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Les Bâtards Dorés entre ciel et boulevard

À la une, Les critiques, Moyen, Paris, Théâtre, Toulouse

photo Benjamin Porée

Dans Cent millions qui tombent, le collectif Les Bâtards Dorés part de la pièce éponyme inachevée de Feydeau pour susciter une réflexion sur le rire. À l’aide de matériaux divers, ils enrayent la mécanique du boulevard sans réussir à y injecter la pensée souhaitée.

Depuis sa création en 2014, le collectif Les Bâtards Dorés monte des spectacles à partir de ses laboratoires autour de textes plus ou moins anciens. Dans leur première pièce, Princes (2015), les cinq comédiens fondateurs du groupe – Romain Grard, Lisa Hours, Christophe Montenez (de la Comédie-Française, Jules Sagot et Manuel Severi –, alors tout juste sortis de différentes écoles supérieures de théâtre, s’emparent très librement de L’Idiot (1869) de Dostoïevski. Puis dans Méduse, lauréat des prix du jury et du public du Festival Impatience 2017, c’est du Naufrage de la méduse (1817) d’Alexandre Corréard et Jean-Baptiste Savigny qu’ils partent pour proposer une réflexion sur le présent. Ils poursuivent leur parcours aventureux avec un texte encore très différent : Cent millions qui tombent (1911), pièce inachevée du maître du vaudeville Georges Feydeau. En s’engouffrant dans les vides, dans les lacunes du texte, le collectif enraye la très précise mécanique du rire pratiquée par l’auteur dans chacune de ses pièces.

Comme leur nom l’indique, Les Bâtards Dorés ont le goût du mélange. Dans Méduse, ce sont ainsi des extraits du roman Océan mer d’Alessandro Barrico et de Ôde maritime de Fernando Pessoa qui prennent le relai du récit du naufrage de la frégate française La Méduse en 1816 sur le banc d’Arguin au large de la Mauritanie. Pour ensuite laisser place à un langage qui se passe presque de mots : une forme de transe où trash et humour cohabitent comme ils le font chez de nombreux collectifs. Notamment chez Les Chiens de Navarre, qui pourraient très bien avoir accouché de Bâtards Dorés. Cent millions qui tombent présente une construction assez similaire : la pièce de Feydeau y est traversée par d’autres matières, plus contemporaines. Et elle s’achève sur une sorte de rituel où costumes et langue pseudo-médiévale côtoient lasers et musique électronique. Avec Les Bâtards Dorés, Feydeau est tout parasité.

L’entreprise d’hybridation commence avant même le début des aventures de salon de la riche Paulette, de ses domestiques Philomène et Isidore, son mari John, son amant Snobinet et toute la clique hétéroclite qui s’y presse. Les fesses à l’air, un comique à perruque déploie tous ses maigres moyens pour tenter de faire rire le public : il chante un peu, multiplie les blagues qui tombent à plat, dérange les spectateurs avec des questions indiscrètes… La pièce de Feydeau n’a pas commencé qu’elle est déjà perturbée ; elle l’est davantage encore lorsque, après un bref et sec échange entre Paulette et ses deux serviteurs, cette caricature d’humoriste s’infiltre dans le salon bourgeois, dans le rôle de Snobinet. L’intrus, le trublion en rajoute à l’excès, à l’étrangeté avec laquelle les comédiens, tous co-auteurs du spectacle, s’emparent des personnages de Feydeau.

La rencontre entre le vaudeville d’hier, le stand-up et le rituel électro-médiéval était sensée répondre, ou du moins poser ces questions formulées dans la feuille de salle : « Pourquoi ce besoin de rire et faire rire ? (…), Y-a-t-il un abus possible ? Une contre-indication thérapeutique ? Peut-on hiérarchiser ? En existe-t-il de différentes natures ? Peut-on se mourir de rire ? ». Mais le parasitage des Bâtards Dorés peine à aller au-delà de la perturbation de mécaniques bien huilées du vaudeville et du stand-up. Les tragi-comédies vécues par les protagonistes de Feydeau, portées avec talent par les comédiens du collectif, sont bousculées, tournées en dérision pour une raison qui ne cesse d’échapper. Jusqu’à l’abandon final du registre comique, à priori inspiré du film Il est difficile d’être un dieu d’Alexeï Guerman – le collectif y fait en tous cas référence dans son dernier dossier en date, qui ne reflète pas les dernières évolutions du spectacle, plein de traces d’un processus de création très ouvert aux propositions de chacun. Malgré ses qualités certaines, les Cent millions qui tombent des Bâtards Dorés bouleverse Feydeau sans mettre grand-chose à la place.

Anaïs Heluin – www.sceenweb.fr

Cent millions qui tombent

Texte ! Les Bâtards Dorés d’après Georges Feydeau

Mise en scène : Collectif les Bâtards Dorés

Avec : Romain Grard, Lisa Hours, Ferdinand Niquet-Rioux, Jules Sagot, Manuel Severi  et la voix de Didier Sandre de la Comédie Française, Assistanat à la mise en scène : Elina Martinez, Lumière et scénographie : Lucien Valle, Son : John Kaced, Costumes : Marion Moinet, Régie générale : Albane Augnacs, Construction décor : Ateliers du ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie Traduction ancien français : Dominique Demartini

Production : Collectif les Bâtards Dorés

Coproduction : ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie, Théâtre national Bordeaux Aquitaine, Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine, TU de Nantes, Espace Bernard Marie Koltès – Metz, le CENTQUATRE – PARIS

Soutiens : Les Plateaux Sauvages, Aide à la création de la Ville de Bordeaux, la SPEDIDAM, Théâtre13, Cie Dodeka, Théâtre de Chelles

Théâtre 13 / Bibliothèque

Du 6 au 22 septembre 2021

 

8 septembre 2021/par Anaïs Heluin
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