Deuxième solo d’une trilogie orchestrée par Benjamin Kahn, Bless the Sound that Saved a Witch like fait sonner le cri de Sati Veyrunes. Il prend la forme d’un poème qui reflète les bouleversement du monde.
Regard étrange aux pupilles serties de lentilles de contact blanches, jogging bleu nuit, poses animales… On ne sait pas vraiment si Sati Veyrunes, qui ondule sur la scène, vient du futur, d’un passé mythique ou d’une réalité parallèle. Créé avec et pour cette danseuse, Bless the Sound that Saved a Witch like me (2023) du chorégraphe belge Benjamin Kahn est le deuxième volet d’un triptyque de portraits, qui débute par les métamorphoses costumées de Cherish Menzo Sorry, But I Feel Slightly Disidentified… et se conclut sur la balade méditative The Blue Hour (2023) de Théo Aucremanne. Ce solo fait jaillir un cri perçant, qui émeut et remue, qui se révèle en multiples métamorphoses.
“I wanna share au scream with you”, commence Sati Veyrunes, adossée au mur à cour. Quand elle s’avance et qu’elle pousse le premier cri. Il vient des tripes. C’est un cri contestataire. Mais aussi de détresse, de joie, de peur. Alors que sa voix sonne, l’espace se transforme. Il condense un amalgame de sensations bouillonnantes. Des sonorités qui picotent, qui grattent, qui bourdonnent, des larsens qui agacent, des rythmes techno qui agitent. Dans cette atmosphère dense, des paysages délirants se façonnent, à coups d’effets stroboscopiques, de nuages fumée, de lumière crue ou plus ténue.
“Are you ok ?” demande la performeuse. Le cri devient silence, soupir, respiration gutturale, poème. L’agitation s’empare aussi du corps de Sati Veyrune, d’abord elle tourne sur elle-même comme une poupée possédée, puis devient animale, sensuelle, étrange. Elle enchaîne des gestes saccadés, accélère sur la pointe des pieds, ondule le buste à quatre pattes, secoue la tête en headbang en diagonale, mime des oreilles de lapin avec ses mains. Son identité est mouvante, multiple. Serait-elle une sorcière métamorphe ? Une oracle venue d’une autre dimension délivrer un message ? Sati Veyrune apparaît comme le catalyseur des transformations du monde, de ses angoisses, de ses incohérence, de sa violence et de sa tendresse, de ce qui bouleverse les êtres. Elle est notre miroir. Dans son cri se loge la voix d’une génération, qui alerte et se révolte.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Bless the Sound that Saved a Witch likeConception, chorégraphie : Benjamin Kahn
Interprétation : Sati Veyrunes
Création musicale : Lucia Ross
Création lumière et régie générale : Neils Doucet
Conduite son : Louis Daurat
Assistant dramaturgie : Théo Aucremanne
Regard extérieur : Cherish Menzo
Regard création costume : Carolin Herzberg
Textes : Benjamin Kahn inspiré directement par Pier Paolo Pasolini, Death Grips, Darek
Jerman, MAVI.
Production déléguée : Les Halles de Schaerbeek
Administration, production : Léonard Degoulet
Diffusion, développement : Sandrine Barrasso
Coproduction : Klap Maison pour la danse, Charleroi Danse, Les Halles de Schaerbeek, Actoral Marseille
Accueil en résidence : Festival de Marseille, Centre National de la danse Pantin, Klap
Maison pour la danse, Kaiitheater , BUDA Kunstencentrum, Theater RotterdamDurée : 40 minutes
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