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Le vivant sur écoute

A voir, Avignon, Best Off, Les critiques, Théâtre
Silence Vacarme de Pauline Ringeade avec Claire Rappin
Silence Vacarme de Pauline Ringeade avec Claire Rappin

Photo André Muller

Avec Silence Vacarme, Pauline Ringeade, à la tête de la Compagnie l’imaginarium, poursuit son exploration du son et du vivant. Et observe notre environnement par le biais de ses sonorités. Une autre façon de regarder, avec les oreilles, qui s’attache aux multiples réseaux vibratiles dont nous faisons partie.

Elle croit assurément à la puissance évocatrice du son. Après nous avoir entraînés sur les traces d’animaux sauvages dans Pister les créatures fabuleuses, spectacle délicieux imaginé à partir d’une conférence philosophique à destination du jeune public de Baptiste Morizot, Pauline Ringeade réitère dans la forme du solo, mais s’en va cette fois dans des contrées plus vastes et variées. Comme si elle s’autorisait dans l’écriture à emprunter des chemins buissonniers pour mieux nous perdre d’un paysage à un autre, au contact de la nature, toujours, et de sa symphonie musicale. Car le son est encore une fois au cœur de cette création, comme un organe sensible et révélateur dont l’exploration est illimitée. Au plateau, Claire Rappin mène la danse, ou plutôt la musique, avec un mélange de fraîcheur et d’élan qui fait tout le sel de la performance. Déjà sur scène lors de l’installation du public, elle arpente avec un sourire accueillant ce territoire infini en forme de boîte blanche, lieu de tous les possibles géographiques qui verra s’épanouir, au gré d’un arc-en-ciel de lumières changeantes et de sonorités de toutes espèces, des petits matins et des couchers de soleil, des ciels ouverts et des jardins choyés, des sentiers de montagne et des vallées à perte de vue.

Aucune illustration visuelle pourtant, hormis cette palette chromatique qui tapisse de teintes mouvantes un écran blanc en fond de scène. Bleu profond qui s’évapore en clarté d’aurore, jaune qui éclabousse les après-midis ensoleillés passés dehors et vire doucement à l’orangé intense, puis au rouge palpitant du jour qui décline, vert radieux qui draine ses rêveries végétales, ce défilé chatoyant de couleurs dessine ses humeurs et sa météo intérieure, compose un tableau bucolique à portée de tous, chacun·e y projetant son paysage imaginaire. Car il n’y a ici nul récit classique, pas de trame à proprement parler avec une colonne vertébrale, un début, un développement, une fin sur laquelle on pourrait s’appuyer pour se rassurer.

C’est une divagation narrative qui va de pair avec son sujet puisqu’il s’agit pour Pauline Ringeade, et ce depuis plusieurs spectacles, d’évoquer notre rapport au vivant. La route n’est donc pas balisée, on avance en flânant, le nez en l’air, on s’arrête pour observer un détail, écouter les bruits alentour, on fait un pas de côté pour voir ailleurs si on y est. On suit Claire qui, en conteuse improvisée, nous entraîne dans son histoire nomade. Confinée en Belgique, elle s’échappe ensuite dans les Vosges, en manque d’air, mais ce n’est qu’une escale car l’étape d’après nous mène tout droit dans le jardin de sa grand-mère, dans les Pyrénées-Orientales, où l’on rencontre sa famille et son enfance. Lestée d’un ventre énorme qui nous ramène à la vie qui vient, munie d’instruments de toutes sortes (cuivres et instrument à vent comme autant de rapport au souffle) soigneusement disposés au sol comme une installation muséale au milieu d’enceintes de toutes tailles, la comédienne va et vient, se raconte et bruite en simultané chaque environnement traversé, créant dans son sillon des paysages sonores, vocalisant de temps en temps de sa voix d’or. Et les histoires qu’elle égraine comme un chapelet de souvenirs ont toutes ce noyau en commun : le soin. Qu’il soit porté à l’autre, à plus petit ou plus âgé que soi, aux bêtes et bestioles qui nous entourent, aux plantes et aux arbres qui nous regardent grandir. Accorder de l’attention, prendre soin, accueillir et par-dessus tout, écouter. Écouter ce que le vivant dans toute sa diversité a à nous dire, écouter ce que le monde nous susurre et ce que la vie chuchote à nos oreilles. Se fondre dans son milieu, faire corps avec.

Ce spectacle en forme de promenade philosophique et poétique, partition de souvenirs, réflexions à voix hautes et sensations, fait du son une matière vibrante et enveloppante, il nous baigne dedans comme dans un environnement matriciel et essentiel. Tout y est d’une délicatesse exquise, sa sensibilité musicale ravit, son texte (écrit à trois par Pauline Ringeade, Claire Rappin et Antoine Cegarra, également à la dramaturgie) ouvre des horizons de pensée autant que d’imaginaire. Silence Vacarme est une célébration de la vie qui bat, de la terre nourricière qui est notre habitat, un lieu collectif à partager, une source de joie. Et Claire Rappin, notre guide espiègle au timbre divin, nous emboîte le pas dans ce voyage sensitif où le son est roi et la musique une grâce.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Silence Vacarme
Jeu et composition Claire Rappin
Mise en scène Pauline Ringeade
Écriture Antoine Cegarra, Claire Rappin, Pauline Ringeade
Assistanat mise en scène Louise de Bastier
Création et régie lumière Fanny Perreau
Création et régie musique et son Pierre-Mathieu Hebert
Scénographie Cerise Guyon
Costumes Aude Bretagne
Régie générale et plateau Yann Argenté
Avec les voix de Thérèse Rappin, Teresa Alvarez Maria, Claire Schirck, Suzanne Aubert, Adèle Ringeade, Véronique Ringeade, Docteur Bassi, le cœur de Loïs Geoffroy, Sacha et Zoé Rappin, Éléonore Auzou-Connes

Production l’imaginarium
Coproductions Théâtre de la Manufacture, Centre Dramatique National Nancy Lorraine ; Les 2 Scènes, Scène nationale de Besançon | Comédie de Colmar – Centre dramatique national Grand Est Alsace | Théâtre d’Arles, scène conventionnée d’intérêt national _art et création _nouvelles écritures

Durée : 1h30

Vu en avril 2024 au Théâtre de la Manufacture, CDN Nancy Lorraine

Présence Pasteur, dans le cadre du Festival Off d’Avignon 2025
du 5 au 26 juillet 2025, à 10h50 (relâche les 8, 15 et 22)

19 avril 2024/par Marie Plantin
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