Le Syndicat National des Metteurs en Scène présidé par Guy-Pierre Couleau et Chorégraphes Associé.e.s, le syndicat des auteurs chorégraphiques co présidé par Micheline Lelièvre et Didier Mayemba nous envoient cette tribune à propos du deuxième confinement.
Comment faire ?
Cette question, nous l’entendons partout, dans tous les domaines de l’activité de notre pays.
Nous ne savons pas, ni ce qu’il faudrait faire, ni ce que nous pourrions imaginer de faire. Nous sommes démunis face à ce deuxième confinement, cette mise à l’arrêt de nos activités. Et pourtant, il est possible de répéter dans les théâtres et les lieux de spectacle. Il est possible de continuer les tournages. Il est possible de chercher et d’inventer. Alors nous, chorégraphes et metteurs en scène, serions-nous incapables de profiter de cette situation pour poursuivre nos travaux de création ? Mais créer c’est aussi rêver. Et devant cette absence quasi totale de perspectives pour nos métiers, il est bien difficile de rêver. Parce que nous sommes pragmatiques et que nous savons, ou bien nous sentons, que le futur est plus qu’incertain, le rêve fait de plus en plus place au doute, à l’anxiété.
Il y a six mois déjà, lors du premier confinement, le Syndicat National des Metteurs en Scène avec le concours du Syndicat Chorégraphes associé.e.s, publiait une liste de 15 propositions
pour une relance de nos activités. Et la première proposition que nous avions formulée était de permettre les répétitions dans les lieux et les salles fermées pour cause sanitaire.
Aujourd’hui, depuis quelques jours, cette mesure a été mise en place par le gouvernement. Alors, pourquoi ne pas relire les propositions et les questions que nous posions alors, en espérant que leur pertinence soit toujours de mise, et que, pour certaines d’entre elles au moins, elles puissent inspirer de nouvelles mesures, aptes au changement de paradigme auquel nous sommes nombreux à aspirer pour le futur.
Nous disions en juin dernier la nécessité de relier les artistes et les territoires, en créant des partenariats entre compagnies, régions et collectivités locales. C’est une urgence au regard de cette fracture sociale et territoriale qui menace nos institutions.
Nous disions la nécessité de permettre la danse et le théâtre hors les murs. En ces temps de violence terroriste, de remise en question de nos idéaux républicains par des groupes
extrémistes, n’est-il pas urgent de pratiquer à nouveau notre art in situ, dans les écoles, auprès des plus jeunes, afin de redonner le sens de notre travail, de recréer du lien entre nous, de défendre les valeurs de notre démocratie et de bâtir le respect mutuel dans notre société ?
Nous disions le besoin de réfléchir à une charte environnementale pour la création et la diffusion des œuvres chorégraphiques et théâtrales. Plus que jamais, à l’heure de notre désormais
indispensable responsabilité environnementale collective, il est permis de penser le monde d’après, pour imaginer d’autres critères, d’autres modes opératoires, d’autres évaluations de
notre travail.
Nous disions en juin dernier l’urgence à mettre en place un fonds d’aide aux auteurs. Aujourd’hui, cette question doit être relancée sans tarder parce qu’elle ne pourra rester sans réponse plus longtemps. Les auteurs sont au bord du gouffre. Ce sont eux qui inventent, qui écrivent, qui créent. Pas les lieux. Bientôt, si rien n’était fait, nous pourrions voir des lieux vides, de belles machines avec des plateaux désertés. Il faut agir.
Nous disions la nécessité de l’accès pour les chorégraphes et les metteurs en scène à la formation professionnelle. Une nation qui se veut libre et responsable s’inquiète de l’accès égal pour tous au savoir et à la formation.
Nous disions combien le lien entre artistes et établissements nous semblait indispensable à une relance de nos activités. La question de la place des artistes en permanence dans les lieux se
pose avec acuité, ceci particulièrement au moment où depuis plus de huit mois les établissements sont soutenus et se replient trop souvent sur eux-mêmes, ne laissant que très
peu de portes ouvertes aux compagnies indépendantes par exemple. Les forteresses se sont enrichies durant cette période et elles en ont profité pour construire de plus hauts murs. Nous
pouvions déjà voir des places fortes au lieu d’institutions culturelles ouvertes aux publics et aux artistes. Ce sont désormais des donjons fermés à tous pour cause sanitaire, sans public, sans équipes, toutes étant dorénavant en télétravail et bientôt sans artistes. Inventons des renaissances en lieu et place de ces féodalités.
Enfin, nous disions la nécessité de mettre en place un « Valois du spectacle vivant ». N’est-il pas temps de suggérer au Ministère de la culture d’organiser ce temps de travail entre nous tous, afin de penser non seulement l’époque présente et ses difficultés mais également le futur et les nombreux obstacles qui se poseront ?
Voila comment faire.
Chorégraphes Associé.e.s – SNMS Syndicat National des Metteurs en Scène
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