Aussi précoce que prolixe, le jeune artiste flamand crée des spectacles hybrides à la croisée des arts et des temps. Dans Madrigals d’après Monteverdi (présenté à La Villette dans la cadre du festival 100%), il propose un retour d’une beauté fascinante aux origines du monde et à l’esprit de communauté.
Né en 1995, passé par l’École d’art Ottogracht de Gand et diplômé de l’Académie de théâtre de Maastricht, Benjamin Abel Meirhaeghe est un artiste aussi singulier que complet. Contre-ténor autodidacte, performeur et metteur en scène à l’inspiration débridée, il n’est pas encore trentenaire qu’il se fait déjà le signataire de plusieurs spectacles grand format dans lesquels s’affirme, non sans une certaine jouissance candide, un univers très personnel où foisonnent tous les genres et langages artistiques qu’il affectionne : la peinture, la poésie, le théâtre, la musique, l’opéra et la danse s’y rencontrent et dialoguent.
Produire des objets scéniques neufs et inclassables à partir de formes anciennes, c’est ce qu’il cherche à faire en renonçant à tout ce qui assigne ou réduit le geste créateur. Fuyant l’académisme, lui préférant une esthétique parfois franchement exubérante, proche du carnaval ou de la science-fiction, il se méfie de la pure technicité et préfère laisser s’exprimer sa subjectivité et un irrépressible désir d’organicité.
Présentée au Toneelhuis d’Anvers en octobre 2022 , Madrigals, s’inspire du huitième et dernier livre des Madrigaux de Claudio Monteverdi, intitulé Chants d’amour et de guerre, une partition aussi sensuelle que plaintive revisitée, mais jamais dénaturée, par le musicien électro-pop expérimental Jesse Kanda, connu pour sa collaboration artistique avec Björk entre autres.
La pièce dont l’esthétique paraît d’inspiration New Age s’offre comme une célébration de l’union et de la libération des corps. Huit interprètes (six danseurs et deux chanteurs) évoluent dans une nudité physique primale. Renvoyés à l’état de nature, ils s’apprivoisent et vivent ensemble au cours d’un harmonieux rituel originel. A travers une danse, voire une transe, émaillée de gestes aussi élémentaires que fondamentaux (marche, saut, course, étreintes…), de franches accolades et d’assauts tranquilles bien que sauvages, ils font communauté.
Madrigals s’ouvre sur une sorte de chaos sonore qui s’apparente à un Big Bang. Derrière un rideau de scène étroitement fissuré se laisse apercevoir un monde vierge et obscur, troué d’éclairs et de fumigènes. D’un grondement sourd et vrombissant s’extrait tout en finesse la musique de Monteverdi d’abord chantée autour d’un feu de camp puis dans l’enceinte magique et matricielle d’une grotte de Platon qui apparaît grâce aux moyens les plus ancestraux du théâtre : des toiles peintes qui descendent des cintres.
Ainsi, le spectacle s’offre comme une machine à remonter le temps jusqu’à atteindre le « point zéro » de l’humanité. Benjamin Abel Meirhaeghe invite les spectateurs à une expérience émotionnelle et sensorielle où se questionne le commencement d’une civilisation et s’exalte un onirisme primitif qui enchante.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
Madrigals
Conception et mise en scène : Benjamin Abel Meirhaeghe
Avec : Hanako Hayakawa, Alice Giuliani, Els Mondelaers, Lucie Plasschaert, Khaled Barghouthi, Clément Corrillon, Victor Dumont, Antonio Fajardo et les musiciens Madoka Nakamaru, Wouter Deltour, Pieter Theuns, Rebecca Huber ou David Wish
Musique : Doon Kanda (aka Jesse Kanda) & Claudio Monteverdi
Direction musicale, co-compositeur : Wouter Deltour
Dramaturgie/recherche : Louise van den Eede
Scénographie et lumière : Zaza Dupont, Bart van Merode
Co-curateur œuvres d’art : Koi Persyn
Chorégraphie : Sophia Rodriguez en collaboration avec les interprètes
Encadrement musical : Pieter Theuns
Encadrement vocal : Rosanne Groenendijk
Coaching : shibari Marc Beshibari
Artistes visuels : Sanam Khatibi, Justin Fitzpatrick, Thomas Renwart, Anthony Ngoya, Gilles Dusong, Christiane Blattmann, Daan Couzijn, Che Go Eun, Tom Hallet, Nokukhanya Langa, Tristan Bründler
Vidéo : Filip Anthonissen
Costumes : Kasia Mielczarek
Direction de production : Sebastiaan Peeters, Laura Arens
Régie générale : Arthur de Vuyst
Régie lumière : Danielle van Riel
Régie son : Karel Marynissen, Bart Celis
Régie vidéo & surtitres : Pieter-Jan Buelens
Régie technique : Pat Caers, Janneke Donkersloot, Kevin Deckers, Lars Morren
Assistance technique : Peter Quasters, Anne Van Es
Assistance de production : Pablo González
Assistance à la mise en scène : Ika Schwander
Production : Muziektheater Transparant d e t h e a t e r m a k e r
Coproduction : DE SINGELProductiehuis Theater RotterdamConcertgebouw BruggeB’Rock OrchestraC-TAKT (Pelt)Perpodium
Distribution : ART HAPPENS
En collaboration avec : O. Festival Rotterdam – Opera. Music. Theatre / Opera Ballet Vlaanderen / Troubleyn/Laboratorium / Matterhorn VZW
Soutiens : Tax Shelter maatregel van de Belgische Federale Overheid / de Vlaamse overheid / Inspiratum
Remerciements : Showtex / Kopspel / Divi-divi / Caves of Dinantdurée : 2h
14 et 15 avril 2023
Grande Halle de la Villete dans le cadre du festival 100%11 et 12 mai 2023
Le Maillon à Strasbourg
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