La nouvelle pièce de Christophe Honoré est passionnante. Violentes Femmes s’appuie sur un fait divers tragique pour explorer ensuite notre rapport au féminisme dans une société patriarcale. La pièce est surtout portée par deux très grands comédiens : Florence Giorgetti et Nicolas Maury
Au soir du 6 décembre 1989, les téléspectateurs du Canada découvrent l’horreur sur leur petit écran. Marc Lépine, jeune homme de 24 ans a ouvert le feu à l’Ecole Polytechnique et a tué 14 étudiantes avant de se suicider. Dans une lettre retrouvée plus tard il explique que les féministes ont ruiné sa vie. En partant de ce fait divers, le cinéaste Christophe Honoré qui sait si bien diriger les actrices à l’écran s’est interrogé sur son rapport aux femmes.
La pièce mêle plusieurs destins de femmes. Celui de la mère de Marc Lépine qui essaye désespérément de trouver des explications au geste de son fils. Elle se rend dans une association féministe qui ne la ménage pas. « Comment engendrer un monstre ? » lui demande-t-on. On suit également la vie extraordinaire d’une jeune fille Jacqueline (Madeleine dans la pièce) qui a vu la Vierge Marie en 1947 dans une église à l’Ile-Bouchard et celui de Romy Schneider à travers divers extraits de sa biographie et des entretiens. Christophe Honoré considère la comédienne comme l’une des rares femmes dans le cinéma français à avoir a eu le pouvoir de faire des choix dans sa carrière.
Le texte de Christophe Honoré est passionnant, entre théâtre documentaire et récits personnels avec des comédiens au sommet de leur art formidablement bien dirigés par le metteur en scène Robert Cantarella. Florence Giorgetti est sublime dans le rôle de Madeleine, totalement illuminée. Elle s’empare du texte pour faire ressortir tout le côté grotesque de cette histoire. Certains catholiques radicaux ne manqueront pas d’être choqués. Peu importe. Elle est irrésistible lorsqu’elle raconte comment un matin sa maladie des yeux a disparu comme par enchantement. Nicolas Maury est lui aussi impressionnant. D’abord dans le rôle d’un comédien utilisé par l’association féministe pour lire des textes machistes habillé en fille. Puis dans le rôle totalement habité de Romy Schneider, en tailleur de laine. Ses monologues sont déchirants.
Ce qui fonctionne beaucoup moins c’est la scénographie de Philippe Quesne. Il a imaginé un espace coupé en deux avec côté cour une espère de totem qui peut faire penser à un glacier ou au rocher du Zoo de Vincennes et de l’autre un atelier où se fabriquent des petites statuettes qui peuvent faire penser à des Vierge Marie très stylisées. Cette scénographie est plus encombrante qu’autre chose et dilue par moment la force du texte de Christophe Honoré qui n’est pas un texte foncièrement féministe, mais qui par son hybridation soulève des questions essentielles sur la place de la femme et de l’homme dans la société.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Violentes femmes de Robert Cantarella
Texte de Christophe Honoré
Mise en scène Robert Cantarella
Avec Pauline Belle, Florence Giorgetti, Johanna Korthals Altes, Pauline Lorillard, Nicolas Maury, Valérie Vivier
Décor : Philippe Quesne
Musiques et sons : Alexandre Meyer
Collaborations artistiques : Elodie Dauguet et François Xavier Rouyer
Production R&C
Coproduction : Les Amandiers, Centre Dramatique National de Nanterre – Centre Dramatique National d’Orléans – Théâtre des Salins, Scène Nationale de Martigues, Scène Nationale d’Evreux Louviers.
Avec le soutien de la DRAC Haute Normandie dans le cadre de la résidence de la compagnie R&C à la Scène Nationale d’Evreux Louviers et du Fracas, Centre Dramatique National de Montluçon.
Durée: 2h10
27 et 28 janvier 2015 au Théâtre des Salins – Martigues
Du 4 au 15 février aux Amandiers – Nanterre
19 février à Louviers
Du 17 au 20 mars 2015 à Orléans au CDN
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