Fabrice Lambert esthétise à l’excès la sauvagerie supposée de sa nouvelle pièce pulsionnelle et pulsatile montrée au Centre Pompidou dans le cadre du festival Faits d’Hiver et de la programmation hors les murs du Théâtre de la Ville.
Contempler l’agitation spasmique de corps exultants, électrisés par le déferlement sonore d’une batterie (Benjamin Colin) en direct mêlée à des vibrations électro (Marek Havlicek) et irisés d une lumière solaire, cela semble déjà pas mal vu. Fabrice Lambert dit vouloir partir en quête de mouvements qui seraient encore inconnus, inédits. Sa danse paraît pourtant un peu convenue ou trop rebattue. Elle déborde certes de beauté et d’énergie, ses danseurs sont admirables de présence et de technique, mais elle ne prend pas aux tripes.
La musique tonne et soutient solidement une déferlante de mouvements circulaires incongrus, syncopés, ondulants, d’une vitalité instinctive étourdissante. Sans nécessairement chercher le contact, sept interprètes marchent, courent, sautent pour eux-mêmes, chacun jouant sa partition individuelle et suivant son propre parcours. Leurs circonvolutions prennent de l’ampleur. Ensemble, ils donnent à voir un monde grouillant, agité, secoué.
Ils gravitent autour d’un espace abstrait, une construction cylindrique imposante mais dépourvue de lourdeur car constituée de fin voiles de gaz transparents et flottants suspendus à une spirale de fer. Conçue par le scénographe et plasticien Shahalladyn Khatir, cette sorte de grotte platonicienne ou de temple sacré est traversée de la splendide lumière de Philippe Gladieux, d’une irradiance attirante bien qu’intermittente. Elle est aussi une surface de projections d’ombres et d’images vidéo où le corps humain nu et diffracté révèle vraiment toute son étrange animalité.
Puissante en décibels, moins en originalité, la pièce s’avère être finalement d’une turbulence modérée. La force de frappe du chorégraphe, qui nous a ébloui par le passé, n’est ici pas des plus percutantes. Peut-être n’en a-t-on jamais assez…
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
AUJOURD’HUI, SAUVAGE
Chorégraphie Fabrice Lambert // Assistante à la chorégraphie Hanna Hedman // Interprétation Aina Alegre, Jérôme Andrieu, Matthieu Burner, Benjamin Colin, Vincent Delétang, Corinne Garcia, Hanna Hedman et Yannick Hugron // Scénographie et costumes Sallahdyn Khatir // Lumières Philippe Gladieux // Musique Marek Havlicek et Benjamin Colin // Régie générale Christian Le Moulinier, Didier Alexandre ou Florent FouquetProduction L’Expérience Harmaat / Coproduction La Comédie de Clermont-Ferrand, scène nationale, Théâtre de la Ville – Paris, La Briqueterie CDCN du Val-de-Marne, La Biennale de la danse de Lyon, Maison de la Musique de Nanterre, VIADANSE-CCN BFC à Belfort, Théâtre Paul Eluard (TPE), scène conventionnée – Bezons, CCN de Créteil et du Val-de-Marne, Théâtre des 2 Rives – Charenton-le-Pont
Avec le soutien du Conseil Régional d’ïle-de France, du Conseil Départemental du Val-de-Marne, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, scène nationale, ADAMI, SPEDIDAM, Théâtre Molière-Sète, scène nationale archipel de Thau, fonds SACD Musique de Scène.
Durée : 1h
12 et 13 septembre 2018 : La Coloc’ de la Culture, Cournon d’Auvergne avec la Comédie de Clermont-Ferrand et la Biennale de la danse de Lyon
19 septembre 2018 : Le Toboggan, Décines avec la Biennale de la danse de Lyon
17 décembre 2018 : Théâtre Paul Eluard (TPE), scène conventionnée, Bezons
19 janvier 2019 : Maison de la Musique de Nanterre
6, 7, 8, 9 février 2019 : Centre Pompidou, Paris avec le Théâtre de la Ville Hors-les-Murs et le festival Faits d’Hiver
15 février 2019 : Théâtre Molière-Sète, scène nationale archipel de Thau
7 mars 2019 : CCM, Limoges
29 mars 2019 : Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines
13 avril 2019 : Théâtre des 2 Rives de Charenton-le-Pont avec la Biennale du Val-de-Marne
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