Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Cliquez pour ouvrir le champ de recherche Cliquez pour ouvrir le champ de recherche Rechercher
  • Menu Menu

« Boat people », quand la France se faisait terre d’accueil

A voir, Bobigny, Brest, Evry, Les critiques, Lorient, Nantes, Rennes, Saint-Brieuc, Strasbourg, Théâtre, Tourcoing
Boat people de Marine Bachelot Nguyen
Boat people de Marine Bachelot Nguyen

Photo Caroline Ablain

Tout ce que nous apprend Boat people, et ce qu’il déclenche de réflexions sur l’accueil des étrangers et le vécu des réfugiés, en l’occurrence venus d’ex-Indochine. Avec son dernier spectacle, simple, politique et poétique, Marine Bachelot Nguyen revient sur l’accueil des boat people dans la France de la fin des années 1970. Passionnant.

Après Nos corps empoisonnés, où elle racontait le combat de Tran To Nga, cette femme qui a combattu les firmes chimiques ayant, pendant la guerre du Vietnam, approvisionné l’armée américaine en agents toxiques à déverser sur les forêts et les populations, Marine Bachelot Nguyen poursuit son exploration du passé de l’ex-Indochine à travers une pièce dont le titre porte le sujet, Boat people. Qui a plus de soixante ans aujourd’hui se souvient certainement de cette vague de solidarité dans la France de la fin des années 1970 envers les populations fuyant le Laos, le Vietnam ou le Cambodge – autant de pays investis par des dictatures communistes. Ils mouraient nombreux, et la France organisa l’accueil de pas moins de 130 000 d’entre eux. Une générosité, qui, comme le souligne le spectacle, tranche nettement avec les politiques d’accueil actuelles. Quelle bascule s’est opérée en cinquante ans ! Spectacularisation de l’humanitaire, émissions télé pour organiser la solidarité, engagement personnel de célébrités – comme Jacques Chirac, alors Premier Ministre, qui recueille Anh Dao Traxel, âgée de 21 ans –, facilitation des titres de séjour, des titres de travail, des processus de naturalisation… En 1979, ces réfugiés, appelés « boat people », débarquent en métropole dans des conditions d’accueil que leur envierait n’importe quel Syrien ou Afghan d’aujourd’hui.

Ainsi, la famille émigrée imaginée par Marine Bachelot Nguyen est-elle reçue dans une maison à la campagne, près de Niort. Là, la mère, catho de gauche avec de bons airs de bourgeoise, le père – bienveillance, mais aussi désinvolture masculine de ces années-là – et leur enfant biafrais, adopté quelques années plus tôt, font une place dans leur foyer à ces nouveaux réfugiés, et c’est l’aventure de l’accueil de l’étranger qui commence. Marine Bachelot Nguyen en traverse le récit avec subtilité. Son regard parcourt à la fois les douleurs tues des nouveaux arrivants et les contours visibles et indistincts des motivations de la famille d’accueil. En même temps, il embrasse plus large en recontextualisant, avec pas mal d’images d’archives, les enjeux politiques et économiques de cette réception des boat people. Culpabilité post-coloniale, substitut à l’immigration de travail venue d’Afrique du Nord, accueil de populations anti-communistes, la droite se tient comme jamais les bras grand ouverts avec le reste du pays. Aron, l’intellectuel de droite, et Sartre, le coco, font la paix à l’Élysée autour de ce sujet. Naît un consensus national digne de celui qui s’est formé autour des réfugiés ukrainiens plus récemment. Moins issu, à l’époque, d’une proximité par la religion ou la couleur de peau que de la réputation de discrétion et d’ardeur au travail qui entoure ces populations d’ex-Indochine.

