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« Un jour sans vent », le talent d’Eschyle

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Un jour sans vent (Une Orestie) de Das Plateau
Un jour sans vent (Une Orestie) de Das Plateau

Photo Simon Gosselin

Un jour sans vent (une Orestie) traverse la trilogie des Atrides d’Eschyle au regard de la place des femmes. Un spectacle multidisciplinaire comme les mène souvent la compagnie Das Plateau, dont la grande ambition finit cependant par peser.

Aux sources de notre théâtre et de notre démocratie, la tragédie grecque n’en finit pas d’éclairer le présent. Effet d’époque et non de mode, la question de la place des femmes habite puissamment ce dernier. Dès lors, rien d’étonnant à ce que Céleste Germe s’empare de L’Orestie, la trilogie d’Eschyle, dans cette lumière. L’histoire des Atrides y incite d’ailleurs fortement : Iphigénie est sacrifiée par son père Agamemnon pour que le vent se lève et permette aux bateaux achéens de rallier Troie. Pour venger quoi ? L’amour ou l’honneur de Ménélas à qui Pâris a ravi Hélène, décrétée Miss Monde par Aphrodite. Les femmes enjeux et victimes des guerres des hommes… Déjà. C’est là que débute Agamemnon. Par la vengeance de Clytemnestre qui tue son mari de retour victorieux de Troie. Non pas pour se venger du fait qu’il revient avec Cassandre, son trophée de guerre qui parle tant qu’on ne l’écoute pas, mais parce que le sacrifice de sa fille Iphigénie lui est resté en travers de la gorge. On la comprend un peu. Aidée d’Égisthe, elle prend donc le pouvoir sur la cité en enrobant son mari au sortir du bain d’une tunique sans trou de tête, pour mieux le hacher. Le héros sans défense, nu dans son peignoir piégé, celui qui a vaincu Troie meurt des simples mains de sa femme. Un scandale. Oreste, le fils cadet qu’on a écarté des lieux, ne s’en remettra pas.

Vengeance donc, bis repetita. Sivadier en a brillamment montré toute l’absurdité sanglante. Quand Oreste a grandi, vient le temps pour lui de découvrir et de réparer le meurtre de son père, comme le lui demande Apollon. « Brotherhood », dirait Carolina Bianchi. Fraternité. Solidarité masculine. Un peu, certainement. C’est le deuxième épisode, Les Choéphores. Les porteuses de libations. Le chœur des Troyennes et Électre, sœur d’Oreste, poussent également à la roue pour que le jeune homme passe au matricide. Moins hésitant qu’Hamlet, il se charge d’abord de l’amant de sa mère avant de faire passer à trépas celle à qui il doit la vie. Un geste dont on ne peut sortir indemne, surtout quand les Érinyes se mettent à vos basques. Le voilà en proie aux turpitudes d’une conscience ravagée, qui doit trouver le repos pour ne pas sombrer dans la folie.

Direction donc Les Euménides. Troisième épisode sans doute moins célèbre que les deux premiers. Athéna y dirige le procès d’Oreste. A-t-il eu tort de tuer Maman qui avait tué Papa ? Ou a-t-il eu raison de suivre les incitations à la vengeance d’Apollon ? Devinez qui gagne à la fin. La justice, certainement, qui convoque son jury populaire tiré au sort ; la démocratie, qui s’organise autour de la délibération, de la mise en balance des lois morales, humaines et divines ; la civilisation moderne, qui prend racine un peu ici ; mais, bien sûr, pas les femmes. Même Athéna vote Oreste, disculpé à l’unanimité. Clytemnestre a eu tort. Iphigénie, comme elle, ne pèse pas lourd sur le plateau de la justice face au meurtre du roi.

