L’auteur dramatique Rémi De Vos a écrit Cassé, pièce dramatique et comique sur le monde du travail. Elle raconte l’histoire de Christine, ouvrière licenciée, qui monte une arnaque à l’assurance vie pour survivre. Elle cache son mari dans un placard et le déclare mort. La pièce est mise en scène par Christophe Rauck au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis jusqu’au 12 février 2012.
Rémi De Vos vous a fait un beau cadeau, il l’a écrit une pièce pour vous autour d’un thème qu’il affectionne : le monde du travail.
On s’était connu lorsque j’avais monté en 2005 Le Revizor, il avait écrit des chansons, puis une pièce pour un travail avec des élèves au Conservatoire de Paris. Le monde du travail est la base de la fiction, mais cela parle aussi de la famille et plus largement de la société qui va dans le mur.
Et cela commence très mal, Christine a perdu son travail. Elle nous raconte une histoire qui est dans l’actualité, celles des ouvrières qui perdent leur travail dans l’industrie.
Il prend le spectateur à contre-pied. Il nous emmène dans sa fable et avec son talent il parvient à nous faire rire de situations totalement désespérées qui nous permettent d’avoir un autre regard sur la société. Et on se rend compte très vite que la société méprise l’individu. Il y a une phrase que j’aime beaucoup du psychiatre Christophe Dejours spécialiste du travail : « Une société qui méprise le travail est une civilisation qui va vers la décadence ». C’est ce qui m’a nourri pour faire ressortir l’impertinence et la clairvoyance du texte.
Le texte permet d’aller dans des registres différents jusqu’au vaudeville. Comment l’avez-vous abordé ?
C’était l’une des données au début. Je lui ai dis en forme de boutade : « Tu es un auteur vivant, donc tu te dois d’écrire pour des acteurs vivants ». Il a écrit pour ces acteurs là, à part la mère Yveline Hamon que je ne connaissait pas. Il s’amuse avec le langage du vaudeville. Les situations cauchemardesques qui s’additionnent vont entrainer les personnages dans le mur. On observe ces personnages qui vont sombrer dans une tragi comédie.
La fin du spectacle nous fait revenir dans la réalité avec cette séance d’un groupe de prise de parole.
Il a eu l’intuition de finir autrement, de passer dans un autre registre. Cela donne le sens à la pièce. On passe dans une autre atmosphère pour bien ressentir ce qu’est le rapport au travail et comment il nous abime et essore nos âmes. Les choses s’écroulent. On sent la plume qui gratte le papier et qui le perce.
A la fin du spectacle, les personnages se rassemblent autour de la terre. Pourquoi ?
La terre était présente dans mon esprit. J’ai pensé aux romans de Zola. Dans les taudis, il n’y a pas de sol, il y a de la terre.
Le monde de travail on va beaucoup en parler dans cette campagne présidentielle. Votre spectacle est donc au cœur de l’actualité.
C’est ce qui était intéressant, de se dire comment on peut se poser la question du travail autrement que à travers des reportages à la télé. Christine dit à un moment « On va être expulsé, on va finir dans la rue et fouiller les poubelles ». D’ailleurs on voit malheureusement cela dans la rue. C’est important pour moi d’amener cette question du travail sur un plateau avec tous l’écho que cela peut avoir. On peut en rire. On peut être ému. Si on rit c’est forcément que cela nous touche et que l’on est ému.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON
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