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Guillaume Clayssen et Aurélia Arto donnent corps aux hétéronymes de Pessoa

A voir, Les critiques, Théâtre

photo Emmanuel Viverge

Présenté dans la petite salle à l’étage du Théâtre des Quartiers d’Ivry, ce spectacle intimiste bâti sur la poésie et la personnalité diffractée du poète portugais Pessoa n’en est pas moins une manière de tour de force, un coup d’éclat philosophique et poétique, doublé d’une performance de comédienne hallucinante.

“Et me voici soudain roi d’un pays quelconque”, le titre d’emblée embarque dans la fiction et l’incertitude. Objet théâtral hautement singulier, ce spectacle-ovni est une plongée fracassante, à la fois hilarante et troublante, dans l’univers mental intranquille du poète portugais Fernando Pessoa, connu pour les hétéronymes, inventions de l’esprit et d’une psyché perturbée, qu’il s’était fabriqués. Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Alvaro de Campos ou Bernardo Soares, ces auteurs fictifs qui ont pris la plume à travers Pessoa, la comédienne Aurélia Arto les habite de son corps agile et ondoyant. Volubile, elle nous entraîne dans un mouvement labyrinthique où il fait bon se perdre parfois pour mieux éprouver dans notre esprit de spectateur cartésien toute la déflagration philosophique de ces écrits, leur puissance comique aussi, la profondeur existentielle qui s’y joue, leur vertige métaphysique. Pessoa questionne sans détours ni faux semblants l’existence des choses et des gens ainsi que la sienne propre. Bien que démultiplié dans un réseau de signatures autres, les écrits de Pessoa s’incarnent en profondeur dans un “je” vivifiant qui pense l’identité et la réalité en regard de ce qui se trame en son fort intérieur.

Faire théâtre de cet abyssal corpus de réflexions intimes et éclatées était une gageure bien ambitieuse mais le duo Aurélia Arto (au plateau) et Guillaume Clayssen (à la mise en scène) a su transformer son attachement au poète en optant pour une incarnation fantasque, une interprétation funambule, passant d’un registre à l’autre sans crier gare et une partition physique intense. Le plateau devient zone de turbulence identitaire, mise en abyme d’un réseau de doubles hétérogènes, le lieu d’un rituel païen qui vient réveiller les fantômes du poète ici et maintenant, une déclaration d’amour féroce et flamboyante à cet auteur hors norme.

Aurélia Arto est totalement magnétique, reine de ce plateau blanc ponctué de structures verticales qui viennent architecturer l’espace au fur et à mesure de la représentation, l’ouvrir ou le rétrécir c’est selon. Elle libère sa palette de jeu que l’on sait souple et large, caméléon qui se transforme et joue de ses apparences plurielles pour mieux faire miroiter et dialoguer la myriade d’hétéronymes fictionnels et éclater la puissance poétique “pessoesque”. Tantôt clownesque, tantôt grave, démentiellement belle, en robe noire graphique et féérique, combinaison moulante ou manteau d’homme avec lunettes, moustaches et chapeau melon (magnifiques et ingénieux costumes de Séverine Thiébault), elle développe une présence à la fois ancrée et insaisissable, comme pour mieux nous happer et nous semer dans le même mouvement. Elle est époustouflante de bout en bout, passerelle vers un monde mental où l’imaginaire et le réel s’entrechoquent sans cesse, intermédiaire de chair vers cette voix qui nous parle encore aujourd’hui à bout portant, nous ranime et nous revigore de son insensée pertinence.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Et me voici soudain roi d’un pays quelconque
Conception et montage de textes Aurélia Arto et Guillaume Clayssen
Mise en scène Guillaume Clayssen
Jeu Aurélia Arto

Créateur son : Cédric Colin

Costumes : Séverine Thiébault

Scénographie : Delphine Brouard

Création lumière : Julien Crépin

Assistanat mise en scène : Claire Marx
Production /Diffusion : En Votre Compagnie (Olivier Talpaert)

Coproduction :

Saison Voltaire à Ferney-Voltaire,

Relais Culturel de Haguenau,

Théâtre de Suresnes Jean Vilar,

Théâtre Montansier – Versailles

Avec le soutien de Lilas en Scène, du Théâtre des Quartiers d’Ivry – Centre Dramatique National du Val-de-Marne,
du Théâtre de la Bastille, du LOKal du Théâtre de l’Echangeur et de la DRAC Grand Est et de la Région Grand Est

Remerciements : Lilas en Scène, du Théâtre des Quartiers d’Ivry – Centre Dramatique National du Val-de-Marne, du Théâtre de la Bastille, du LOKal et du Théâtre de l’Echangeur.

Durée : 1h10

Off 2022
Le 11 Avignon
du 7 au 29 juillet 2022 – Relâches : 12, 19, 26 juillet
à 20h40

14 octobre 2021/par Marie Plantin
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