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Le Rouge éternel des coquelicots : micro-épopée des quartiers Nord

A voir, Avignon, Festival, Les critiques, Off, Théâtre

photo Christophe Raynaud de Lage

Dans Le Rouge éternel des coquelicots écrit et mis en scène par François Cervantes, Catherine Germain incarne avec une grande justesse Latifa Tir, tenancière d’un snack dans les quartiers Nord de Marseille.

« La parole entre deux personnes, ça n’arrive presque jamais : on bavarde, on crie, on ment, on veut, mais on ne parle pas. Quand ça arrive, deux êtres face à face qui se parlent, c’est comme une prière, à travers eux, le ciel et la terre se touchent ». Prononcés au début de Prison Possession, créé au 11 Gilgamesh Belleville lors du Festival d’Avignon 2017, ces mots pourraient introduire aussi Le Rouge éternel des coquelicots présenté cette année au même endroit. Réunis par Les Solitaires Intempestifs en un seul petit volume, ces textes sont en effet tous deux les fruits de rencontres, de conversations menées par François Cervantes avec des personnes éloignées de la sphère culturelle de Marseille, où est basée sa compagnie L’Entreprise. Ce sont des monologues qui gardent la trace des dialogues qui les ont précédés. Et motivés.

Dans Prison Possession, François Cervantes témoignait de son expérience avec un détenu qu’il n’a rencontré qu’une seule fois, mais avec qui il a entretenu une longue correspondance. Sur un plateau sombre, il mêlait ses réflexions sur la distance entre théâtre et prison aux paroles de son correspondant. Sans incarner ce dernier, il lui faisait une place en lui. Et transposait ainsi sur le plateau la relation épistolaire. À l’origine du Rouge éternel des coquelicots, sa rencontre avec Latifa Tir est toute différente. Lors de la préparation de L’Épopée du grand Nord, créé au Merlan à partir de deux ans d’échanges avec des habitants des quartiers Nord, il va régulièrement déjeuner dans le snack qu’elle tient en face du théâtre. Là, il lui parle. Elle lui raconte son quotidien et celui du quartier. Leurs misères et leurs joies.

« C’est un spectacle particulier. C’est la première fois que je joue une femme qui existe dans la vie, une femme que j’ai vue boire des cafés, fumer des cigarettes, que j’ai entendue rire, crier après les chats… », dit Catherine Germain dès les premières minutes du spectacle. Pour François Cervantes, chaque rencontre implique pour le comédien qui s’en empare un rapport singulier à son personnage. Une distance plus ou moins grande. Né de discussions spontanées, quotidiennes, Le Rouge éternel des coquelicots est ainsi beaucoup plus proche de l’incarnation que Prison Possession. Une perruque noire sur la tête, Catherine Germain se laisse habiter non seulement par les mots de Latifa Tir, mis en forme théâtrale par François Cervantes, mais aussi par ses gestes. Ceux que, dit-elle, elle redoute de perdre lorsqu’on lui annonce la destruction imminente de son snack.

Avec sa manière bien à elle de dire les gens et les situations, Latifa qui s’invite « dans le corps de Catherine Germain » se lance alors dans le récit de la destruction. Le ton est épique, tragique aussi. Les phrases aux constructions simples, aux expressions imagées, sont d’autant plus fortes qu’elles charrient un morceau d’Histoire très sensible dans les quartiers Nord. D’origine Chaouïa, la protagoniste nous apprend au cours de son récit que ses parents sont arrivés à Marseille dans les années 50. Un Marseille qu’ils ont aimé malgré les difficultés, tout comme Latifa qui n’en est jamais sortie. Le Rouge éternel des coquelicots ne rejoint jamais le pessimisme ambiant. C’est sa manière de résister aux clichés qui pèsent sur les quartiers Nord de Marseille. Et de dire la beauté de la parole partagée.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Le Rouge éternel des coquelicots
Texte et mise en scène François Cervantes
Avec Catherine Germain, Julien Masson, Lamine Diagne, Milan Marangone, et une vingtaine d’amateurs, habitants du quartier : Addenour Amouche, Badrou Ridjali, Heddy Salem, Isabelle Rainaldi, Justine Canetti, Marie Othon, Mélanie Deleplace, Nicolas Legoff, Rebecca Brandely, RS4 Salim Mebarki, Sebastien Mintoff, Touarati Moussa, Zaher Idri
Création lumière : Dominique Borrini

Production L’Entreprise – Cie François Cervantes
Coproduction Le Merlan scène nationale de Marseille, Politique de la Ville
L’entreprise est une compagnie de théâtre conventionnée et subventionnée par Le Ministère de la Culture DRAC-PACA, le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, Le Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, et la Ville de Marseille

Durée : 1 heure

Festival Avignon Off
11 Gilgamesh Belleville
du 5 au 26 juillet 2019 à 22h15
Relâches les 10, 17 et 24 juillet

11 juillet 2019/par Anaïs Heluin
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