En 1h30, Un jour sans vent traverse cette longue trilogie retraduite par Florence Dupont et adaptée et agrémentée d’un texte de Milène Tournier. Concentré sur la question de la place des femmes dans cette histoire des Atrides, le spectacle conçu par Céleste Germe et Maëlys Ricordeau offre une expérience à la fois tradi et moderne de la tragédie. Fidélité au texte, lamentations, questions politiques et morales, lien à la cité, davantage que le devenir des personnages, la tragédie est prise au sérieux. Elle dit à quel point, dès l’origine, notre civilisation relègue les femmes au second rang. Comme si notre société trouvait ici sa faute originelle, le fatum de son patriarcat. Comme si, et oui, tout était joué dès l’Antiquité.

Sur un plateau entouré de miroirs qui donnent du reflet et de la profondeur à des statues conçues par Laurent Pelois, à la grecque – plâtre blanc, plaquette de chocolat, mais bras atrophiés –, qui apparaissent tantôt personnages tragiques, tantôt choeur de la cité, tantôt jurés d’assises, tantôt simples statues dans un paysage pittoresque grec d’amphithéâtre à ciel ouvert, trois très bons interprètes (Aurelia Nova, Antoine Oppenheim et Maëlys Ricordeau) endossent les différents rôles de cette trilogie. En tenue quotidienne, ils revêtent une robe royale, passent de part et d’autre d’un voile de gaze, disparaissent et reviennent sur scène, effectuent le lien entre l’hier et l’aujourd’hui, dans un univers sonore et musical omniprésent, mais toujours subtil, conçu par Jacob Stambach. Conjointement, de sa poésie tout aussi lyrique, Milène Tournier, dans l’épilogue, ajoute à la morale d’hier la métaphore filée d’un vent qui gouverne le titre du spectacle. Le spectateur mis au défi d’une double attention, aux dialogues et aux écrits qui défilent, craque alors sous l’excès de sollicitation. Même s’il avait compris depuis un certain temps où tout cela menait. Le passage aux Euménides, davantage joué, dialogué, avait allégé le hiératisme du genre. L’épilogue, fut-il dans la continuité lyrique d’Eschyle, en surcharge l’issue.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Un jour sans vent (une Orestie)
Texte Milène Tournier et Eschyle (traduction Florence Dupont)
Mise en scène Céleste Germe
Conception Céleste Germe, Maëlys Ricordeau
Avec Aurelia Nova, Antoine Oppenheim, Maëlys Ricordeau
Composition musicale et direction du travail sonore Jacob Stambach
Scénographie James Brandily
Dispositif son et vidéo Jérôme Tuncer assisté de Florent Goetgheluck
Création lumière Sébastien Lefèvre
Création vidéo Flavie Trichet-Lespagnol
Costumes Sabine Schlemmer, Julia Brochier
Conseils dramaturgiques Marion Stoufflet
Assistanat à la mise en scène Léa Coutel
Sculptures Laurent Pelois
Construction décor Pablo Simonet et Benjamin Bertrand
Régie générale et plateau David Ferré

Production déléguée Das Plateau
Coproduction Comédie de Reims – CDN, Théâtre Dijon-Bourgogne – CDN, Théâtre Public de Montreuil – CDN, Théâtre La Joliette – Marseille, Le Lieu Unique – Scène nationale de Nantes
Résidence Théâtre de Choisy-le-Roi, scène conventionnée d’intérêt national art et création pour la diversité linguistique, Théâtre de l’Odéon, Maison de la Poésie
Avec l’aide au compagnonnage auteur de la DGCA et l’aide à la résidence d’auteur du Théâtre Brétigny

Das Plateau est conventionnée par la DRAC Île-de-France et soutenue par la Région Île-de-France au titre de l’aide à la permanence artistique et culturelle.

Durée : 1h30

Théâtre Public de Montreuil, CDN
du 28 novembre au 11 décembre 2025

Le Lieu Unique, Scène nationale de Nantes
les 13 et 14 janvier 2026

3 décembre 2025/par Eric Demey
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