Le projet européen a longtemps été porté par une génération qui savait dans sa chair qu’une Europe désunie ne menait qu’à une chose : la guerre. Si la génération suivante, la nôtre, prend aujourd’hui la relève, avec les atermoiements que l’on sait, nul doute que les artistes, dans leur lien au réel, au vivant mais aussi aux différentes populations que représentent les spectateurs dans leur diversité, ont un rôle à jouer.
Clean City, du duo grec Anestis Azas & Prodromos Tsinikoris donnera la parole à cinq femmes de ménages issues de l’émigration et installées en Grèce. L’Album de Karl Höcker de la compagnie polonaise Teatr Trans-Atlantyk redessinera l’impensable quotidien des cadres dirigeants le camp de la mort d’Auschwitz. Basé sur les témoignages vécus – notamment de portugais émigrés en France – Le musée vivant des mémoires infimes et oubliées, de Joana Craveiro/Teatro do Vestido évoquera les cicatrices laissées par la dictature de Salazar sous l’angle de souvenirs intimes et personnels. Carton rouge du Backa Teater and Comunity Teater & Danse raconte la vie de Léo, jeune réfugié vivant en Suède qui rêve d’avoir le même parcours que le footballeur Zlatan. Découverte de l’édition 2014 avec La Simplicité trahie – hommage à la révolte des soeurs Clarisses d’Udine – l’Italienne Marta Cuscunà continue d’explorer les figures de résistance féminine avec Sorry, boys, dialogues pour une actrice avec des marionnettes. Voilà, parmi la trentaine de propositions qui composent ces Chantiers d’Europe 2016, de quoi faire résonner d’autres histoires, d’autres visions d’une Europe ouverte, libre, inventive, accueillante, unie. Une Europe à l’image de celle qu’imaginaient les pères fondateurs. Une belle et vivante utopie.
Edito d’Emmanuel Demarcy-Mota – directeur du Théâtre de la Ville
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