Au TnBA à Bordeaux qu’elle dirige Catherine Marnas présente Marys’ à minuit, un texte de Serge Valletti qu’elle avait déjà monté il y a presque vingt ans. La comédienne Martine Thinières reprend le rôle, celui d’une femme enfant qui a cessé de grandir et qui nous fait pénétrer dans son monde celui de l’absurde au son des disques qu’elle aime, de Mike Brandt à Stone et Charden en passant par Michel Polmareff et Joe Dassin.
Pourquoi cette envie de remonter ce texte ?
C’est une façon de vouloir mesurer le temps. Je pense que l’absurde est quelque chose de contextuel. Avec Martine Thinières, la comédienne on a 17 ans de plus et le monde autour de nous a changé. On souhaitait voir comment la pièce pouvait se développer aujourd’hui. Le monde est beaucoup instable qu’à l’époque. Je me faisais la même réflexion que pour Les Shadocks ; s’ils étaient créés aujourd’hui qu’est-ce que cela donnerait ? La mode est à la tendresse du vintage, mais je ne suis pas certaine que l’impact serait le même.
C’est peut-être aussi parce que l’époque est plus policée ?
C’est certain que Desproges ne pourrait certainement plus dire ce qu’il a dit à l’époque. Là comme disait Roland Dublillard, mon grand inspirateur en absurde, on fait du patinage sur une coquille d’œuf ! On se lance, ça délire, et ça correspond à une époque de légèreté.
Qui est ce personnage de Marys ?
On sait ce qu’elle nous dit, on sait qu’elle nous raconte des mensonges comme toute l’histoire de l’hospice et de la sonnette. Elle parle pour ne pas être seule, pour passer le temps dans une vie où il ne se passe pas grand-chose. Elle a la pudeur de nous dire qu’elle sait très bien où elle va quand elle se rend chez le docteur puisque c’est inscrit « asile ». Elle imagine sa vie. Elle se raconte son prince charmant.
On sent aussi qu’elle a dû vivre des traumatismes
J’ai essayé de les traduire dans la mise en scène par des espèces de tocs qui ont beaucoup à voir avec le ventre. Quand elle parle de cette institutrice qui lui serrait très fort la nuque, ça lui faisait mal au ventre. Il y a un nœud à cet endroit. Et puis il y a la question de l’âge, elle a fini par ne plus grandir.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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