Bartabas et Zingaro sont de retour avec « On achève bien les Anges » spectacle créé en juin 2015 à Lyon, qui a tourné en France et qui reprend dans son théâtre équestre d’Aubervilliers jusqu’au 31 décembre 2016. Cet été l’épisode judiciaire avec Tom Waits a failli compromettre la reprise du spectacle. La justice a donné raison à Bartabas, même si le chanteur américain ne semble pas vouloir s’arrêter dans son bras de fer avec le cavalier. Mais Bartabas est debout au milieu de ses chevaux et aussi des dessins et des peintures d’Emmanuel Michel exposés à Aubervilliers dans le bar du théâtre. Son livre « Voyage au pays de Zingaro » vient de sortir aux Éditions Jarkhot.Retour sur la genèse de ce spectacle avec Bartabas, c’était en juin 2015, dans sa roulotte à l’issue de la première aux Nuits de Fourvière à Lyon.
Ce sont qui ces anges ?
Je suis parti du principe que même les athées ont des anges qui veillent sur eux; moi ce sont les chevaux. Cela me permettait de m’ouvrir sur un autre monde. Je pars du principe que mes spectacles sont ouverts pour que tout le monde puisse y rentrer. C’est ma définition du théâtre populaire. Les portes d’entrée d’un spectacle de Zingaro sont multiples. On peut y entrer par la porte musicale, par la porte équestre, par la porte théâtrale ou par la porte chorégraphique.
On peut y voir aussi une lecture politique, quand vous déambulez tel un aveugle qui frappe tous les signes religieux dans un cimetière.
Oui cela aurait pu être un dessin de Charlie Hebdo ! Le thème du spectacle est porteur d’une certaine satire. Mais à chacun d’y voir ce qu’il y veut.
Vous interprétez sur scène des personnages à la « Tom Waits » écorchés par la vie.
C’était un pari osé de descendre dans l’arène avec Tom Waits. On ne m’attendait pas là. Et je suis certain que des gens se sont penchés sur sa poésie, qu’ils ont écouté ses chansons. Il m’accompagne depuis des années. Il faut être un peu cabossé par la vie pour danser sur ses chansons. Il y a du désenchantement et une grande douceur. Un côté âpre et une rugosité. Et de la nostalgie. Ce sont des thèmes propres à Zingaro.
Fellini n’est pas loin non plus dans la dramaturgie.
Fellini m’accompagne depuis longtemps. Quand j’étais jeune j’allais au cinéma voir le dernier Fellini sans savoir de quoi il s’agissait. J’ai voulu Zingaro comme cela. Un rendez-vous où les gens nous font confiance et se disent « on va voir le dernier Zingaro ». Mais le spectateur doit être surpris à chaque fois, c’est pour cela que je change le rapport au cercle et à la scène. Ici il se retrouve au dessus d’un cratère, c’est ma fosse aux anges. Cela permet de regarder les chevaux différemment. Et cette confiance, Fellini avait réussi à le construire avec les années. J’ai relu des échanges entre Fellini et Simenon vers la fin de sa vie, où il se rendait compte que son mode de création n’était plus adapté au cinéma de l’époque et qu’il allait disparaître avec la mainmise de la télévision. J’ai aussi un peu se sentiment là, de me lancer à chaque fois comme un coup de poker dans une nouvelle aventure.
Avez-vous changé au fil des années ?
Oui il y a vingt ans je crachais à la gueule de gens, c’était ce qu’il fallait faire pour faire bouger les choses. Aujourd’hui la vraie pertinence c’est d’amener les gens à la poésie, à la douceur et à la sensibilité de l’âme humaine.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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