Aglaé nous a fait taire en fait. Nous sommes sortis de chez elle joyeusement, stupéfaits d’une liberté de parole qui racontait une liberté de vie. Elle revendique son destin, elle s’amusait beaucoup à nous le raconter.
Liberté est un de ses mots. Certains autres de ses mots sont beaucoup plus crus. J’ai beaucoup coupé, mais pas pour l’amadouer ou la trahir. Je n’aimerai pas du tout trahir cette femme. Son humour, sa causticité, son intelligence, mais aussi sa générosité, son amour pour ses clients, enfin, certains, sa profondeur humaine, nous ont réjouis. Nous sommes sortis de chez elle revigorés. Aussi par son intransigeance, ses emportements terribles contre les maquereaux ou les lois, qu’elle met un peu dans le même panier.
Aglaé c’est une Dame, avec majuscule, c’est le mot qui nous est venu. Une aristocrate. De Sarcelles, mais une vraie, pas par le sang, par l’altitude. Une que l’avis de la société sur sa pensée, sur son mode de vie, laisse de marbre, elle se met d’ailleurs assez aisément hors la loi. C’est une qui diffère. Elle nous a plu pour ça, elle diffère. Ce n’est pas tant son métier qui nous a retenu, c’est sa différence. Je le dis vraiment sans provocation, la personne à qui elle nous a fait le plus songer est un mathématicien de haut niveau de nos amis. Lui aussi est ailleurs de nous, il est autrement.
C’est cette différence qui, outre sa drôlerie, son humain trop humain, en fait un personnage de théâtre: elle n’est pas « normale », pas dans la norme. Ça non ! Phèdre non plus. Nous ne sommes pas d’accord avec tout ce que dit Aglaé, loin de là, mais c’est peut-être ce désaccord qui nous a fait tenter le plateau. Elle sait des choses que nous ne savons pas, elle les sait avec son corps, c’est, à bien des égards, difficile de se mettre à sa place.
C’est pourtant exactement ce que Claude Degliame va faire, tenter de faire, se mettre à sa place, prendre sa place, pour vous faire ressentir ce que nous avons, par elle, ressenti.
Avec émotion nous vous présentons cette Dame, pour qu’il soit rendu justice à sa forme de liberté. Il y a, socialement, politiquement, débat déchainé sur son métier. Ça ne nous intéresse pas, en tout cas pas ici. Ici c’est l’humain qui nous intéresse. Il n’y a humainement pas débat : Aglaé est une grande, très grande personne. Grâce soit rendue à sa vie de chien ! Note d’intention de Jean-Michel Rabeux
Aglaé
Texte et mise en scène Jean-Michel Rabeux d’après les mots d’Aglaé • Avec Claude Degliame • Durée estimée 1h10
Lumières et installation, Jean-Claude Fonkenel • Assistanat à la mise en scène, Vincent Brunol • Régie générale, Denis Arlot • Production déléguée, La Compagnie • Coproduction (en cours), La Compagnie, Théâtre des Îlets – Centre dramatique national de Montluçon – Région Auvergne – Rhône-Alpes, Le Bateau Feu – Scène nationale de Dunkerque, Les Salins – Scène nationale de Martigues • Avec l’aide à la production et à la diffusion du Fonds SACD ThéâtreDu 14 au 17 mai 2018, Le Maillon, Strasbourg
– Tous les jours à 21hRond-Point
Du 5 au 30 décembre 2018
Du mardi au samedi à 20h30
Le dimanche à 15h30
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