Après avoir exploré la littérature et le Nouveau Roman, Christophe Honoré nous passionne pour l’Histoire à travers une pièce autour de l’œuvre de Witold Gombrowicz. Le metteur en scène fait souffler un vent de liberté sur le plateau qui fait beaucoup de bien.
En partant d’un texte inachevé et fragmentaire de Witold Gombrowicz, Christophe Honoré s’interroge sur le cours de l’histoire. Une famille polonaise est coincé une gare en Pologne, parce que la mère (géniale Annie Mercier) s’est trompée sur l’horaire d’un train. Dans ce hall reconstitué (décor magnifique d’Alban Ho Van) le petit dernier de la famille Witold, que la mère appelle « le microbe » veut intervenir sur le cours de l’Histoire. Witold est un doux rêveur, bisexuel, amoureux de la vie. Tout le début de la pièce est une ode à la jeunesse.
L’attente dans ce hall de gare va se transformer en véritable foutoir. C’est ce que Christophe Honoré appelle l’immaturité. Le metteur en scène qui se dit « être dans une logique de cancre » fait basculer le spectacle dans une saga philosophique et politique passionnante. Les membres de la famille se transforment en philosophes. Il y a sur le plateau Fukuyama, Derrida, Hegel, Marx, Kojeve. Pendant quarante minutes on boit leur parole et leur discours sont d’une limpidité lumineuse.
Puis les membres de la famille se transforment en personnages historiques. Et là Christophe Honoré reconstitue à sa manière les accords de Munich. C’est hilarant et inventif. Chamberlain, Daladier, Mussolini et Hitler se répartissent l’Europe dans une scène d’anthologie où viennent aussi se mêler Patricia Kaas, Claude Barzotti, Michel Sardou et Francis Cabrel.
La troupe de ce spectacle est épatante. Elle a travaillé longtemps sur des improvisations. Le rôle du jeune Witold est tenu par le très aérien Ha Kyoon Larcher, circassien membre du collectif Ivan Mosjoukine. Annie Mercier en Derrida/Daladier et Marlène Saldana (qui joue souvent avec Sophie Pérez et Xavier Boussiron) en Cabrel/Staline sont débordantes d’énergie.
On loue souvent les mises en scène de Lupa, Warlikowski, Marthaler qui savent utiliser les grands plateaux pour donner du sens à la matière théâtrale, le spectacle de Christophe Honoré s’inscrit dans cette veine de metteurs en scène. C’est opératique et poétique, intelligent et divertissant.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
FIN DE L’HISTOIRE
CHRISTOPHE HONORÉ
Création au CDDB-Théâtre de Lorient, Centre Dramatique National
Grand Théâtre, du 13 au 15 octobre 2015
Avec JEAN-CHARLES CLICHET, SÉBASTIEN ÉVENO, JULIEN HONORÉ, ERWAN
HA KYOON LARCHER, ÉLISE LHOMEAU, ANNIE MERCIER, MATHIEU SACCUCCI,
MARLÈNE SALDANA
Texte CHRISTOPHE HONORÉ d’apres WITOLD GOMBROWICZ mise en scene CHRISTOPHE HONORÉ
scénographie ALBAN HO VAN lumiere KELIG LE BARS création costumes MARIE LA ROCCA conception et fabrication des masques FANNY GAUTREAU dramaturgie et assistanat a la mise en scène SÉBASTIEN LÉVY
stagiaire assistant scénographie BENOÎT BATARD
Production : CDDB-Théâtre de Lorient, Centre Dramatique National / Théâtre National de la Colline / Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées / Le Grand T, théâtre de Loire-Atlantique / Maison des Arts de Créteil
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National. Construction du décor : Atelier du Grand T
Durée: 2h40GRAND THÉÂTRE, LORIENT
Du 13 au 15 octobre 2015
THÉÂTRE NATIONAL DE LA COLLINE
Du 3 au 28 novembre 2015
THÉÂTRE NATIONAL DE VARSOVIE
4 et 5 décembre 2015
THÉÂTRE NATIONAL DE TOULOUSE MIDI-PYRÉNÉES
Du 11 au 17 décembre 2015
LA COMÉDIE DE VALENCE
Les 6 et 7 janvier 2016
LE GRAND T, THÉÂTRE DE LOIRE-ATLANTIQUE
Du 13 au 15 janvier 2016
MAISON DES ARTS DE CRÉTEIL
Du 28 au 30 janvier 2016
THÉÂTRE NATIONAL DE NICE
Du 25 au 27 février 2016
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !