Lancé dans une danse percutante qui explose sur un beat électro rapide et dense, le quatuor mené par la chorégraphe Katerina Andreou offre un miroir au chaos du monde.
Mélancolie, tristesse et frustration peuplent les pièces de Katerina Andreou, tout autant que la culture de la fête et les revendications politiques. Avec le solo Mourn Baby Mourn (2022), la chorégraphe grecque combattait le spleen à coup de gestes détonants, sauts et coups de pied en l’air. Dans sa nouvelle création, Bless This Mess, elle partage la scène avec trois interprètes qui font jaillir une ambiance de rave grâce à un paysage sonore saturé et des mouvements dynamiques. Comme pour faire écho à la violence du monde.
« Jeter son corps dans la lutte », cette formule du cinéaste italien Pier Paolo Pasolini repris par le chorégraphe allemand Raimund Hoghe, pourrait résumer ce quatuor. Sur la scène, où se tiennent quatre estrades de hauteur différentes, Lily Brieu Nguyen, Baptiste Cazaux, Mélissa Guex et Katerina Andreou, assis, agitent furieusement la tête en avant au rythme de la musique électro. Les nappes sonores tonnent. Elles percutent les interprètes, qui contrent ces attaques par des coups de pied sautillés et des grands battements au rythme soutenu. Mais ces beats assourdissants semblent aussi les porter, ou peut-être les nourrir. Leurs gestes évoquent la techno hardcore et ses espaces : avant-bras qui battent la mesure, pas sautés façon shuffle ou jumpstyle. Les danses gabber et hardtek ne sont pas loin. D’autres clins d’oeil rappellent le dancefloor : un uniforme short et t-shirt noir ou des mots glissés à l’oreille, pour s’entendre malgré la musique.
Leur énergie se maintient au même niveau d’intensité, mais se transforme. Les sons se superposent les uns sur les autres, deviennent de plus en plus denses, poussant les interprètes, comme le public, à lâcher. Difficile de ne pas voir dans la danse de Katerina Andreou et de ses acolytes un reflet du monde, de ses crises, de ses accélérations, de sa cacophonie. Bless This Mess submerge d’émotions contradictoires, parfois mélangées, dissonantes et complexes : liesse, confusion, désespoir, mélancolie… Jouant sur l’empathie avec la salle, elle nous cueille dans un moment de respiration amplifiée par un micro, des basses, et la lumière rouge et verte qui clignote en rythme. Une tentative de reprendre son souffle ? L’énergie des corps, unis par le collectif, apparaît comme un moyen de résister. Contre le néo-libéralisme, le conservatisme ou le poids des normes ? Jonglant entre longues perruques blondes, beatboxing, cris lancinants et micro utilisé comme un lasso, cette communauté soudée de fêtards punks pourrait être un antidote à ce chaos.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Bless This Mess
Conception et création Katerina Andreou.
Performance Katerina Andreou, Lily Brieu Nguyen, Baptiste Cazaux, Mélissa Guex
Son Katerina Andreou, avec Cristian Sotomayor
Espace et lumières Yannick Fouassier
Regard extérieur Costas Kekis
Direction technique Thomas Roulleau Gallais
Assistance costumes Laura GarnierProduction BARK
Coproduction Centre chorégraphique national de Caen en Normandie dans le cadre du dispositif artiste associé – ministère de la Culture ; Athens Epidaurus Festival ; T2G Théâtre de Gennevilliers, Centre Dramatique National ; Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) ; Next Arts Festival (Courtrai) ; Pavillon ADC (Genève) ; Les Nouvelles Subsistances ; Maison de la danse de Lyon – Pôle Européen de Création ; Centre chorégraphique national de Grenoble dans le cadre de l‘accueil- studio – ministère de la Culture ; Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape ; ICI – Centre chorégraphique national Montpellier-Occitanie Pyrénées Méditerranée ; KLAP Maison pour la danse ; Festival d’Automne à Paris
Accueil en résidence L’Espace Pier Paolo Pasolini ; Kunstencentrum BUDA (Courtrai)
Avec le soutien de la Drac Auvergne- Rhône-Alpes – ministère de la Culture ; Caisse des DépôtsLa création de Bless This Mess a commencé au Watermill Center (New York) en avril 2023, avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels.
Le T2G Théâtre de Gennevilliers, Centre Dramatique National et le Festival d’Automne à Paris sont coproducteurs de ce spectacle et le présentent en coréalisation.
Durée : 55 minutes
T2G Théâtre de Gennevilliers – CDN, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
du 17 au 21 octobre 2024Kunstencentrum BUDA, Kortrijk (Belgique), dans le cadre du NEXT Festival
les 23 et 24 novembreL’Oiseau-Mouche, Roubaix, dans le cadre du NEXT Festival
le 26 novembreLes SUBS, Lyon
du 17 au 21 décembreThéâtre Sévelin, Lausanne (Suisse)
du 19 au 21 mars 2025
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !