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Sébastien Barrier et ses Autres

À la une, Décevant, Les critiques, Nantes, Paris, Rennes, Théâtre
Jérôme Teurtrie

photo Jérôme Teurtrie

Dans Ceux qui vont mieux, Sébastien Barrier met son art de la parole au service de ses héros : son père, le poète Georges Perros, les musiciens du groupe britannique Sleaford Mods et un curé de Morlaix. Une ambitieuse célébration, qui pâtit du cadre lequel l’artiste cherche à l’inscrire.

La parole est sa matière. Sébastien Barrier a beau savoir faire bien d’autres choses que raconter des histoires – il joue de la musique par exemple, il se livre aussi intensément à d’autres arts créatifs tels que la photo et la vidéo de chats, avec pour seul sujet son Wi-Wi trouvé un jour à Calais –, ce sont les mots qui forment la chair de ses spectacles. Ou plutôt de ses « apparitions », de ses « cérémonies » ou « célébrations » : rebelle aux cadres standards de la production théâtrale, l’artiste né dans les années 90 dans les rues de Douarnenez en tant que loquace « marin prêcheur » du nom de Ronan Tablantec se sent à l’étroit dans le vocabulaire habituel du spectacle vivant. Il a aussi vite fait d’étouffer dans ses propres façons de s’exprimer, qu’il abandonne régulièrement avec une perte et un fracas dont il aime à mêler le récit avec d’autres qui le concernent et d’autres qui n’ont rien à voir avec lui.

Ceux qui vont mieux, qu’il a créé dans l’une de ses maisons amies, le Grand T à Nantes dont il est artiste associé, est de cette nature complexe : à la fois intime et tourné vers l’Autre, il est pour Sébastien Barrier le lieu d’une nouvelle recherche. Il est l’endroit d’une tentative de consolation, voire de réparation. En la matière, celui qui se définit toujours comme une sorte de clown, de bonimenteur – quoique pour mieux se rendre compréhensible au monde, il puisse se prétendre agriculteur – part de loin. Dans la parole épique qu’il pratique en salle depuis Savoir enfin qui nous buvons (2014), performance solo sur le vin nature de sept heures ou plus selon l’humeur du soir, son double à peine fictionnel ne cesse d’aller de pics en ravins, du rire aux larmes, et de nous entraîner avec lui. Dans Chunky charcoal, il le fait en inventant notamment à son Tablantec une mort affreuse, sanglante à souhait. À l’image des aventures que traverse le personnage éponyme de sa création suivante, Gus : un chat moche et incompris, qui lui aussi finit dans un triste état.

Ceux qui vont mieux est pour Sébastien Barrier une nouvelle tentative d’en finir avec ce qui l’enferme artistiquement, avec ce qui va mal. Pour changer, il décide de se lancer en direction de la lumière, ou du moins vers des zones plus éclairées qu’à son habitude. Il propose, dit-il dans sa note d’intention, de faire le portrait de cinq personnes dont il a « préalablement et de manière autoritaire décidé de rendre exemplaires et héroïques les parcours de vie, au point de les réécrire pour les élever au rang de saints ». Il fixe ainsi des règles à sa parole-fleuve qui, naturellement, a tendance à n’en faire qu’à sa tête, à déborder de son lit dans des directions souvent inattendues. « Cette forme-là tâchera ainsi d’emprunter aux arts de faire de la messe, dans la forme et dans le fond », poursuit-il. Mais il semblerait que Sébastien Barrier soit aussi réfractaire à ses propres règles qu’à celles que lui impose l’extérieur. De cet objectif annoncé, sa nouvelle pièce ne garde que des traces assez difficiles à identifier. Tout comme l’est l’optimisme promis par le titre.

