Combat de Reines

Le face à face Mary Stuart - Elisabeth - photos F.Iovino

Stuart Seide est un spécialiste du théâtre élisabéthain. Le théâtre de Shakespeare n’a pas de secret pour lui (Hamlet, Roméo et Juliette, Macbeth…). Il était donc logique qu’il se confronte à la pièce de Schiller écrite en 1800 afin de mesurer les similitudes et les différences entre les deux époques d’écriture. Si Shakespeare dans ses pièces ne laisse pas la place à la moindre poésie, c’est tout le contraire chez Schiller. La pièce devient parfois onirique. Enfermée dans sa tour, Mary rêve d’un monde idéal, Elisabeth évoque des remords au moment de la mort de la reine d’Ecosse. « Ces envolées lyriques, explique Stuart Seide, poussées par un souffle exceptionnel, n’ont plus rien à voir avec les monologues de Shakespeare : leur « décollage » nous entraine dans un maelström d’images et de sensations d’une exceptionnelle nouveauté. » Mary Stuart est donc plus qu’une pièce politique sur la lutte du pouvoir de deux reines, sur la guerre entre le catholicisme et le protestantisme, c’est aussi une pièce sur le destin de femmes de caractère dans leur approche du pouvoir. 

Marie Vialle et Caroline Mounier

 

 

Créé en 2009, Stuart Seide reprend cette version dans son théâtre du Nord avant une nouvelle tournée. Marie Vialle succède à Océane Mozas dans le rôle de Mary Stuart, le reste de la distribution n’a pas changé. Tout en fragilité Marie Vialle incarne une reine d’Ecosse forte et décidée à se battre pour clamer l’injustice dont elle est victime. Son jeu est parfait. Celle qui a connu les joies de la Cour d’Honneur d’Avignon en 1999 aux côtés de Philippe Torreton dans le Henry V de Jean-Louis Benoît empoigne la pièce avec voracité. Face à elle, Cécile Garcia Fogel (Elisabeth) montre plus de rudesse, et d’intransigeance dans son rôle. Mais au fond les deux souveraines se ressemblent, elles sont sincères et essayent d’incarner le pouvoir d’une façon différente au milieu d’hommes qui ne pensent qu’à brouiller les pistes.

 

La pièce de Schiller est très structurée. Stuart Seide a choisi le contre-pied, sa mise en scène est tout le contraire, déstructurée. Le plateau éclate en plusieurs morceaux, comme un déchirement, celui de ces deux femmes enfermées dans leur réalité. Mary Stuart dans sa prison, et Elisabeth dans son obligation de gouverner avec fermeté. Schiller a écrit la rencontre des deux reines, une scène qui ne s’est jamais produite dans l’histoire de l’Angleterre et de l’Ecosse. De cette rencontre imaginaire Stuart Seide en a fait un moment intense. Le plateau s’ouvre pour laisser place à la terre d’Angleterre. Mary Stuart empoigne ce terreau, se jette sur ce sol pour implorer la raison. Marie Vialle est alors captivante.

 

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

Mary Stuart 

De Friedrich Schiller 

Mise en scène : Stuart Seide 

Traduction et version scénique : Eberhard Spreng et Stuart Seide 

Scénographie : Philippe Marioge 

Costumes : Fabienne Varoutsikos 

Lumières : Jean-Pascal Pracht 

Son : Marc Bretonnière 

Maquillage, perruques : Catherine Nicolas 

Assistante à la mise en scène : Nora Granovsky 

Avec 

Sébastien Amblard              Mortimer 

Pierre Barrat                        Shrewsbury 

Éric Castex                           Paulet 

Bernard Ferreira                  Kent 

Cécile Garcia Fogel                        Elizabeth 1ère 

Jonathan Heckel                   Davison 

Caroline Mounier                  Kennedy 

Julien Roy                              Burleigh 

Stanislas Stanic                   Aubespine, Melvil 

Marie Vialle                          Mary Stuart 

Vincent Winterhalter Leicester 

Production – Théâtre du Nord / Théâtre National Lille Tourcoing Région Nord – Pas-de-Calais 

Durée: 2h20 

Du 8 au 17 novembre au Théâtre du Nord 

Du lundi au samedi à 20h, le dimanche à 16h, relâche le jeudi 11 et le lundi 15 novembre – Grande salle, Lille 

Comédie de Genève à Château Rouge, Annemasse – du 23 au 26 novembre 2010 

Théâtre National de Toulouse – du 1er au 4 décembre 2010 

Nouveau Théâtre d’Angers – du 14 au 17 décembre 2010 

Théâtre National de Strasbourg – du 12 au 28 janvier 2011