Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Le conte de Jean-Claude Grumberg pour ne pas oublier la Shoah

À la une, A voir, Aix en provence, Les critiques, Marseille, Nice, Théâtre, Thionville, Toulon
photo Antoine de Saint Phalle

photo Antoine de Saint Phalle

Aborder la Shoah sous la forme d’un conte, il fallait la sensibilité et l’humour de Jean-Claude Grumberg pour relever le défi. Fine adaptation de ce court texte paru en 2019, La plus précieuse des marchandises peint l’humain capable du meilleur comme du pire.

Charles Tordjman est un habitué des textes de Jean-Claude Grumberg. Le metteur en scène avait notamment créé en 2008 Vers toi terre promise, « tragédie dentaire » de l’après Shoah, histoire d’un couple affrontant après la guerre la perte de sa fille dans les camps. On connaît l’auteur octogénaire pour son humour noir et solaire à la fois, son écriture qui traite de l’horreur avec douceur, ses récits qui empoignent la période la plus terrifiante du siècle passé et la regardent droit dans les yeux avec un certain sourire. Déjà, en 2008, le comédien Philippe Fretun promenait sa drôlerie mélancolique sur scène. Il forme cette fois, avec Eugénie Anselin, un couple de narrateurs-bûcherons polonais qui réside du côté d’Auschwitz en pleine guerre mondiale.

Même s’il excelle dans l’écriture théâtrale, Jean-Claude Grumberg a en effet écrit ce texte sous forme d’un conte. Le récit suit d’un côté un couple de bûcherons donc, sans enfant, qui vit dans une forêt où un jour se construit une voie de chemin de fer, sur laquelle un seul train – type train de marchandises – passera chaque jour. Un aller à plein, un retour à vide.. D’un autre côté, un homme emmené avec sa femme et ses deux jumelles dans le camp d’extermination d’Auschwitz, y survit comme « coiffeur », celui qui rase les têtes avant la douche… Auparavant, sur le chemin du camp, sentant la fin approcher, il jette par la fenêtre du train l’une de ses deux jumelles, enrobée dans un châle de prière. C’est elle, « la plus précieuse des marchandises », que recueille le couple polonais dont elle va métamorphoser l’existence.

Un final d’une tendresse à pleurer

Le texte alternant récit et dialogues, Charles Tordjman a subtilement distribué la parole et le jeu entre les deux comédiens. Philippe Fretun est plutôt narrateur à qui on ne la raconte pas, bûcheron fruste mais sensible et coiffeur sans haine. Eugénie Anselin, bûcheronne maternante et narratrice émouvante. Tous deux glissent tout en fluidité de la narration au jeu, et vice versa, esquissant leurs personnages et donnant du caractère à leurs conteurs. Ils sont insaisissables, jamais figés dans un statut, et bien vivants. Dans une scénographie en largeurs, voie ferrée de rondins de bois tout le long de l’avant scène, photos de forêt ou de train en arrière plan, suggestives et panoramiques, ils dialoguent à travers une énigmatique structure composée de rectangles vides, sur les bords desquels ils peuvent avancer en équilibre précaire jusqu’à un final d’une tendresse à pleurer.

On ne racontera pas davantage de ce qu’il se passe dans cette histoire car le conte ménage de nombreux rebondissements. On y meurt aussi facilement que dans la réalité mais des miracles y sont possibles. L’histoire est à reflets changeants, embarque dans son irréalité les traits les plus cruels de notre passé et questionne in fine avec brio le statut de ce qui est vrai. L’adaptation de Tordjman est bien celle d’un familier de l’auteur, tant elle rend toutes les nuances de son écriture, et l’écriture de Grumberg reste bien unique en son genre, et si précieuse pour rendre ce passé qui au fur et à mesure qu’il s’éloigne menace de se rapprocher.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

La plus précieuse des marchandises
Texte Jean-Claude Grumberg Adaptation et mise en scène Charles Tordjman

Avec Eugénie Anselin et Philippe Fretun
Et la participation de Julie Pilod

Scénographie/création sonore – Vincent Tordjman
Création lumière – Christian Pinaud
Costumes – Cidalia Da Costa

Production déléguée Théâtre du jeu de Paume – Aix-en-Provence

Durée: 1h10

Du 14 au 16 septembre 2021 – Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence
Du 21 septembre au 17 octobre 2021 – Théâtre du Rond-Point, Paris
Du 27 au 30 octobre 2021 – Théâtre de Liège
Du 17 au 20 novembre 2021 – Théâtre National de Nice
Les 2 et 3 décembre 2021 – Théâtre de la Colonne, Miramas
Les 15 et 16 décembre 2021 – La Criée, Théâtre National de Marseille

23 septembre 2021/par Eric Demey
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Une vie de « on » de Jean-Claude Grumberg
Encore une histoire d’amour de Tom Kempinski adapté par Jean-Claude Grumberg
Les Vitalabri, fable de Jean-Claude Grumberg
L’enfer, c’est « Les Autres »
Un nouveau directeur pour le festival Passages à Metz : Charles Tordjman passe la main à Hocine Chabira
Jean-Claude Grumberg ne transforme pas l’essai de Vers toi terre promisse avec H.H.
Moman, pourquoi ? Parce que !
Serge Maggiani, passeur du temps perdu
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut