L’auteur anglais Tony Kushner fait son entrée en ce début d’année au répertoire de la Comédie-Française avec la mise en scène d’Angels in America dans la mise en scène d’Arnaud Desplechin. Mais le véritable événement se déroule à Bordeaux, au TnBA. Sa directrice, la metteuse en scène Catherine Marnas met en scène met en scène A Bright Room Called Day… première pièce de Tony Kushner écrite en 1985. Un texte sur un groupe d’artistes berlinois entre 1932 et 1933 confronté à la montée du nazisme, et qui est observé en 1985 par une jeune anarcho-punkette furieuse de la réélection de Reagan. Tony Kushner vient de réécrire en y introduisant le mandat de Trump. Une écriture à New-York qui s’est faite parallèlement au travail sur le plateau à Bordeaux.
Comment avez-vous fait connaissance avec la pièce ?
Je me disais bien que quelqu’un qui a écrit une pièce tellement incroyablement bien construite comme Angels in America qui est un chef d’oeuvre avec un sens de la métaphore et une orientation politique très claire avait du écrire d’autres pièces. J’ai cherché et j’en ai trouvé deux autres traduites en français et je n’ai pas été forcément convaincue. Et puis j’ai trouvé sur un site américain le résumé de A Bright Room Called Day…, sa toute première pièce écrite en 85 suite à sa colère par rapport au deuxième mandat de Ronald Reagan. J’ai lu le résumé et c’est exactement ce dont j’avais envie. Je demande les droits et alors que nous étions en tractation, il décide de réécrire la pièce dans laquelle il y avait deux temporalités, celle de Berlin juste avant l’élection de Hitler et celle d’une jeune punk new-yorkaise très en colère contre la deuxième réélection de Reagan. Il me dit qu’il souhaite rajouter un troisième plan pour parler de Trump. Car il estime que le deuxième mandat de Reagan a zappé les bases de la démocratie et a propulsé Trump au pouvoir.
Comment a-t-il fait, est-ce qu’il a tout réécrit ?
C’est vraiment très différent de la première version, dans la mesure où dans son feuilletage il rajoute un personnage : lui-même. Il arrive dans la pièce et fait une sorte explication de ce qu’il a écrit en 85 et de ce qui se passe aujourd’hui. Et cela transforme beaucoup le personnage de la jeune punk new-yorkaise car elle est en interaction avec lui. Par contre, cela ne touche pas aux scènes en Allemagne à Berlin en 1932 et 1933.
La pièce a-t-elle déjà été jouée dans cette nouvelle version ?
Oui à New York, il y a peu de temps, au Public Theater dans une mise en scène de son directeur Oskar Eustis. Tony Kushner a été très présent pendant toutes les répétitions. J’étais en relation avec lui au fur à mesure qu’il écrivait, il m’envoyait des petits bouts que l’on traduisait à chaud au plateau. Je lui écrivais en lui disant : « faites attention, vous êtes en train d’étouffer la pièce, il ne faut pas qu’il ait trop de commentaires ». Je suis allée à New York. J’ai vu le premier filage et j’ai trouvé que la présence de l’auteur était beaucoup trop importante et j’ai réussi à lui expliquer que la situation américaine n’était pas la même que la nôtre et il a accepté que je coupe certains passages. C’est plus court et c’est une première hors de New-York et cela donne un spectacle totalement inédit.
Il se trouve qu’en ce d’année Trump fait la une de l’actualité avec son envie d’en découdre avec l’Iran.
De toute façon avec lui on va de mal en pis. On ne sait plus qu’elle sera la prochaine catastrophe mais on est dans une actualité horrible en plus avec cette idée d’une guerre sourde qui est celle du spectacle, celle du clan de ces jeunes à Berlin qui essayent de vivre légèrement avec ce nuage noir au-dessus de leurs têtes.
Propos recueillis par Stéphane Capron – www.sceneweb.fr
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