Catherine Hiegel, ancienne doyenne de la Comédie-Française est sur scène la maman de Bruno Putzulu dans la dernière pièce de Jean-Claude Grumberg, Votre Maman au Théâtre de l’Atelier. Une mère dans une maison de retraite, qui perd la mémoire, mais qui souvient des heures sombres du nazisme. Un pièce d’autant plus d’actualité dans cette période électorale. Rencontre avec la comédienne.
Dans sa construction, Jean-Claude Grumberg nous emmène sur différents chemins qui tous se rapportent à la mémoire.
Il n’a seulement souhaité faire témoignage sur la Shoah, il a aussi voulu désigner l’absurdité que l’on rencontre dans les maisons médicalisées pour personnages âgées ayant perdues leur autonomie. Il décrit l’absurdité administrative. Il l’a vécu lui-même pour sa mère.
Il y a l’absurdité et de l’humour. Quand vous dites dans la première scène à votre fils Bruno Putzulu : « tu pues », la salle est hilare.
Elle perd la tête. Elle ne le reconnaît pas toujours. Elle a une fixation secrète, profonde, intime, c’est de retrouver sa mère qu’elle a du abandonner sur les routes pendant la longue marche. C’est son but profond et obstiné. Et elle a aussi du caractère, elle est insolente, elle a de l’humour.
Cette maman est l’une des dernières survivantes qui pourra témoigner des horreurs de l’holocauste. Ce sont des derniers témoins.
C’est pour cela que le théâtre de Jean-Claude Grumberg est important. On essaye d’effacer beaucoup de choses en ce moment. On essaye de faire du Vel d’Hiv une chose entièrement orchestrée par les nazis, ce qui est un mensonge. Un jour les mensonges historiques vont peut-être prendre la place de la vérité. Ce témoignage là est d’autant plus important. Il y a beaucoup trop de négationnistes qui publient des infamies. Je suis outrée par ces comportements. Et je trouve qu’il est encore plus important de jouer cette pièce en ce moment avec un patriotisme que ne ressemble pas à un autre.
Sous le vernis de l’humour, la pièce a-t-elle une utilité ?
C’est tout le but du théâtre. Et on le ressent pendant les représentations. L’absurdité fait rire les spectateurs et puis cela bascule. Chacun se retrouve avec sa mémoire et son histoire personnelle Et quand on sort de scène, on a l’impression d’avoir été utile.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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