Fabrice Melquiot ravive la mémoire du couple d’artistes équestres Camille et Manolo dans Centaures, quand nous étions enfants, un joli spectacle jeune public sur la construction de soi et de ses rêves qui portent des valeurs essentielles.
Toujours rêver et être fidèle à l’enfant qu’on a été. C’est la règle à laquelle se sont astreints les fondateurs du théâtre du Centaure, interprètes et signataires de nombreuses productions équestres dont des revisites de pièces du répertoire et des créations contemporaines. Cette fois, ils se sont laissés guider par Fabrice Melquiot. Le dramaturge a écrit et met en scène un spectacle pour eux et sur eux.
Enfants, l’un et l’autre rêvaient d’une vie où l’art et l’animal occuperaient une place de choix. Lui, imaginait un château peuplé d’artistes et de chevaux, elle, jeune fille plus solitaire, aspirait au nomadisme et à la liberté. Nourris de mythologie, ils lisaient tous les deux dans les livres ce qui se passait dans leurs têtes et leurs corps adolescents, à savoir, le désir d’être né à quatre pattes plutôt que sur deux jambes. D’où l’évidente apparition de la figure du centaure. Cette créature imaginaire moitié homme moitié cheval apparaît en chair et en os sur le plateau comme une véritable forme d’accomplissement.
Se présentant sur scène comme des individus à la recherche de leur moitié manquante, Camille et Manolo chevauchent deux belles bêtes brunes, Indra, pure race andalouse et l’étalon Gaïa, un frison hollandais. Ainsi, ils réalisent une utopie selon laquelle « 1+1=1 » , soit leur volonté de ne faire qu’un à deux. La symbiose homme / animal est totalement réussie comme le constate un public médusé par les tours de pistes et numéros proposés mais aussi attendri par les gestes délicatement attentionnés qui les entourent. Tout dans leur travail traduit un devoir et une exigence d’égalité entre les interprètes humains et animaux mis sur un pied d’égalité.
Le spectacle biographique s’appuie sur une dramaturgie du souvenir. Il se présente sous la forme d’un album vivant, d’un récit imagé. Melquiot fait renaître avec onirisme et émotion l’enfance de Camille et Manolo, joliment convoquée sur le plateau par des projections de photos et de bandes super 8 sur grand écran. Ce matériau intime est commenté en direct ou par des voix d’enfants enregistrées. On replonge dans les années 70/80, en images et en musique. A travers les bribes de vies qui se dévoilent, les éclats de jeunesse, le besoin de s’émanciper et de se réaliser qui s’exprime fougueusement, c’est l’engagement et l’absolue sincérité des artistes qui font la force de cette représentation dont la dimension affective est largement communicative.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Centaures, quand nous étions enfants
Texte et mise en scène Fabrice Melquiot
Assistante à la mise en scène Mariama Sylla
Chorégraphie équestre Camille & Manolo
D’après l’histoire véritable de Camille & Manolo
Création sonore et musicale Nicolas Lespagnol-Rizzi
Création photographique Martin Dutasta
Création lumière et régie Jean-Marc Serre
Régie plateau Sylvain Vassas Cherel, François-Xavier Thien
Conseil vidéo Gabriel BonnefoyAvec Camille & Manolo et les chevaux Indra (pure race espagnole) & Gaïa (frison)
et les voix de Elsa Scholler, Timeo Bonnano, Lua Gaggini, Laurent Schefer, Christiane Suter, Claude Thébert
Durée: 50 minutesThéâtre du Gymnase à Marseille
31 octobre – 03 novembre 2018Paris Le 104
04 > 08.06.2019
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