C’est d’ailleurs dans une semi-pénombre, derrière un pupitre équipé de tout ce qu’il faut pour amplifier et modifier une parole – ordinateur, table de mixage et micro –, que Sébastien Barrier prend la parole. Lorsqu’il évoque « une situation que l’on n’aurait jamais imaginée », quand il répète à plusieurs reprises « j’avais jamais vu ça », on croit d’abord qu’il est question de la pandémie qui a forcé l’artiste à ajourner sa création. Ce n’est que beaucoup plus tard que l’on comprend qu’il s’agissait là des mots de l’un de ses héros, au nombre de cinq : Yves, curé de Morlaix originaire du pays Koulango en Côte d’Ivoire. L’artiste aborde ses quatre autres « saints » – son père, les deux chanteurs du groupe de post-punk britannique Sleaford Mods et le poète breton Georges Perros – à l’avenant : il mêle leurs paroles aux siennes et les entrelace entre elles, au point de les rendre souvent indistinguables. Le point commun entre tous ces personnages – le fait qu’après des passages difficiles, ils aillent mieux – n’est guère évident dans cet écheveau de vies et de mots.

Avec son talent très personnel pour le portrait, Sébastien Barrier aurait sans doute pu faire un spectacle sur chacun des cinq hommes qu’il évoque ici, avec une logorrhée beaucoup moins dense que d’habitude. Avec aussi une adresse moins directe, comme si après s’être livré complètement, bien qu’avec force distance et une autodérision, le grand raconteur avait eu besoin de se ressourcer sous l’ombre et le secret des palétuviers. Mais faute d’assumer vraiment ce retrait, ou de créer une fiction susceptible de faire fil rouge entre les cinq existences – plus la sienne – réunies dans Ceux qui vont mieux, il y déploie un verbe dont la grande richesse peine à s’offrir en partage, à se rendre vraiment intelligible. Les dialogues entre Sébastien et son psychanalyste, un certain Monsieur Nicolas, ne suffisent pas à créer les liens manquants : s’ils expliquent la confusion entre le narrateur et ses personnages, ils ne réparent en rien les fractures de toute cette humanité, de toutes ces voix rassemblées en un seul homme. Un grand homme des petits récits, dont les désirs antagonistes de cadres et de liberté sont aujourd’hui plutôt paralysants. Mais les chemins de la parole sont impénétrables, et ce n’est pas le curé de Morlaix qui le dit : ce qui aujourd’hui pétrifie pourrait bien demain entraîner.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

 Ceux qui vont mieux

De et par Sébastien Barrier

Régie générale, lumière et vidéo Félix Mirabel

Son Jules Trémoy / Jérôme Teurtrie

Matelotage et accessoires Matthieu Bony

Merci Elisa, Catherine Blondeau, Gaele Flao, Geoffroy Pithon, Mohammed El Khatib
participation artistique : ENSATT

Production : Sébastien Barrier

Production déléguée et diffusion : CPPC – Centre de Production des Paroles Contemporaines, Saint-Jacquesde-la-Lande. Muriel Bordier et Benoît Duchemin

Coproductions et soutiens : Le Grand T théâtre de Loire-Atlantique, Le Channel Scène nationale de Calais, Le Monfort Paris, La Passerelle Scène nationale de Saint-Brieuc, Théâtre d’Arles scène conventionnée d’intérêt national Arles, Malraux scène nationale Chambéry Savoie, CPPC L’Aire Libre Saint-Jacques-de-la-Lande, L’Agora pôle national cirque Boulazac Aquitaine, La Comédie de Caen CDN de Normandie, Le Trio…s Inzinzac-Lochrist.

Durée : 2h environ

Le Grand T, théâtre de Loire-Atlantique

Du 4 au 8 octobre 2021

Le Trio… S – Inzirach-Locrist

Le 21 octobre 2021

L’Agora – Boulazac

Le 6 janvier 2022

L’Usine – Tournefeuille

Du 28 au 30 janvier 2022

Le Channel – Scène nationale de Calais

Le 5 février 2022

Théâtre Jean Lurçat – Scène nationale d’Aubusson (23)

Le 11 février 2022

Théâtre de la Madeleine, scène conventionnée de Troyes (10)

Le 1er mars 2022

Malraux, scène nationale de Chambéry (73)

Les 5 et 6 mars 2022

L’ECAM – Le Kremlin-Bicêtre

Le 11 mars 2022

Le Monfort – Paris

Du 24 mars au 2 avril 2022

Théâtre National de Bretagne, Rennes (35) – Festival Mythos

Du 5 au 8 avril 2022

7 octobre 2021/par Anaïs Heluin
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