« La Mélancolie des dragons » avait tellement enchanté le Festival 2008, que tout le monde attendait la nouvelle mise en scène de Philippe Quesne. Le créateur du Vivarium Studio s’est emparé de la thématique du « Big Bang » pour sa nouvelle pièce. Et c’est avec plaisir que l’on retrouve sur scène Isabelle Angotti qui nous avait fait tellement rire dans « La Mélancolie ». Mais le plaisir tourne très vite au vinaigre. Philippe Quesne a conçu son spectacle comme une succession de tableaux. « De courtes pièces, souvent musicales, qui servent à l’étude quasi-anatomique d’un microscope humain implanté dans une géographie inattendue ». Du sans queue, ni tête. Du vide sidéral, totalement inabouti, et qui ne veut absolument rien dire. Il n’y a pas d’humour, les images sont tristes. Philippe Quesne ne facilite pas le sort de ces comédiens.
La pièce débute par une réunion des comédiens autour d’Isabelle. Ils chuchotent, puis disparaissent, et se transforment en bêtes rampantes en fourrure. Une bâche en plastique est enlevée et laisse apparaitre l’AX de « La mélancolie » sur le toit. Des hommes de Cro-Magnon chevelus font du feu en sifflotant sur le générique de Bonanza. Puis arrivent des bateaux pneumatiques. Les comédiens partent en fond de scène et pataugent dans l’eau. « On ne sait pas si c’est profond ou pas, tu crois qu’il y a des bêtes », lance Isabelle. Ils endossent des combinaisons et des casques de cosmonaute. Un écran de fumée vient cacher le tout. Il est décidemment écrit cette année qu’au gymnase Aubanel le spectateur ne voit que de la fumée (après le spectacle de Gisèle Vienne). Une sculpture de bateaux gonflables est ériger, enfin une bête verte se jette dans la mare.
Voilà comment Philippe Quesne nous explique sa vision de la théorie de l’évolution. « Co-existent ici les hommes et les animaux, le silence et les langages, le rien et le tout : le flottement du vivant, du plancton post-moderne. » Du rien. C’est écrit dans le dossier du spectacle. C’est vrai, il n’y a pas tromperie sur la marchandise. C’est un spectacle pour rien, sauf que le public paye !
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Après des études d’arts plastiques et dix ans comme scénographe pour le théâtre, l’opéra et des expositions d’art contemporain, Philippe Quesne fonde en 2003 le Vivarium Studio, afin de concevoir ses propres créations et « interroger le théâtre comme un art d’assemblage, un art hétérogène ». Composé d’acteurs, de musiciens et de plasticiens, le groupe se constitue autour d’un premier spectacle, La Démangeaison des ailes, sur le désir d’envol et la chute. Suivront des pièces sur l’hébétude face aux risques du futur (la série Des expériences), sur l’incapacité à remédier aux menaces environnementales (D’après Nature) et sur la liberté poétique de l’homme à devenir artiste et à inventer (L’Effet de Serge, La Mélancolie des dragons). À chaque fois, l’imagination fertile de Philippe Quesne part des rituels communs de la vie contemporaine pour les transformer sur scène en petites cérémonies, à la fois dérisoires et ludiques, pleines de drôlerie et d’amertume. Chez lui, le plateau est un atelier, un laboratoire, un « espace vivarium » : s’y déroulent des situations extrêmes de l’ordinaire et s’y mènent des expériences infimes, propres à la mélancolie urbaine. Tout s’y fomente selon une comédie absurde et musicale, développée en milieu tempéré. On a déjà pu voir Philippe Quesne et le Vivarium Studio au Festival d’Avignon en 2004 avec Des expériences, dans le cadre de la Vingt-cinquième heure, puis en 2008, avec L’Effet de Serge et La Mélancolie des dragons.
Plus d’informations : www.vivariumstudio.net
BIG BANG
conception, mise en scène et scénographie Philippe Quesne
collaborations artistiques et techniques Yann Clédat, Cyril Gomez-Mathieu, Corine Petitpierre
avec Isabelle Angotti, Rodolphe Auté, Jung-Ae Kim, Émilien Tessier, César Vayssié, Gaëtan Vourc’h
production Vivarium Studio
coproduction Festival d’Avignon, La Ménagerie de Verre-Paris, Hebbel am Ufer (Berlin), Kunstencentrum Vooruit (Gand), Internationales Sommerfestival (Hambourg), Les Spectacles vivants-Centre Pompidou-Paris, Théâtre de l’Agora Scène nationale d’Évry et de l’Essonne, NXTSTP (avec le soutien du Programme Culture de l’Union européenne) : Festival Baltoscandal (Rakvere), Rotterdamse Schouwburg (Rotterdam) avec le soutien de la Région Île-de-France et du CENTQUATRE Établissement artistique de la Ville de Paris
durée 1h
GYMNASE AUBANEL
19 20 21 23 24 25 26 À 18H
Du 3 au 7 novembre 2010 – Paris – Beaubourg
Les 9 et 10 décembre 2010 – Montpellier – Théâtre de l’Université Paul Valéry
Les 6 et 7 janvier 2010 – Strasbourg – Le Maillon
Les 10 et 11 février 2010 – Reims – La Comédie
Les 5 et 6 mai 2010 – Evry – Théâtre de l’Agore
du 17 au 19 mai – Nantes- Le Lieu Unique
Les 25 et 26 mai – Poitiers – TAP
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