Au 32e Festival Le Temps d’aimer la danse à Biarritz se tenait un focus qui a fait se rencontrer les quadrilles basques et créoles. Un dialogue fructueux entre des héritages lointains d’un point de vue géographique, mais proches d’un point de vue politique.
Le quadrille, c’est une danse par pair, aux allures géométriques, née au XIXe siècle, héritière de la contredanse. Un lien entre le Pays Basque et les Caraïbes, deux territoires séparés par l’Atlantique, qui se ressemblent à plusieurs égards. À Biarritz, le festival Le Temps d’aimer la danse – dirigé par Thierry Malandain – consacrait pour la première fois un focus à ces danses emblématiques. Pendant cinq jours, chorégraphes, danseurs, musiciens, chercheurs, pédagogues, ainsi que d’autres acteurs de la danse dans ces deux territoires, ont échangé, débattu et dansé autour de ces traditions.
Corps politiques
« Les danses créoles et basques, ainsi que les langues qui leur sont associées ont été, pour des raisons historiques différentes, interdites à un moment de leur histoire. Les pratiques culturelles de ces deux territoires ont en commun d’avoir dû surmonter les systèmes d’oppression et de domination, » rappelle Florabelle Spielmann, anthropologue et ethnomusicologue, qui rapportait une rencontre sur les danses et les artistes dans ces territoires. Car la politique habite les corps. C’est ce qui sous-tendait ces journées autour des danses traditionnelles. Elles ont permis de mettre en exergue les enjeux de conservation, de valorisation, de transmission et d’appropriation de ce « patrimoine culturel immatériel », comme définit par l’UNESCO.
La transmission comme résistance ?
Se posait alors les questions suivantes. De quelles manières continuent d’exister ces danses ? Comment continuer à les faire vivre ? Pour le chorégraphe Léo Lérus, qui dans la pièce Entropie active les traditions gwoka et léwoz de Guadeloupe, elles existent à travers un corpus de gestes intériorisés, un répertoire qui habite le corps. Pour Isabelle Calabre et les chercheurs qui ont communiqué leurs travaux sur le quadrille (Claude Iruretagoyena, Inès Feste, Marc Clérivet et Morgane Le Guyader), cette conservation passe aussi par la documentation de leur histoire et son analyse. Une chose est sûre, elles se sont affirmées comme bien vivantes. Des rondes de la version basque présentées par Ion Iruretagoyen aux rythmes chaloupés de la guadeloupéenne Chantal Loïal, ce forum a permis de faire dialoguer les cultures, autant par les corps que par les gestes.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Du dimanche 11 septembre au mercredi 14 septembre à l’occasion du festival Le temps d’aimer la danse à Biarritz.
Coordination générale : Marie –Christine Riviere
Séminaire d’études sur les quadrilles : Isabelle Calabre
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