Catherine Marnas, la directrice du TNBA monte Lorenzaccio de Musset avec Vincent Dissez dans le rôle titre. Elle place son spectacle dans une Florence dépravée où errent des créatures sorties de boites gay. La mise en scène décapante bouscule le Théâtre du Port de la Lune qu’elle dirige à Bordeaux depuis deux ans. Rencontre avec la metteuse en scène.
Pourquoi avoir placé tout le début de votre spectacle dans une Florence dépravée, hantée par les drag queens et les sœurs de la Perpétuelle Indulgence ?
Parce que les premiers de Lorenzo parlent de la débauche. Là elle est contemporaine. Musset parle de la débauche florentine du 16ème siècle alors on s’est permis de l’adapter !
Qui est selon vous Lorenzo ? Un vrai ou un faux héros ?
C’est drôle parce qu’à l’époque Musset écrit la pièce pour qu’elle soit lue et non représentée. Car selon lui son héros n’était pas assez positif. Or moi je pense que nous sommes tous des Lorenzo. Et aussi tous des Philippe. Est-ce que l’on peut croire en l’humanité ? Est-ce que l’on peut croire à la démocratie ?
Car dans cette pièce se construit une certaine idée de la démocratie
Oui mais elle rate. Et cela a été mon gros souci. Je n’arrête pas de faire de grandes professions de foi humanistes, je me disais que je faisais quelque chose de trop nihiliste. Mais non. Car il y a finalement beaucoup de rage dans ce romantisme qui se regarde le nombril. On est dans une époque où l’on est très informé du malheur du monde, on est indigné, mais on est impuissant. Et cela rend très malheureux.
La dominante dans la scénographie, c’est le rouge, le sang
Je voulais qu’il reste des traces de l’opulence florentine avec des tentures, un canapé, et des choses hybrides comme avec ces rideaux en plastique de supermarché. Le rouge a gagné de plus en plus avec l’idée que le meurtre est là depuis le début. Il n’y a pas de suspens. Mais ce sont aussi les confettis de la fête qui laissent l’espace dans un état de décharge.
Propos receuillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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