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ANIMA, l’appel au sursaut écologique de Noémie Goudal et Maëlle Poésy

A voir, Chalon-sur-Saône, Châtenay-Malabry, Cirque, Dijon, Festival d'Avignon, Les critiques
Noémie Goudal et Maëlle Poésy créent ANIMAau Festival d'Avignon 2022
Noémie Goudal et Maëlle Poésy créent ANIMA au Festival d'Avignon 2022

Photo Vincent Arbelet

La photographe et la metteuse en scène créent une installation immersive où, sans verser dans la leçon de morale écologiste, musique, photos, film et performance circassienne se confondent pour donner à éprouver le vertige du temps, la fragilité des paysages et la puissance des éléments.

Les artistes frappent, parfois, là où on ne les attend pas. C’est le cas de Maëlle Poésy qui, à l’occasion de ce 76e Festival d’Avignon, sort de sa zone de confort théâtrale pour s’essayer au domaine de la performance immersive. Pour réussir son pari, la metteuse en scène, directrice du Théâtre Dijon-Bourgogne, n’est pas partie seule, la fleur au fusil. Elle s’est alliée à la photographe Noémie Goudal qui, depuis de nombreuses années, s’intéresse aux travaux des paléoclimatologues, ces scientifiques qui fouillent dans le passé climatique pour tenter d’anticiper les mutations à venir. Cette quête a donné naissance à un corpus photographique, Les Mécaniques, et à une exposition, Post Atlantica, qui sert de base à leur création commune, ANIMA.

Installés au milieu de trois écrans géants dans la Cour Montfaucon de la Collection Lambert – qui avait déjà accueilli, l’an passé, la superbe installation de Théo Mercier, Outremonde –, les spectateurs font face à trois paysages similaires : des palmiers-dattiers millénaires, hérités de l’époque du Sahara Vert, dont la permanence ne paraît, à première vue, pas discutable. À l’image, s’invitent soudain des techniciens qui, en reproduisant le processus de création de cette oeuvre de Noémie Goudal baptisée Phoenix, modèlent et recomposent le paysage à leur guise, avec un geste digne de la main du Diable plutôt que de celle de Dieu.

Car, bientôt, leurs ajouts prennent feu, et rongent peu à peu, couche après couche, comme autant d’époques du climat planétaire, ces photos de palmiers-dattiers superposées, jusqu’à transformer cette contrée luxuriante en désert purement lunaire, recouvert de cendres. Pendant ce temps, sur l’écran le plus à gauche de la scène, non soumis aux flammes, de l’eau se met à transpercer la toile pour mieux en déchiqueter le papier hydrosoluble. Apparues entre-temps à l’image, les collines à la roche apparemment intangible ne délitent alors progressivement pour laisser place à un gouffre d’eau qui, au côté de la minéralité des deux autres paysages du triptyque, donne encore à apprécier un panorama différent.

Alors que la force des éléments naturels – l’eau, le feu… – se déchaîne et met à mal la permanence supposée des paysages aux yeux des Hommes, la musique de Chloé Thévenin, pétrie de nappes sourdes, se fait de plus en plus obsédante, et annonce l’arrivée du clou de la performance. Après avoir évacué l’écran central, la circassienne Chloé Moglia surgit, grimpe sur la structure métallique et se suspend dans le vide. Réalisé à tâtons, mais avec un regard décidé, son geste a la puissance de la technique et la fragilité d’une brindille. A l’instar des paysages disparus, on redoute à tout moment qu’elle puisse faiblir, tomber dans le vide, et provoquer la disparition, symbolique, de cette humanité du temps présent.

Loin de superposer leurs arts respectifs, les quatre femmes-artistes mobilisées autour de ce projet ont réussi à les confondre dans un ensemble organique qui s’impose comme l’une des propositions notables et originales de ce début de Festival d’Avignon. Sans jamais verser dans la leçon de morale écologiste, le quatuor donne tout à la fois, en jouant la carte de la destruction-créatrice, à éprouver le vertige du temps, la fragilité des écosystèmes et la force des éléments naturels, excités par la main humaine. Au sortir, il est alors difficile de ne pas ressentir un certain malaise, lié à l’impuissance de l’Homme-spectateur. On aimerait agir et enrayer le processus, pouvoir éteindre l’incendie, endiguer l’eau et assurer la sécurité de la circassienne avant que la vie ne disparaisse, et qu’il ne soit trop tard.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

ANIMA
Conception et réalisation Noémie Goudal et Maëlle Poésy à partir de l’oeuvre Post Atlantica de Noémie Goudal
Avec Chloé Moglia
Écriture de la suspension et sa réalisation Chloé Moglia
Musique Chloé Thévenin
Scénographie Hélène Jourdan
Lumières Mathilde Chamoux
Costumes Camille Vallat
Régie générale et plateau Géraud Breton
Régie son Samuel Babouillard
Régie vidéo, lumières Pierre Mallaisé

Production Théâtre Dijon Bourgogne, Centre dramatique national
Production du film et dispositif scénographique Mondes nouveaux
Coproduction Compagnie Crossroad, Atelier Noémie Goudal, Espace des Arts Scène nationale de Chalon-sur-Saône, L’Azimut (Antony et Châtenay-Malabry)
Avec le soutien de Rhizome-Chloé Moglia, Fonpeps et Women In Motion, un programme de Kering qui met en lumière les femmes dans les arts et la culture, Rencontres de la photographie d’Arles
Co-accueil Collection Lambert

L’exposition Phoenix de Noémie Goudal sera présentée à l’église des Trinitaires du 4 juillet au 28 août 2022 dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles.

Durée : 1 heure

Création au Festival d’Avignon 2022
Cour Montfaucon de la Collection Lambert
du 8 au 16 juillet

Les 12 et 13 mars 2024
Théâtre-Sénart, Scène nationale
Lieusaint (77)

Du 03 au 05 avril 2024
Les SUBS
Lyon (69)

Du 17 au 19 mai 2024
Festival Théâtre en mai
Dijon (21)

Tournée 2024-2025
en cours de construction

6 janvier 2023/par Vincent Bouquet
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