Retour de Roméo Castellucci en France avec une adaptation de Jeanne au bucher, l’oratorio dramatique d’Arthur Honegger et de Paul Claudel, créé à l’Opéra de Lyon. Audrey Bonnet est incroyable, seule sur scène pendant toute la durée de ce spectacle qui fera date dans sa carrière.
L’œuvre a été créée une première fois avant en 1938, la version qui est donnée à Lyon est celle de 1945 avec la réécriture du prologue par Paul Claudel après la Libération. « Est-ce que la France va être déchirée en deux pour toujours ? » dit le récitant. Dans cette France de l’après-guerre, la figure de Jeanne d’Arc apparaît comme celle d’une résistante face à l’oppresseur.
Roméo Castellucci a fait le choix de ne pas montrer sur scène les chanteurs, le chœur et la maitrise de l’Opéra de Lyon. Ils chantent dans d’autres salles et sont sonorisés. Le metteur en scène italien laisse Jeanne, et donc sa comédienne, seule sur scène envoutée par toutes ces voix venues d’ailleurs.
Jeanne apparaît d’abord sous les traits d’un employé moustachu dans une salle de classe abandonnée par ses écolières. Avec une force incroyable, Audrey Bonnet pousse les tables et les chaises hors du plateau. Cet acte physique impressionnant se déroule pendant les premières scènes lors d’un dialogue avec Frère Dominique interprété par Denis Podalydès qui se tient derrière les murs à jardin.
Puis Audrey Bonnet se transforme pour devenir la Jeanne que l’on condamne au bûcher. Elle arrache le lino et le carrelage. Elle creuse sa propre tombe à mains nues. Elle va chercher la terre et se macule le corps de cendres. Elle finit par se coucher sur les braises odorantes pour disparaître dans le sol. La scénographie de Roméo Castellucci est grandiose et éclairante car il prend de la distance avec ce personnage historique qui souffre de tant de récupérations politiques. On ne voit sur scène qu’une femme nue, honteusement condamnée.
La partition éclectique d’Arthur Honegger parfois joyeuse avec des accents à la Kurt Weil s’achève dans un romantisme flamboyant, sous la direction énergique du chef Kazushi Ono. La langue simple et directe de Paul Claudel est magnifiée par une Audrey Bonnet totalement déchirante.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Jeanne d’Arc au bûcher
Oratorio dramatique en 11 scènes avec prologue, 1938
Livret de Paul Claudel
En français
Direction musicale Kazushi Ono
Mise en scène, décors, costumes et lumières Romeo Castellucci
Dramaturgie Piersandra Di Matteo
Collaboratrice artistique Silvia Costa
Jeanne d’Arc Audrey Bonnet
Frère Dominique Denis Podalydès
La Vierge Ilse Eerens
Marguerite Valentine Lemercier
Catherine Marie Karall
Ténor solo (une voix, Porcus, 1er Héraut, Le Clerc) Jean-Noël Briend
Récitant Didier Laval
Récitant Louka Petit-Taborelli
Orchestre, Chœurs et Maîtrise de l’Opéra de Lyon
Nouvelle production
En coproduction avec l’Opéra de Perm et la Monnaie / De Munt
Durée: 1h20Opéra de Lyon
Du 21 janvier au 3 février 2017
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