Naviguant ainsi entre le récit familial d’une première année d’accueil et des parenthèses plus analytiques sur cet épisode de l’Histoire, énoncées en adresse directe, Boat people construit une rétrospective passionnante sur notre passé récent en même temps qu’il donne une voix à ces réfugiés et à leurs descendants, qu’il ouvre une fenêtre sur leur vécu intime – et leur culture par l’intermédiaire de nombreux proverbes et expressions qui dirigent le récit. Avec des interprètes qui font dans la nuance et la subtilité et un récit qui se fait volontiers critique sans jamais être moqueur, Marine Bachelot Nguyen tisse un spectacle grand format, émouvant et politique, qui culmine dans une scène finale de toute beauté, filmant des figurines de photos de réfugiés en mer. Souvent projetée en fond vidéo, cette dernière constitue le trait d’union de toutes ces destinées qui s’échouent sur les rivages, la mer aujourd’hui d’une humanité qui se perd.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Boat people
Texte et mise en scène Marine Bachelot Nguyen
Avec Clément Bigot, Charline Grand, Arnold Mensah, Paul Nguyen, Dorothée Saysombat, Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné
Assistanat Linh Tham
Scénographie Kim Lan Nguyen Thi
Création vidéo Julie Pareau
Création lumière Alice Gill-Kahn
Création sonore Yohann Gabillard
Création costumes Laure Fonvieille

Production Lumière d’août
Coproduction Le Quartz – Scène nationale de Brest ; Mixt – Terrain d’arts en Loire-Atlantique, Nantes ; Théâtre du Nord – CDN Lille Tourcoing Hauts-de-France ; Théâtre de Choisy-le-Roi – Scène conventionnée d’intérêt national art et création pour la diversité linguistique ; Théâtre de Lorient – CDN ; Théâtre national de Strasbourg ; Scène nationale de l’Essonne ; La Passerelle – Scène nationale de Saint-Brieuc ; Théâtre National de Bretagne – CDN, Rennes
Autres partenaires Textes en l’air, Saint-Antoine l’Abbaye
Avec l’Aide à la production de la DGCA – ministère de la Culture
Avec le soutien du Dispositif d’Insertion de l’École du Nord, financé par le Ministère de la Culture et la Région Hauts-de-France

La compagnie Lumière d’août est conventionnée par le ministère de la Culture – DRAC Bretagne, et subventionnée par le Conseil Régional de Bretagne, le Département d’Ile-et-Vilaine et la Ville de Rennes.

Durée : 2h15

Théâtre du Nord – CDN Lille Tourcoing Hauts-de-France, L’Idéal, Tourcoing
du 7 au 10 octobre 2025

Théâtre de Choisy-le-Roi
le 5 novembre

Scène nationale de l’Essonne, Évry-Courcouronnes
le 7 novembre

La Paillette, Rennes, dans le cadre du Festival du TNB
du 12 au 14 novembre

Théâtre national de Strasbourg
du 18 au 28 novembre

Théâtre de Lorient, CDN
du 2 au 5 décembre

Mixt, Nantes
du 20 au 23 décembre

La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc
les 14 et 15 janvier 2026

MC93, Bobigny
du 18 au 22 mars

Le Quartz, Scène nationale de Brest
du 25 au 27 mars

9 octobre 2025/par Eric Demey
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Lenka Luptakova dans MADAM – Manuel d’Auto Défense À Méditer de Marine Bachelot N’Guyen
Caroline Ablain Akila, une Antigone de notre temps
Marion Conejero adapte La Vague de Todd Strasser au Festival d'Été 2024 de La Maison Maria Casarès « La Vague » écume à La Maison Maria Casarès 
Marie Ballet adapte Les ailes du désir d’après le film de Wim Wenders
SEIZEAUCENTRE : Pascal Rambert met en scène les élèves du Studio 7 de l’École du Nord
Décolonisons les Arts ! Le livre choc de la rentrée
Les Bonnes déconnent au Festival d’automne
Autour de Babel, le cabaret de Nicolas Alline et Dorothée Saysombat d’après Stefan Zweig
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

Search Search
© Sceneweb | Création site et Maintenance WordPress par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut Faire défiler vers le haut Faire défiler vers le haut