable de l’histoire narrée. Une jeune naufragée, la bien nommée Costanza, vit avec sa sœur cadette sur une île déserte et se morfond dans l’attente et le malheur car elle se croit abandonnée par son époux Gernando enlevé par des pirates. Elle se prépare à mourir en laissant pour seule trace de son misérable destin une inscription gravée sur une roche aussitôt découverte par son mari nouvellement débarqué sur l’île avec pour compagnon de voyage le séduisant Enrico.

Le livret de Métastase, qui a été moult fois mis en musique, n’est pas de ceux qui placent l’action au cœur du drame mais il laisse joliment s’épancher des sentiments hypertrophiés dont s’empare avec grâce et fraîcheur un quatuor de jeunes chanteurs sur la scène de l’auditorium de Dijon. Une belle homogénéité et une fine musicalité caractérisent les voix qui allient autorité, sensibilité et sensualité. L’inconsolable Constance campée par Ilanah Lobel-Torres, forme avec le suave Gernando de Tobias Westman un couple fort éloquent dans la déploration, tandis qu’en parfait contraste, la légère et piquante Silvia de Andrea Cueva Molnar, coiffée d’un bois de biche pour souligner l’harmonie avec laquelle elle vit livrée à elle-même au contact de la faune et la flore, est d’une vive et innocente jovialité bientôt transie de désir pour l’Enrico de Yiorgo Ioannou.

En sept airs enlevés jusqu’au chaleureux final concertant où le violon, le violoncelle, la flûte et le basson soutiennent allègrement les quatre personnages dans l’heureuse félicité de retrouvailles inespérées, de vastes récitatifs accompagnés par l’ensemble de l’orchestre attestent l’influence du discours réformateur de Gluck sur Haydn qui compose une musique dans laquelle s’imposent unité formelle et véracité émotionnelle du propos.

De la douleur à la gaieté, plein d’accents tendres sans renoncer à la dynamique, l’ensemble d’instrumentistes épouse une large variété d’humeurs, sous la direction toujours attentive et subtile de Fayçal Karoui qui a remplacé Leonardo García Alarcón. Touché par la Covid-19, le chef initialement prévu a dû se retirer de la production à quelques jours de la première.

La mise en scène proposée fait œuvre de simplicité mais manque sans doute d’aspérité au point de refroidir quelque peu les ardeurs des amants. Le choix d’un espace curieusement domestiqué – la nature sauvage décrite dans le livret n’apparaît qu’en arrière-plan et par projections vidéo tandis que le décor est celui d’un intérieur qui combine un salon branché et une loge de théâtre – fait écho au confinement des personnages soumis à l’isolement spatial et mental et s’échappant dans la rêverie. En dépit de sa volonté de faire écho à l’actualité pandémique, la lecture ne paraît pas bien marquante. Une direction d’acteurs plus approfondie et des costumes moins vilains auraient davantage mis en valeur l’engagement et le talent des interprètes.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

L’Isola disabitata

Joseph Haydn

Direction musicale Fayçal Karoui
Projet de Fanny & Alexander

Musique Joseph Haydn
Livret Pietro Metastasio

Orchestre de musiciens issus de l’Académie de l’Opéra national de Paris, des formations supérieures de l’École Supérieure de Musique Bourgogne-Franche-Comté, du CNSMD Paris, du CNSMD Lyon et de la Haute école de Musique de Genève.

Mise en scène, décors, lumières & vidéo Luigi De Angelis
Dramaturgie & costumes Chiara Lagani

Solistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris
Costanza Ilanah Lobel-Torres
Gernando Tobias Westman 
Silvia Andrea Cueva Molnar 
Enrico Yiorgo Ioannou

Durée 1h25

Les samedi 27 novembre (20h) et dimanche 28 novembre (15h) à l’auditorium de Dijon

30 novembre 2021/par Christophe Candoni
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